Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées au niveau technologique ?
Pour nous, il y a un enjeu énorme de data, c’est le cœur du sujet : pour vous présenter des gens intéressants, cela suppose que l’on apprenne à vous connaître. Vous nous renseignez via LinkedIn ou via votre mail. Nous vous demandons de suivre votre géolocalisation et surtout, nous vous demandons des hashtags correspondant à vos centres d’intérêts professionnels et à vos passions. Ces hashtags sont affichés dans votre profil. Ensuite, un algorithme les extrapole pour comprendre les univers qui vous intéressent vraiment, faire des liens entre chacun d’entre eux puis vous présentez des gens susceptibles de t’inspirer.
Pour faire face à ce défi technologique, nous avons une équipe de pointe. Notre directeur technique occupait auparavant ce poste chez Attractive World ; il a donc l’habitude des algorithmes de matching. Nous avons recruté une équipe de data scientists, notamment un docteur en data science ; enfin, nous nous sommes associés avec un mathématicien qui était directeur de la recherche à l’école Centrale Paris et qui, à EDF, s’occupait de tous les sujets de sûreté nucléaire. Il nous accompagne pour mettre en place les modèles les plus pertinents.
Où sont conservées ces datas ?
Les datas ne sont pas conservées en interne : nous avons des serveurs externes, nous passons par un prestataire d’hébergement réputé qui les conservent.
Quelle est la taille de votre start-up aujourd’hui ?
Nous sommes une quinzaine : une partie de l’équipe est en France et s’occupe du produit, des datas et de la technologie. Une autre partie est à New York pour le marketing, la marque et les relations publiques.
Pourquoi les Etats-Unis ?
Tout simplement parce que les Américains sont plus avancés que nous en matière de culture de networking. Ils savent déjà qu’aller une heure par semaine prendre un café avec quelqu’un de nouveau peut être une source d’épanouissement personnel et professionnel et peut ouvrir des opportunités. En parallèle, nous avons observé les réseaux sociaux professionnels : LinkedIn est américain, valorisé 26 milliards de dollars et compte des centaines de millions d’utilisateurs. Viadeo est Français et n’a pas réussi à s’imposer. Pour nous, il fallait donc vraiment commencer aux Etats-Unis pour se développer ensuite dans le reste du monde. Globalement, 60% de nos utilisateurs sont aux US. Ensuite, 20 à 25% sont Français. Le 3e marché est anglais. En tout, nous avons 200 000 utilisateurs depuis 1 an, et cela grossit très très vite : environ 100% de croissance mensuelle sur les 6 derniers mois !
Quels sont vos objectifs ?
La priorité, c’est le marché américain. Nous venons de lancer une grosse campagne de pub, qui a coûté plus de 200 000$, et qui durera un mois dans le métro new-yorkais. Entre nous, il n’y a pas eu de débat : entre le métro de New York, celui de Paris et celui de Londres, c’était à NY qu’il fallait être. C’est la ville du mouvement perpétuel, les gens arrivent et repartent, doivent sans cesse recréer un réseau professionnel et amical. C’est aussi une ville qui compte énormément de freelances, toujours en recherche de connections. Il y a aussi tous les entrepreneurs, qui ont besoin d’investisseurs et de collaborateurs, et enfin, les voyageurs d’affaires. Bref, la ville-centrale du networking, pour nous, c’est New York et nous aimerions y être un leader incontournable. Nous sommes aussi de plus en plus présents à Los Angeles, Washington et Chicago grâce au bouche-à-oreille.
Où en est votre financement ?
Depuis le début, nous avons levé quasiment 7 millions de dollars ; la dernière levée de fonds a réussi un peu moins de 4 millions de dollars. Les actionnaires sont des personnes physiques : un ancien dirigeant de Colony Capital, Jean-Romain Lhomme, le fondateur de Allo Resto, celui du service de conciergerie John Paul, ou encore Romain Afflelou… Ces gens croient à notre vision, au fait que le networking est un outil-clé dans la vie.
Comment pensez-vous générer du chiffre d’affaires ?
Pour l’instant, nous ne gagnons pas d’argent, mais nous aurons deux grandes sources de revenus : tout d’abord, nous voudrions que Shapr devienne un outil irremplaçable du networking pour des millions et des millions d’utilisateurs. Une fois que nous serons satisfaits de la qualité de notre outil, nous lancerons un abonnement premium avec des fonctionnalités spécifiques (on pourra booster sa visibilité auprès de certaines cibles spécifiques, par exemple : je suis un start-upper dans la fintech, je vais être mis en relation avec des investisseurs qui s’intéressent à ce domaine…). Ensuite, plus nous avançons, et plus nous nous apercevons que nous devons aller au-delà du networking. Les gens ont besoin d’être inspirés au sens large : 50% des jobs vont disparaître en 20 ans, il va falloir se réinventer, se former, développer de nouvelles compétences… Les Millenials se révèlent de moins en moins attachés à l’entreprise, la hiérarchie leur pèse, ils veulent bouger, travailler à distance, sont freelance, lancent leur boite. Ils ont besoin de trouver un sens à leur vie professionnelle. Pour tous ceux-là, nous pensons que Shapr doit devenir une plateforme liée à l’épanouissement professionnel, et nous leur proposerons demain du contenu, des formations, des coachs, des événements sur lesquels nous prendrons une commission.
En revanche, nous ne monétiserons pas grâce à la commercialisation de nos datas.
Dans un monde idéal, quelle est votre vision de Shapr dans les 5 prochaines années ?
En 2018, on commencera à monétiser notre application. Et d’ici 2021, Shapr sera une société en hyper croissance, qui accélèrera dans toutes les capitales européennes et aura atteint la maturité aux Etats-Unis. Nous aurons développé des services complémentaires au-delà du networking pour permettre à tous de se révéler, de trouver sa voie. Notre ambition, c’est d’être le leader mondial dans la recherche d’épanouissement professionnel. La vie est trop courte, c’est trop bête de se retourner à 60 ans et de se dire : « je n’ai pas eu la vie que je voulais avoir ». C’est ce que dit une étude qui a été publiée dans le Guardian : quand les gens décèdent, c’est le regret qu’ils expriment le plus. Je trouve ça terrifiant. Si grâce à Shapr, des gens déclarent qu’ils ont eu une super vie, qui a collé à leurs valeurs, qu’ils ont rencontré des gens géniaux, eh bien j’aurais réussi la mienne !
Comment recrutez-vous de nouveaux utilisateurs de Shapr ?
Par le bouche à oreille, et la pub sur les réseaux sociaux. En revanche, nous travaillons sur notre image désormais, auprès d’un public plus large, et pour cela, il faut des campagnes offline comme celle dans le métro de New-York.
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