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Rencontre avec Kilian Hennessy, la fulgurance du parfum avec KILIAN Paris

Kilian Hennessy © KILIAN Paris

Ses parfums sont reconnaissables entre mille. Tels des millésimes que l’on explore, adopte dans sa garde-robe olfactive par amour du beau et du bon. KILIAN Paris rend le parfum visible à travers ses histoires personnelles inspirées des effluves de son enfance dans les chais familiaux à Cognac. Entre déférence à sa prestigieuse lignée, célébration d’un art de vivre nocturne et mise en scène, Kilian Hennessy est le chef de file des parfumeurs de niche. Un dandy des temps modernes qui compte parmi ses inconditionnels des stars comme Rihanna. Rencontre à l’occasion des quinze ans de la griffe.

  

Quand on est issu d’une illustre famille, il peut être difficile de se faire un prénom, êtes-vous d’accord ? C’est ce que me partageait récemment une certaine Paris Hilton…

Kilian Hennessy : Je dirais que les personnes ayant déjà « un nom » partent avec une longueur d’avance. Quand on veut se faire un prénom, c’est un défi qu’on se fixe à soi-même : plus le nom est connu, plus la barre à atteindre est haute. Les gens nourrissent un certain nombre d’idées préconçues à votre égard, pensant déjà vous connaître quelque part. Finalement, on n’arrive pas vierge comme quelqu’un qui démarre vraiment de zéro. Il nous faut être conscient des attentes que nous concentrons.

Pourquoi le parfum ? 

D’abord par un concours de circonstances, puis par coup de foudre. Je venais de faire un stage chez Kenzo Parfums et j’ai choisi cette thématique dans le cadre de mon mémoire de fin d’études au CELSA. Pour investiguer le sujet de la sémantique des odeurs, je me suis retrouvé à faire une école de parfumeurs. Je devais également réaliser une interview croisée qui m’a amenée à rencontrer Jacques Cavallier, devenu un grand nez par la suite. Ce fut la révélation ! Lorsque j’ai lancé KILIAN Paris en 2007, mon objectif était de remettre la parfumerie sur son piédestal. Revenir aux sources de la grande parfumerie du début du XXe siècle mais écrite et composée sur un registre contemporain.

KILLIAN Paris, c’est aussi des codes très distinctifs à l’origine de votre signature créative. A travers les noms de vos fragrances, le flirt avec le monde des spiritueux et de la nuit, le luxe est aussi omniprésent.  

Le fil rouge est de provoquer des émotions, de raconter une histoire singulière jus après jus. Mes parfums se doivent d’être uniques, jamais sentis. Aujourd’hui, nous comptons plus de 34 fragrances unisexes réparties au sein de cinq familles olfactives, toutes inspirées de mes propres souvenirs olfactifs. Le point de départ est toujours le nom : on réfléchit à l’émotion véhiculée par ce nom, ensuite on choisit le nez qui pourra interpréter au mieux ce sentiment. Nous pourrions faire le parallèle avec la réalisation d’un film dont le script guidera le choix des acteurs susceptibles d’endosser les rôles. Chaque nez a une écriture olfactive qui lui est propre. Certains se distinguent par leurs formules très courtes, d’autres par des compositions plus élaborées.

Il est certain que mon héritage familial imbibe chacune de mes créations, d’ailleurs, il y a toujours un cocktail associé aux différentes fragrances. Etant, en outre, un oiseau de nuit, je raconte ce monde. Pour moi, tout est possible la nuit ! Il n’y a plus de genre, ni de classe sociale. Cela créé une infinité de possibilités.

© KILIAN Paris

 

Le processus créatif dure généralement combien de temps ?

Il n’y a pas de règle établie mais, en général, nous sommes sur deux lancements par an. Pour Kologne, Shield of protection, nous avons mis deux ans pour atteindre un résultat qui ne ressemblerait à aucun autre nectar sur le marché. Parfois, cela ne tient pas à grand-chose, juste à une matière première plutôt qu’à une autre et dont l’association va tout changer. Et je cherche aussi à retrouver l’idée d’une liqueur sans que cela ne ressemble à la liqueur, c’est un travail subtil car il s’agit d’obtenir ce clin d’œil caractéristique de la Maison.

Cette rentrée, nous avons relancé deux créations que j’adore « Sacred Wood » (un sental) « Rose Oud » (un safran). A leurs sorties il y a huit ans, ils n’avaient pas rencontré un succès immédiat. Au fil du temps, le bouche à oreille est devenu grandissant si bien que la demande a explosé. KILIAN Paris s’inscrit dans le long cours à l’inverse de certaines grandes enseignes soumises à un retour sur investissement dans les deux mois.

KILIAN Paris appartient aujourd’hui à Estée Lauder. Pour autant, en votre qualité de Directeur artistique, vous n’avez pas changé votre manière d’élaborer vos produits à la manière des parfumeurs de niche. Sur quoi ne transigez-vous jamais au-delà du temps dévolu à la création ?

Il y a 15 ans, lorsque j’ai vendu mon tout premier parfum, il était déjà présenté dans un flacon ressourçable. C’était précurseur. En 2022, nous poursuivons toujours nos efforts en matière d’éco-responsabilité. Aucun compromis n’est fait sur la qualité des ingrédients, ni sur le développement durable. Nous avons cette même approche avec la ligne maquillage que nous comptons étoffer dans le respect de l’environnement.

Dans ma signature, je continue en outre à vouloir rendre visible l’invisible ! C’est dans cet esprit que j’ai imaginé des clutch, un accessoire bijouté destiné à mettre sa parure olfactive.

Et il eût Rihanna…La star planétaire a révélé porter vos fragrances. Saviez-vous qu’elle faisait partie de vos adeptes ?

Je l’ai rencontré près de trois fois, et à chaque fois, elle sentait très très bon (rires).

Ou l’art de la litote Kilian ! Avez-vous fini par avoir le fin mot de l’histoire quant à sa découverte de la Maison ?

Oui, j’ai su que sa directrice artistique, sur tout le projet Fenty, portait mes jus, et Rihanna les sentait à travers elle. Lorsque l’on découvre un parfum sur quelqu’un, il est irrémédiablement associé à la personne. La chanteuse a définitivement adopté « Love : Don’t be shy ! ».

© KILIAN Paris

 

Avez-vous observé un impact sur les ventes ?

Oui, il y a clairement eu « un effet Rihanna ». Dans les pays anglo-saxons comme les Etats-Unis et l’Angleterre, et depuis cette année en France où « Love : Don’t be shy » est devenu notre numéro 1. Ce succès s’explique aussi par le besoin de réassurance, de se dire – en ces temps compliqués – que l’on partage un symbole commun. 

 

Pour aller plus loin :  

KILIAN Paris

www.bykilian.fr

 

 

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