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Pourquoi Rejoindre Une Start-Up ?

Dans quelques jours je vais lancer un appel pour chercher un DG – associé pour ma prochaine société.
Avant de lancer cette quête stratégique, je fais le point sur les enseignements tirés de mes précédentes expériences, pour nourrir ceux qui, optimistes et aventuriers, seraient à l’inverse en quête d’une start-up dans laquelle s’associer.

 

Pourquoi rejoindre une startup ? Qu’est ce qui change vraiment du salariat ?

• Se connaître. Que cherchez-vous ? Tout commence par s’écouter pour savoir ce que l’on cherche au fond dans cette quête. Souhaite-t-on faire la course (pour gagner quoi ?) s’amuser ? changer le monde ? être libre ? donner du bonheur aux autres ? laisser une trace ? partir à l’aventure pour gagner la reconnaissance de ses proches ? Lorsque l’on veut créer un binôme avec un fondateur qui impulse un projet, cette analyse permet de clarifier ce qui nous fait courir pour échanger librement sur ce point avec lui. Pour ma première société, je voulais m’associer à de la joie, or avoir une attitude positive tout en étant être mal payé est plus qu’un état d’esprit…. Avec Catherine, ma précédente associée, nous n’avons pas toujours été d’accord, par contre nous étions reliées par un objectif commun vers plus de sens et plus de joie, ce qui était bien plus efficace.

• L’instabilité sera votre seule certitude. Manque de visibilité, changement de stratégie, mouvance perpétuelle, sont le lot quotidien des entrepreneurs. Il y a un proverbe espagnol qui dit « le sage change d’avis et le sot s’entête ». Selon les experts qui étudient les choses que les gens qui réussissent font différemment, il ressort en effet toujours l’acceptation de l’échec et la capacité à rebondir. Alors que j’étais salariée d’une startup dans les années 2000, j’ai observé avec intérêt nos patrons switcher du jour au lendemain d’un modèle BtC à un modèle BtB, sans état d’âme, en changeant non seulement de cible de clientèle mais aussi de technologie vendue. Frédéric Mazzella fondateur de Blablacar conclut quant à lui : « c’est génial dans les start-up : un jour se lève on change le monde, et le lendemain tout s’écroule ». Et vous, êtes-vous à l’aise avec l’incertitude ?

• Êtes-vous prêts à être dans l’action, sur le terrain ? Halte aux longues études stratégiques pour se rassurer. Bien qu’une idée de start-up soit souvent le fruit d’une analyse fine des besoins des clients, l’entrepreneur teste sur le terrain toutes les idées qu’il peut car bien souvent rien ne se passe comme prévu. Le temps passé aux nombreuses versions du Business Plan ne remplace jamais le retour d’expérience du terrain sur la pertinence de l’offre. Si vous êtes salarié, cette démarche est beaucoup moins acceptée dans les entreprises traditionnelles qui ont besoin de légitimer leurs concepts pour limiter la prise de risque. Dans une microstructure, toutes les idées ne nécessitant pas d’argent sont analysées et testées rapidement, sans trop tergiverser ni écouter la petite voix qui a peur de décrocher le téléphone pour soumettre cette idée à un client. Au regard du nombre de projets qui échouent faute de proximité avec les clients, j’avais pour ma part collé un post-it pour m’encourager à les appeler, celui-ci disait « Vas-y sinon tu te prendras le mur ! ».
D’ailleurs, ces contacts peuvent être très agréables, l’atout de l’entrepreneur est sa visibilité avec un coefficient de sympathie dont il bénéficie a priori, ses contacts sont facilités par la richesse de sa motivation, l’histoire personnelle de son entreprise, il fait rêver par la liberté qu’il incarne, on s’attache à son histoire. Ceci génère un cercle vertueux, tout contact devient une démarche de partenariat, de co-construction avec ses premiers clients-amis avec qui une véritable relation se noue.

• Vous apprendrez à faire avec peu ! Une difficulté à laquelle les entrepreneurs font face et dont les grandes entreprises souffrent moins est le recourt limité à des experts. D’une part il y a le recours coûteux mais obligatoire aux spécialistes, pour respecter le code du travail, clôturer ses comptes,
…. Mais il y a d’autres dépenses dont il faut se passer faute de moyens comme (sauf cas particulier) les prestataires de communication, consultants en stratégie, juristes, coursiers, … De plus en plus souvent en entreprise, les projets sont éclatés en une somme de tâches étanches, confiées à des consultants ou experts internes que les salariés « chefs de projets » ont pour mission de coordonner. Dans ces entreprises, le sens de l’action a malheureusement tendance à se perdre car personne ne voit véritablement sa contribution concrète. Or, dans une jeune pousse, le coût
de ces prestations peut être un obstacle à l’innovation et celles-ci sont souvent abandonnées au profit du Fait-Maison. Jeff Bezos, patron d’Amazon, nous apporte à ce sujet une bonne nouvelle : « la frugalité est le meilleur levier de l’innovation ! ». J’ajouterai qu’elle crée également du lien avec tout l’écosystème de l’entreprise. J’ai en tête un prestataire évènementiel qui livrait lui-même des oursons en chocolat pour souhaiter la bonne année à ses clients. Cette idée, partie d’une nécessaire économie sur les frais de coursier, a fidélisé ses clients par l’originalité
de sa démarche.

• Êtes-vous prêt à partir pour une aventure humaine ? On pourrait évoquer une première commande importante, les appels de journalistes, la télévision, les levées de fonds réussies, le seuil du million d’euro franchi, mais, comme dans toute aventure humaine, les souvenirs seront surtout humains. Avec un cofondateur on partage habituellement bien plus que du capital ; dans les binômes qui fonctionnent bien, l’entraide est particulièrement forte face aux épreuves. Un autre préalable est de s’assurer qu’il n’y a pas de problème d’égo. Comme me disait un client : « Si tu veux travailler avec moi, il faut que ton égo ne t’empêche pas de passer entre le bas de la porte et la moquette ». Si cela ne suffit pas, pour garder les pieds sur terre quand tout va très vite, retenez cette maxime entendue à plusieurs reprises : « Si ton ego est supérieur à ton cash-flow : t’es mort ». Enfin, une start up c’est aussi le lieu pour former une équipe avec votre associé, voir même un véritable attelage. La recherche d’associé est facilitée si les rôles sont clairs dès le début, « Si tu me donnes la stratégie je fonce » m’avait dit mon associée Catherine dès notre premier rendez-vous. Travailler à 4 mains, partager ses doutes, la vision, les moyens à mettre en œuvre, ses envies…. nous retrouvons des similitudes avec l’importance du lien dans les sports collectifs.
Un ami rugbyman me disait : « Au rugby tu ne peux pas faire seul, tout repose sur le lien. Un match se gagne d’abord grâce à la solidarité qui démarre dans les vestiaires. Techniquement on dit qu’« on vient au soutien », toute l’équipe se mobilise pour les autres. Les liens ne naissent que par l’équipe, aucune ressemblance sociale ou sociologique n’a d’importance, tout le monde s’en fou, on est liés par l’action, par ce qu’on vit, c’est un combat collectif. »

• Avez-vous un rapport relativement détaché à l’investissement que vous envisagez de réaliser dans cette jeune société ? Des serial entrepreneurs m’avaient dit « fais comme si tes fonds investis étaient perdus », ce qui signifie de ne jamais regretter de les avoir investis, mais de ne plus y penser pour se concentrer sur le travail. Je reconnais la difficulté d’avoir ce recul lorsque cela représente des années d’économies, de plus j’ai côtoyé plusieurs entrepreneurs dont la faillite a mis à mal leur foyer, certains ont dû vendre leur appartement personnel car ils étaient « caution personnelle » …. C’est à la fois le risque majeur des projets où le cash est rare, c’est également un moteur qui pousse à se dépasser. Que faire alors ? Rester modéré dans la proportion de son patrimoine investi, et se concentrer sur la valeur ajoutée et le sens de son travail pour ne plus y penser.

• Vous hésitez ? Si le frein n’est pas financier, faites-le pour vos enfants. A l’avenir le statut de salarié sera de plus en plus rare, nos enfants cumuleront peut-être plusieurs emplois, seront freelance, associés, amenés sans doute à prendre plus de risque. C’est de notre devoir de leur montrer l’exemple de l’autonomie et de la confiance en l’avenir en lançant des projets, des idées, chacun à son échelle. Les professionnels de l’orientation scolaire évoquent régulièrement les cas de jeunes qui ne travaillaient plus au lycée, perdent la motivation de s’impliquer dans leur avenir professionnel, « A quoi bon » disent-ils, « Cela ne sert à rien », or, en sondant les parents sur leur vision du monde du travail c’est souvent leur propre manque d’épanouissement professionnel qui déteint sur leur progéniture. C’est aussi pour nos enfants que j’ai choisi de repartir à l’aventure entrepreneuriale.
Et maintenant « Yallah » (« Allons-y ! », expression arabe empruntée à Sœur Emmanuelle)

Alexia de Bernardy (@AdeBernardy) Serial-Entrepreneure pour un monde meilleur

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