Memento Mori

Dans son nouveau livre, The Laws of Human Nature, Robert Greene conclut son dernier chapitre par cette méditation toute stoïcienne sur la mortalité :

« Nous sommes nombreux à passer notre vie à éviter de penser à la mort. Au lieu de cela, l’inévitabilité de la mort devrait être continuellement dans nos esprits. Comprendre la brièveté de la vie nous remplit d’un sentiment d’urgence pour atteindre nos objectifs. S’entraîner à affronter et à accepter cette réalité facilite la gestion des inévitables revers, séparations et crises de la vie. Cela nous donne une idée des proportions, de ce qui compte vraiment dans cette brève existence. La plupart des gens cherchent continuellement des moyens de se séparer des autres et de se sentir supérieurs. Au lieu de cela, nous devons voir la mortalité en chacun de nous et voir comment elle nous égalise et nous connecte à tous. En devenant profondément conscients de notre mortalité, nous intensifions notre expérience de la vie. »

En bref, memento mori.

Chaque aspect de l’expérience humaine, chaque moment de son évolution a été façonné par la mort.  

Tous les grands moments de l’Histoire humaine se déroulent à l’ombre de la mort : gloire sur les champs de bataille, accomplissements dans le domaine scientifique ou technique. De plus, ces moments ont été produits par des personnes pour qui la mort était bien moins éloignée de la vie quotidienne qu’aujourd’hui. Plaies, mortalité infantile, insalubrité, manque d’antibiotiques, tout cela rappelait que la mort était bien présente dans la vie des hommes et des femmes, et ce quelle que fût leur condition.

La mort est au cœur de qui nous sommes en tant qu’espèce et de qui nous sommes en tant que personne. Le nier, ce n’est pas seulement vivre dans l’ignorance, mais aussi se priver des avantages dont parlaient si souvent Marc Aurèle.

Le fait que nous puissions perdre la vie maintenant devrait déterminer ce que nous faisons, disons et pensons au quotidien.