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Moussa Sissoko : « Ce que j’aime dans les projets entrepreneuriaux c’est le côté humain »

A 34 ans, l’ancien international français, Moussa Sissoko, a connue une carrière bien remplie. Le solide milieu de terrain se projette désormais vers l’avenir. Pour Forbes France, il revient sur la gestion de son patrimoine, son après carrière et ses futurs projets. 

 

Cette fois, il ne sera pas question de football. Du moins pas directement. Pourtant on aurait pu. Celui qui vient d’annoncer son retour à Watford (D2 anglaise) après deux saisons passées sous les couleurs du FC Nantes, a connu une carrière riche. Après s’être révélé à la fin des années 2000 au Toulouse Football club, il a effectué la plus grande partie de sa carrière en Premier League. Avec Tottenham, il atteint la finale de Ligue des champions 2019 perdue contre Liverpool. International français pendant plus de dix ans, son principal fait d’arme reste l’euro 2016 en France. Alors qu’il débute la compétition comme remplaçant, il devient titulaire à partir des quarts de finale. Malgré la défaite, il livre une prestation époustouflante, de loin sa meilleure en bleue, en finale. 

Pour autant, lorsque nous le rencontrons en visioconférence à la fin du mois de mai, nous parlons de beaucoup de choses mais très peu de football. Nos échanges tournent autour de la gestion de fortune chez les sportifs mais aussi de ses projets pour son après-carrière. Rencontre.

 

Forbes France : Quel est votre rapport à la gestion de vos finances ? 

Moussa Sissoko : J’ai grandi dans une famille modeste. Si on n’a jamais manqué de rien, on n’avait pas de quoi faire beaucoup de sorties. Comme je savais d’où je venais, j’ai commencé à mettre de côté dès mes premières rentrées d’argent au centre de formation de Toulouse. Je touchais entre 400 et 600 euros en étant nourri logé blanchi. Je n’avais pas besoin d’utiliser mon salaire hormis l’aide financière que j’apportais à ma mère et quelques sorties avec des amis. Je n’avais pas besoin de cramer mon argent donc je mettais le reste de côté, au cas où il y aurait un besoin plus tard.   J’ai également été conseillé par mon oncle  sur ce sujet. Il me disait que cela peut aller très vite donc qu’il faut faire attention. 

 

Vous n’avez jamais été un flambeur ? 

M.S : J’ai essayé de m’amuser, de me faire plaisir, de faire profiter mes proches  tout en gardant les pieds sur terre. Quand on gagne assez bien sa vie, très vite et très jeune, c’est facile de sombrer. Mais personnellement, je n’ai jamais été un flambeur. Ce n’est pas dans ma nature et celle de mon entourage. C’est sûrement grâce à cela que je n’ai pas été trop tenté. D’autant, qu’il y aussi l’exemple des autres. Quand on voit dans les médias que certaines personnes fortunées se sont retrouvées ruinées parce qu’ils ont mal investi, par ce qu’ils ont vécu au-dessus de leur moyen, cela fait réfléchir. 

 

Dans un vestiaire, est-ce qu’on parle de la gestion des finances ou est-ce un sujet tabou ? 

M.S : Un club c’est une grande famille où vous pouvez être amené à passer plusieurs années ensemble. Donc bien sûr qu’on en parle et c’est important. On apprend les uns des autres car la gestion de nos finances est un monde étranger pour une majorité d’entre nous.  

Je suis un joueur avec de l’expérience, donc j’essaie d’apporter mon vécu, de leur donner des conseils. Personnellement, je suis ambassadeur du Club NEC, une start-up d’investissement. J’y ai beaucoup appris donc j’essaie de transmettre aux plus jeunes, de leurs donner des conseils d’investissements. Et s’ils sont intéressés de les mettre en relation avec Laurent Chébaut, un ami et le fondateur du Club NEC.

 

Moussa Sissoko, avec son associé, Laurent Chébaut, lors d’un event pour le Club NEC

Est-ce que c’est facile de déléguer la gestion de sa fortune ?

M.S : Nous avons une profession chronophage entre les entraînements, les déplacements, les matchs et les sollicitations médiatiques. Beaucoup de joueurs sont donc tentés de déléguer sur la gestion de leur patrimoine. Personnellement, je ne pense pas que cela soit la bonne solution. Bien sûr, il faut être accompagné. Moi même, je travaille avec un conseiller financier depuis mes 17 ans. Même si j’ai totalement confiance en cette personne, je ne lui donne pas carte blanche. Je fais très attention à ce qu’il se passe. Tout simplement parce que c’est mon argent, j’aime savoir dans quoi j’investis, où mes revenus sont placés… De plus, cela me permet de me former à autre chose que le football car une carrière ne dure pas éternellement. 

 

Comment envisagez-vous l’après-carrière ? 

M.S : Tout au long de ma carrière, je ne me suis pas préoccupé de ce que j’allais faire après. Je voulais vivre mon rêve à fond. Maintenant que je me rapproche de la fin, la question se pose naturellement. J’essaie de mettre mon nez dans plusieurs business pour avoir plusieurs portes qui s’ouvrent à moi. Cela me permet de découvrir d’autres choses et de voir ce qui me plaît. Je pourrais décider de voyager, d’aller au restaurant, de vivre de mes placements mais ce n’est pas la vraie vie. Il me faut quelque chose qui me stimule au quotidien. J’ai envie d’être un exemple pour mes enfants, de leur montrer qu’il faut travailler, toujours chercher à s’améliorer. 

 

Quels sont vos différents projets ? 

M.S : Il y a le Club Nec donc. Mais je suis aussi cofondateur d’une académie au Sénégal avec un ancien partenaire, Cheikh Mbengue, the United Academy. Nous y avons pour but d’accompagner les jeunes talents africains afin qu’ils puissent venir en Europe exprimer tout leur potentiel au plus haut niveau. Ce qu’on m’a donné en France, j’essaie de le redonner partout où je peux. Surtout en Afrique où il y a beaucoup de misère. 

Il y a également le projet Playse, une plateforme de coaching qui produit des entraînements individualisés mais aussi collectifs. Pour ce projet, je collabore avec Blaise Matuidi. Nous essayons de nous implanter partout en France. Mais nous visons encore plus haut. Pourquoi pas s’exporter aux Etats-Unis, où Blaise Matuidi réside. C’est un de nos objectifs. 

Je m’investis énormément dans ces projets et pas que financièrement. Il existe des business où tu investis et l’argent rentre tout seul comme l’immobilier. Mais ce que j’aime dans ce type de projet, c’est ce côté humain. Cela me permet de faire des rencontres, de donner mon avis sur tel ou tel sujet. Je préfère être dans cette optique là.


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