Patrick Amiel (cofondateur de 321founded) : "Nous co-développons avec les grandes entreprises des startups avec une approche 100% entrepreneuriale"

Comment créer des startups avec les grands groupes ? Cette équation économique n’est pas toujoours des plus simples et la réussite si peu au rendez-vous. 321founded, premier corporate startup studio, mêle les savoir-faire et semble réussir ! Entretien avec Patrick Amiel, l’un des cofondateurs.

Patrick Amiel – Cofondateur de 321founded

Quel est le principe de 321founded ? Présentez l’entreprise en quelques mots

Patrick Amiel : 321founded est le premier Corporate Startup Studio français. Lorsqu’un grand groupe cherche à lancer un nouveau business ou à conquérir un nouveau marché, trois solutions s’offrent à lui : développer le projet en interne, s’adresser à un cabinet de conseil ou se rapprocher d’une agence plus ou moins spécialisée. L’expérience a montré qu’avec ce type d’accompagnement, la plupart des projets n’aboutissent pas ou aboutissent mal. 2/3 des nouvelles initiatives portées par des corporates échouent. 19% des innovations ne sont jamais déployées. Et 50% des grands groupes rencontrent des difficultés majeures (délais, qualité, budget…) lors de la mise en place d’un projet innovant.

321founded propose une nouvelle voie. Notre approche s’appuie sur un modèle d’excubation de l’innovation à travers lequel nous co-développons avec les grandes entreprises des startups avec une approche 100% entrepreneuriale. De l’idéation à l’identification des opportunités de marché, jusqu’à son développement, exécution, lancement et suivi de la croissance.

La greffe entrepreneuriale, indispensable au bon lancement et à la réussite d’une startup, ne prend pas au sein des grands groupes. Il manque certains réflexes, certaines manières de penser et un cadre qui permet d’opérer avec la force du Corporate et l’agilité des meilleurs entrepreneurs

Comment nous y parvenons ?

P. A. : D’abord, notre équipe – 50 personnes – est exclusivement composée d’entrepreneurs qui ont vécu plusieurs aventures business et dont les expertises sont riches et multisectorielles. Ils ont le réseau, les bons réflexes, l’expérience pour exécuter les projets vite et bien. Ensuite, le modèle de financement résulte d’un co-actionnariat. Chaque startup que nous créons est détenue à la fois par le corporate, l’équipe dirigeante de la startup et 321founded. Ce modèle est l’une des clés de la réussite. Nous partageons les risques et fédérons une équipe unie et engagée autour d’un objectif commun.

Enfin, nous avons mis au point une méthodologie unique et très précise pour avancer vite et bien, et casser l’inertie des grands groupes. Nous sommes particulièrement attentifs à l’optimisation du time-to-market afin de lancer le bon produit, au bon moment avec la bonne stratégie.

Comment est née cette idée ?

P. A. : Elle est née d’un questionnement. Pourquoi Solocal n’a pas créé TheFork ou Doctolib ? La société bénéficiait pourtant de relations commerciales fortes avec les restaurants français ou avait déjà l’annuaire de tous les professionnels de santé et l’audience des français en quête d’un rendez-vous médical.

Plus globalement, pourquoi les grands groupes, qui disposent d’atouts incroyables (réseaux de distribution, base clients, talents, notoriété, capacité d’investissement…) échouent à lancer des startups innovantes ?

Après avoir vécu ma propre expérience entrepreneuriale (cofondateur de Wengo, 260 collaborateurs, 9 pays, société acquise par Vivendi), puis revêtu de multiples casquettes (board member, investisseur…), j’ai exploré ce sujet en discutant avec de nombreux corporates. Le constat était assez clair : la greffe entrepreneuriale, indispensable au bon lancement et à la réussite d’une startup, ne prend pas au sein des grands groupes. Il manque certains réflexes, certaines manières de penser et un cadre qui permet d’opérer avec la force du Corporate et l’agilité des meilleurs entrepreneurs.

Avec mon associé Romain Ledru-Mathé, nous avons ainsi imaginé ce nouveau modèle. Nous bousculons au sein même des grands groupes les règles établies de gouvernance, de partage du capital et de prise de risque, d’état d’esprit et de process… mais lorsqu’ils sont prêts à l’accepter, cela fonctionne.

Quels sont les objectifs de 321founded à court terme ?

P. A. : La société a été fondée en 2019. Depuis nous avons échangé avec la quasi-totalité des acteurs du CAC40 et avons d’ores et déjà lancé plusieurs startups avec le PMU, le Groupe Mulliez ou encore le cabinet August Debouzy. Plusieurs projets sont en cours de développement avec de grandes banques et Pernod Ricard.
Notre volonté est de devenir, en Europe, le partenaire de référence des corporates pour le lancement de nouveaux business. Les 2 prochaine années seront d’importantes phases d’accélération pour nous avec en moyenne 5 nouvelles startups par pays.

Quel est votre modèle économique ?

P. A. : Nous sommes actionnaires de chaque startup lancée, avec le corporate et l’équipe dirigeante de ces mêmes startups.

Pourquoi avez-vous choisi de devenir entrepreneur ?

P. A. : J’avais juste envie que toute mon énergie se transforme en réalisations concrètes, sans la moindre limite à notre imagination et volonté de construire des nouveaux business qui partent à la conquête du monde. Pour ce faire, nous avons créé avec Romain mon associé le cadre qui permet de réaliser ces projets, en réduisant les zones de frictions et en créant une rampe de lancement la plus performante possible.

Une envie de liberté, de réalisation, d’association, de croire que tout est possible, de faire des choses qui n’existent pas, que certains pensent impossibles. Et de prouver qu’avec une audace créative, une équipe d’entrepreneurs unie et animée de belles valeurs, on peut faire des merveilles. Ce n’est pas une question de moyens, mais de se donner les moyens de réaliser l’impossible.

Le chanteur préféré des français le chantait déjà si bien “Loin des beaux discours, des grandes théories, A sa tâche chaque jour, on pouvait dire de lui Il changeait la vie” (Jean-Jacques Goldman – Il changeait la vie)

Pour aller plus loin : Comment manager une entreprise du CAC 40 ?