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Mathilde Nême, CEO d’Omena : « Ce n’est pas parce que la ménopause n’est pas une « maladie » qu’il ne faut pas en prendre soin »

Hahyeon Park et Mathilde Nême, cofondatrices d'Omena.
Hahyeon Park et Mathilde Nême, cofondatrices d'Omena.

Créée en 2021 par Mathilde Nême, Hahyeon Park et Jane Douat, trois jeunes diplômées d’HEC Paris et Télécom ParisTech, Omena est une application destinée aux femmes en ménopause et périménopause qui les accompagne en leur fournissant des informations nécessaires et un suivi total pour améliorer leur santé et leur qualité de vie. Pour Forbes France, Mathilde Nême nous explique pourquoi il est important de déstigmatiser ce sujet.

Forbes : Comment est née l’idée d’Omena ?

Mathilde Nême : Pendant nos études à HEC, nous avons constaté un manque d’accompagnement dans le domaine de la santé des femmes, en particulier en matière de ménopause. Ayant grandi dans une famille de médecins, j’avais déjà une certaine sensibilité sur le sujet mais nous avons surtout décidé de l’approfondir en 2021, quand le président Emmanuel Macron a fait un discours sur l’endométriose. En discutant avec de nombreuses femmes, nous avons réalisé à quel point les informations manquaient, notamment sur la ménopause, y compris du côté des professionnels de santé. C’est ainsi qu’est née Omena, pour informer et accompagner les femmes à ce moment de leur vie.

Pourquoi la ménopause est-elle un sujet encore tabou ?

M.N. : La ménopause reste associée à la vieillesse et à la perte de fertilité, des notions souvent perçues négativement. Selon nos études, seulement 13 % des femmes abordent ce sujet avec leur propre mère. La ménopause est souvent associée à des souffrances, ce qui peut effrayer. Pourtant, c’est une transition naturelle, et sans banaliser les symptômes, il est important de rappeler qu’on peut la vivre de manière sereine et informée.

Justement, quel rôle Omena joue-t-elle auprès de ces femmes ?

M.N. : Omena est une application de suivi qui permet aux femmes de mieux comprendre et suivre leur santé en période de ménopause. Nous avons développé un modèle freemium : les articles pour s’informer sont disponibles gratuitement et nous proposons des accompagnements personnalisés payants pour mieux gérer certains symptômes grâce à des programmes sur mesure incluant la nutrition, l’activité physique, la psychologie, ainsi que l’accès à une messagerie médicale avec des experts spécialisés. 

L’application a été créée en collaboration avec une trentaine de médecins experts issus de plusieurs domaines. Nous mettons un point d’honneur à proposer un contenu fiable, validé par des praticiens spécialisés. Elle est d’ailleurs souvent utilisée par de nombreux gynécologues pour mieux gérer leur propre ménopause.

Que pensez-vous de la mission parlementaire consacrée à la ménopause annoncée récemment ?

M.N. : C’est un bon début ! L’idée d’aborder cette question au niveau parlementaire est une avancée, même si nous restons prudentes sur les résultats. Car plusieurs projets de loi sur la santé des femmes ont été déposés sans réellement aboutir.  Pour nous, il est crucial d’agir sur trois fronts : sensibiliser les entreprises, former les professionnels de santé et informer le grand public.

Pourquoi pensez-vous qu’il est urgent de former davantage le corps médical ?

M.N. : Seuls 20 % des gynécologues – ceux spécialisés en gynécologie médicale – sont formés sur ces sujets. Le manque d’accompagnement vient aussi du fait que beaucoup voient la ménopause comme une simple transition physiologique sans gravité médicale. Cependant, ce n’est pas parce que ce n’est pas une « maladie » qu’il ne faut pas en prendre soin. Les médecins devraient davantage écouter et informer les patientes sur cette étape de la vie, qui peut vraiment affecter leur qualité de vie.

Vous mentionnez l’importance de sensibiliser les entreprises. Quels sont vos projets dans ce domaine ?

M.N. : Nous avons lancé une offre B2B pour intégrer Omena dans les entreprises et proposer des conférences de sensibilisation sur la ménopause. Plusieurs grandes entreprises, comme Axa, Auchan et CNP, ont déjà proposé ce programme. En entreprise, les femmes en ménopause sont souvent mal comprises et cela peut impacter leur confiance professionnelle. Avec des actions de sensibilisation, nous aidons les équipes RH et les managers à mieux comprendre les symptômes et à soutenir leurs collaboratrices de manière respectueuse.

En janvier 2024, vous avez levé des fonds. À quoi serviront-ils ?

M.N. : Cette levée de fonds de 800 000 euros nous permet de passer à l’échelle supérieure. Elle a été soutenue par nos investisseurs historiques et des business angels, mais aussi par des acteurs comme le family office Fair Equity et le club d’investisseurs Mozza Angels. Nous souhaitons intensifier notre stratégie de communication pour toucher davantage de femmes et nous préparer à une expansion européenne d’ici fin 2025. Nous espérons atteindre la rentabilité à ce moment-là, tout en continuant à développer nos services.

Au-delà de la ménopause, nous réfléchissons à étendre notre accompagnement à d’autres questions de santé féminine, comme l’endométriose et le retour de congé maternité. Nous envisageons soit de développer ces services en interne, soit d’établir des partenariats avec d’autres startups spécialisées.

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