Le groupe agroalimentaire familial fondé en 1974, créateur des brioches Pitch de Pasquier, poursuit plusieurs start-up pour utilisation du terme « pitch ». Cet anglicisme bien connu de l’écosystème est une courte présentation de l’entreprise, de son produit, de son esprit et de ses valeurs. Gaël Duval, entrepreneur et ancien publicitaire, fondateur de l’événement « Pitch in the plane », a reçu une lettre d’avocat lui demandant d’arrêter d’utiliser le terme « pitch ». Pour lui, cette affaire est « grotesque » et met en lumière le « vrai problème d’incompréhension entre les grands comptes et les start-up ».
Vous êtes à l’origine de l’événement « Pitch in the plane », et vous avez récemment été contacté* par l’entreprise Pasquier, pour quelles raisons ?
C’est Goliath Pasquier, propriétaire de la marque « Pitch », qui a eu peur que les David du numérique grossissent, s’approprient un terme, et génèrent une perte pour sa marque. L’entreprise familiale Pasquier devaient voir le mot « pitch » leur échapper en devenant un terme générique, ils ont donc racheté un organisme de formation contenant le terme « pitch » pour pouvoir déposer à l’Institut National de la Propriété Intellectuelle (INPI) les classes des secteurs de la formation et de l’éducation, et l’antériorité qui va avec. Ils s’autoproclament donc propriétaires de ce mot dans tous les sens du terme.
En mars dernier, j’ai reçu un recommandé de l’avocat de Pasquier me demandant de ne plus utiliser le terme « pitch ». Or, j’ai déposé la marque « Pitch in the plane » en 2015. Je leur ai donc répondu que je n’étais pas d’accord avec eux, car, d’une part, je ne vends pas de brioche, ou rien d’autre de comestible, de plus, je suis sur l’événementiel, et pas sur de la formation.
Comment percevez-vous cette démarche ?
Pasquier aurait dû profiter de la popularisation du terme « pitch » pour faire un coup de communication marrant ! En temps qu’ancien publicitaire, j’imagine déjà plusieurs campagnes possibles : pour chaque pitch effectué, une brioche pitch offerte. Ils auraient dû pensé à sponsoriser les start-up avec des Pitch plutôt que de se lancer dans des démarches avec des avocats qui sont en train de provoquer un bad buzz.
C’est vraiment grotesque. Surtout, cette affaire est symptomatique d’un vrai problème entre les grands comptes et les start-up. Les grands comptes ont du mal à prendre le virage de cette transformation.
Je vois ici un vieux groupe français qui espère faire craquer de jeunes start-up dynamique qui n’ont pas les moyens de se lancer dans des procédures coûteuses avec des avocats. Cela m’attriste vraiment.
De votre côté, allez-vous pouvoir continuer à utiliser le terme « pitch » ?
Auprès de l’INPI a été lancée une procédure de demande d’opposition pour déterminer qui a l’antériorité et les classes pour utiliser le terme. De mon côté la procédure est suspendue car je suis sur de l’événementiel, et pas de la formation.
L’INPI fait un travail formidable. Mais ils n’avaient peut-être pas anticipé cela : un terme anglais qui est accaparé par une marque.
C’est comme si un primeur écrivait « apple » sur son étalage de pommes, qu’une personne de la marque Apple passait et lançait une procédure contre le primeur sans se dire à un seul moment que celui-ci utilise le terme dans son sens premier, la pomme.
*Le Figaro a révélé qu’une dizaine de procédures étaient en cours entre Pasquier et plusieurs start-up
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