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Portraits d’entrepreneurs qui ne plient pas face au Covid

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Sylvie Burnet Merlin et Silvio Marsili - Fondateurs de la couverture lestée Futuria Stone © DR

Comme un pied de nez à la crise, des jeunes entrepreneurs ont décidé de se réinventer, refusant d’être assignés aux doutes et à l’immobilisme. S’inscrire dans une dynamique de création, même quand tout semble à l’arrêt, est devenu un hymne allègrement partagé. Témoignages inspirants.

 

Un Américain à Paris. James McNamee a toujours su qu’il viendrait dans notre belle capitale pour côtoyer les dieux vivants de la toque et se former aux savoir-faire de l’Ecole française. Objectif : accéder par la grande porte au métier d’apprenti chef. Originaire du Connecticut, au nord-est des Etats-Unis, le vingtenaire a décroché le Graal en janvier 2020 lorsque son profil a été retenu par un palace de la capitale, le Plaza Athénée. « Un rêve éveillé, moi James, je me suis retrouvé à exercer au restaurant triplement étoilé Alain Ducasse*** ! Je vivais le french dream de tout cuistot. », s’émeut-il encore aujourd’hui. C’est grâce à sa rencontre avec le chef Sylvestre Wahid (L’Oustau Baumanière**, Le Strato** Courchevel) – le premier à lui avoir donné sa chance – que l’Américain a pu percer dans la patrie de la gastronomie. Dès lors, tous les astres étaient alignés pour vivre la meilleure séquence de sa vie. Mais, un jour de mars, ses projets ont été stoppés net, fauchés par l’urgence sanitaire.

« Au moment de l’annonce du Président Emmanuel Macron, il m’a fallu un certain nombre de jours pour comprendre la réalité de la situation. En tant que cuisinier, je suis habitué, sans doute un peu trop, aux horaires extensifs et semaines à rallonge. Se retrouver, seul, loin de sa brigade, face à l’ennui et à l’incapacité de remplir ses journées m’a demandé une réelle adaptation. », peine-t-il à oublier. L’expatrié fait le douloureux apprentissage d’une vie confinée dans sa chambre de bonne à un océan des grands espaces de sa ville natale. Il découvre aussi les différences d’approches française et américaine dans la gestion Covid-19… ses amis et familles lui rappelant par écrans interposés.

© Chef James McNamee

 

« Ici, les restrictions étaient des plus strictes tandis qu’aux Etats-Unis de Trump, le cadre n’était pas aussi intrusif. Impossible chez nous de s’attaquer au sacro-saint totem de la liberté ! Par ailleurs, je pensais que les Français étaient épris de liberté, mais j’ai pris conscience de la toute-puissance de l’Etat sur la vie de ses citoyens. Ce fut un choc culturel pour moi ! », appuie-t-il. Pas question pour autant de perdre la flamme. Le francophile met à profit cette période pour s’interroger sur sa manière de concevoir la scène culinaire, un univers en perpétuel évolution. Entre coups de feu et rushs inhérents à son métier, le cuisinier a le luxe – enfin – de prendre du recul. L’occasion pour lui de se cultiver, de se renseigner et, aussi, de rendre service. James McNamee se rend utile dernière les fourneaux du restaurant solidaire Refettorio, place de la Madeleine, la cantine bénévole imaginée par le célèbre chef italien Massimo Bottura.
Parallèlement, il se lance dans une toute nouvelle activité de chef privé à laquelle il n’aurait jamais songé sans la crise. « J’ai eu la chance de travailler un mois en Crète comme chef privé pour une famille fortunée et leurs amis. Grâce à cette approche inédite de la restauration, j’ai appris à gérer plusieurs problématiques en simultanée, à sortir de ma cuisine pour m’occuper également du service et à comprendre les besoins de chacun en vue de rendre leur expérience mémorableJe me suis notamment confronté à de nouveaux modes de consommation qui m’ont ouvert l’esprit. C’est inestimable ! ».

 

Rêver grand

Dans l’attente de réintégrer les rangs du prestigieux restaurant Alain Ducasse, ce grand bosseur multiplie les collaborations comme chef privé dans des chalets cossus des Alpes. Une formule très prisée cette saison. Depuis mars dernier, chaque étape semble plus spontanée, moins écrite d’avance. Aujourd’hui, même s’il ne peut toujours pas se projeter à moyen terme, ni même tester de nouveaux établissements pour enrichir sa créativité, James McNamee se réjouit d’avoir pu transformer ses frustrations en inspirations. Dream big ! Rêver grand : ainsi prévoit-il de parfaire sa formation au pays de Bocuse dans l’objectif d’ouvrir, un jour, son propre établissement Outre-Atlantique afin de valoriser le terroir de la Nouvelle-Angleterre. « Je veux inviter les gourmets, notamment Français, à découvrir les produits de cette région sublimés d’une french touch. ». Rendez-vous est pris !

© Sylvie Burnet Merlin

 

Sylvie Burnet Merlin vit en Savoie et travaille à cheval entre la France et la Suisse. Attachée presse à succès à la tête de sa propre agence, Saburnet Collection, elle a fait de l’art de vivre son crédo. Un secteur d’activité frappé de plein fouet par la pandémie. Habituée à courir le monde pour faire la promotion de clients évoluant dans l’hôtellerie de luxe, à l’image d’Ultima Collection ou dans le secteur de la beauté, comme la marque de cosmétique des stars, L.RAPHAEL, la communicante a vu son quotidien basculer. Sans être dans le rouge, la Savoyarde ressent l’impact de la crise sanitaire et économique sur les consommateurs habituels de ces griffes exclusives. Entre saison blanche dans le calendrier hollywoodien, fermetures des frontières, télétravail généralisé et vie sociale réduite à néant… l’heure n’est plus au glamour.
Néanmoins consciente de « sa chance » de représenter des enseignes solides prêtes à flirter de nouveau avec les étoiles dès la levée des nombreuses restrictions, Sylvie Burnet Merlin a décidé de se réinventer. « J’ai toujours eu une forte sensibilité pour le domaine du bien-être. Le coronavirus a été une source de stress énorme pour chacun d’entre nous, beaucoup en ont perdu le sommeil ! Pire, certaines personnes déjà insomniaques ont vu leur problème s’exacerber. J’en ai fait l’expérience dans mon propre cercle. », introduit cette dernière. 

 

La ruée vers le bien-être  

Le confinement jette une lumière crue sur ce phénomène qu’elle entend explorer. Son proche ami, Silvio Marsili, lui fait part d’une récente découverte à l’étranger, ‘la couverture lestée’. « Dans les soins psychiatriques, les couvertures lestées sont l’un des outils les plus puissants pour aider les personnes anxieuses, bouleversées, souvent en déficit de repos. Basée sur la science éprouvée de la stimulation par pression tactile profonde (DTP – Deep Touch Pressure) exerçant un poids de 5 à 12 kg, ces couettes ‘intelligentes’ sont une thérapie non médicamenteuse sûre et efficace pour quiconque cherche une solution pour la perte de sommeil et la relaxation. Cette charge uniformément répartie sur le corps comprime le système nerveux. Cette compression affecte directement une section du système nerveux appelée système nerveux autonome (SNA). En tant que division du système nerveux, le SNA contrôle les actions inconscientes, telles que la respiration, la digestion et le rythme cardiaque. », expose la jeune quadra.
Depuis son chalet à Megève, cette grande curieuse interroge à distance différents spécialistes en neurosciences et des somnologues qui l’initient au sujet. Au-delà des mots, elle veut se faire une opinion concrète en faisant tester ce procédé à un parent. « C’est le jour et la nuit ! ». Sylvie Burnet Merlin observe un réel changement  positif.

© Silvio Marsili – Co-fondateur de Futuria Stone

 

Entrepreneure dans l’âme, elle met ses compétences en commun avec Silvio Marsili pour développer la marque Futuria Stone dans le but de commercialiser à grande échelle cette couverture enveloppante brevetée. Elle contribue financièrement, aussi, à l’entreprise, comme pour mieux narguer la crise. Ce défi sert à merveille sa philosophie basée sur le bien-être et son optimisme à toute épreuve. Actuellement distribuée en Europe, Futuria Stone s’attaque à un marché grandissant chez les particuliers et les entreprises. Son « petit bébé » profite d’une belle campagne virale sur les réseaux sociaux où les retours d’expérience deviennent son meilleur argument de vente. Le duo veut frapper fort et vite en s’implantant dans les hôtels et spas de luxe ou encore les boutiques lifestyle.
A cette fin, elle a d’ailleurs eu l’ingénieuse idée de faire tester son innovation à la puissante femme d’affaires Ronit Raphael, fondatrice des temples de la beauté, L.RAPHAEL, dont elle gère l’image. Un pari audacieux qui vient de déboucher sur un partenariat au sein de la galaxie L.RAPHAEL s’étendant de New York à Genève en passant par Sydney. « Rebondir en prenant soin des autres, n’est-ce pas la meilleure réponse à la crise ? », conclue Sylvie Burnet Merlin. Beau pied de nez à la crise !

 

De l’art d’ouvrir ses chakras

Direction Vincennes. Soraya Slimane a déjà eu mille vies. Historienne de formation puis danseuse, professeure et chorégraphe en danse orientale, la Parisienne a toujours réussi à vivre de sa passion. Le premier confinement a été l’occasion de « faire le vide pour accueillir le plein » dans un moment de transition professionnelle. « Je venais d’être fraîchement diplômée en Pilates, j’ai alors rapidement mis en place des cours sur Zoom. C’était tout nouveau pour moi ces cours en distanciel, tout comme pour mes élèves. Ensemble, nous avons pu alléger ces longues journées d’isolement et de cloître », confie-t-elle. Durant cette période, la belle brune devient confidente d’élèves très impliqués professionnellement, souvent sur le point de craquer. Avec sa fibre artistique, Soraya Slimane est une grande sensible. Elle s’est toujours tenue « à l’écart » du monde de l’entreprise qu’elle a principalement découvert à travers le témoignage de ses disciples.
Ses quelques mois d’incursion en open-space en tant que consultante il y a cinq ans, ont été un « véritable choc des cultures, C’était assez violent, car je voyais des gens très stressés par le travail. Le professionnel supplantait tout. Il n’y avait aucun équilibre ! », grince-t-elle. De fait, elle décide d’étoffer ses cours par différentes techniques pour atteindre « la libération émotionnelle » comme pour mieux répondre à l’intensification de ces maux. Elle met naturellement en place un atelier de relaxation profonde baptisé Hello Chakra qui est la somme de toutes ses formations en médecine énergétique, à savoir : Reiki, Psycho Bio Acupressure, Yoga restauratif et cohérence cardiaque.

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© Soraya Slimane

 

Ce croisement entre activité sportive, approche holistique et thérapeutique prend le nom de « dynamique de guérison par le geste ». Un concept qui fait le plein d’élèves. Un an après, la coach est toujours contrainte d’enseigner virtuellement… « Pour le Pilates, pourquoi pas. Fini les aléas de transport au profit du confort d’être chez soi, de quoi booster la concentration. », estime-t-elle. En revanche, la fermeture imposée des salles de sport et le régime du couvre-feu lui pèsent quand il s’agit de la danse, sa première des passions. Le besoin d’interagir ensemble dans un espace dédié est clef pour exercer.
« J’ai donc dû arrêter les cours de danse orientale en distanciel. Ce qui me fend le cœur ! Contrairement à beaucoup d’autres qui, bousculés par la crise, ont eu un éveil de conscience en qui concerne leur vie, j’avais déjà la chance de vivre de ma passion. En miroir, ma remise en question s’est faite non pas autour du sens que je donnais à ma vie ou profession qui m’épanouit pleinement, mais plutôt autour de la fragilité qui l’entoure en tant que ‘non essentielle’. Un statut d’une grande précarité touchant les artistes et autres secteurs qui, pourtant, contribuent au « mieux être » de l’humanité. Que serait un monde sans la musique, la danse, le chant, la peinture, le yoga, le Pilates ? Artistes et professeur de yoga, nous sommes en quelque sorte des ‘guérisseurs de l’âme’. Nous sommes nécessaires aujourd’hui à une société qui s’avère puissamment malade. », diagnostique-t-elle.

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© Soraya Slimane

 

En attendant des jours meilleurs, la Franco-Algérienne ne s’avoue pas vaincue. Son énergie, elle la déploie à présent en se formant en Yoga Pre et Post Natal auprès de la célèbre docteur Bernadette de Gasquet. Toujours pour préparer l’après-Covid.

 

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