La détresse des réfugiés est déjà assez éprouvante, fuyant la plupart du temps des conditions de vie horribles. Malgré les circonstances pénibles qu’ils ont connues, il arrivent dotés de compétences et de talents qu’ils veulent simplement mettre à profit, pour se créer une nouvelle vie.
Malheureusement, des obstacles les empêchent d’avancer, avec de nombreuses années d’attente pour une demande d’asile. Cette attente est synonyme d’une lutte quotidienne afin de trouver des moyens d’occuper leurs journées. Un processus qui ralentit leur intégration.
Une étude récente a examiné la situation dans la région de Teeside au Royaume-Uni et a constaté que les gens ne veulent pas simplement un passe-temps ; ils souhaitent que ce passe-temps ait un but. La recherche révèle la frustration inhérente à des activités sans difficultés, comme regarder la télévision, qui ne font que passer le temps.
Des droits humains au travail
L’accès au travail est considéré comme l’un des droits de l’homme, en grande partie en raison de son potentiel à s’épanouir, ressentir de la satisfaction et explorer ses capacités. Comme pour les personnes de tous horizons, un travail significatif offre un large éventail d’avantages pour la santé physique et mentale, tout en participant au maintien des compétences de l’individu. C’est également un moyen de s’intégrer plus facilement dans de nouveaux environnements.
En effet, un emploi rémunéré peut aider un individu à progresser de « demandeur d’asile » à « membre actif » de la communauté. Alors, comment mettre toutes les chances de son côté pour y parvenir ?
Des recherches à la Stanford University ont tenté d’utiliser l’IA afin de mieux intégrer les réfugiés dans leurs communautés d’accueil. L’étude a révélé que l’autosuffisance économique nécessitait un éventail de paramètres tels que le niveau de scolarité de l’individu, sa connaissance linguistique et sa localisation dans son nouveau pays d’accueil. Par conséquent, l’installation est beaucoup plus facile pour certains réfugiés que pour d’autres.
Les chercheurs ont développé un algorithme pour attribuer des placements aux réfugiés sur la base de ces données, des placements leur donnant les meilleures chances d’intégration. En effet, les chercheurs estiment que cela augmente de 70% leurs chances de trouver un emploi.
« Lorsque nous examinons la crise des réfugiés dans le monde, nous comprenons qu’elle ne disparaîtra pas de sitôt et que nous avons besoin de politiques fondées sur la recherche pour la surmonter », ont-ils déclaré. « Notre espoir réside dans la conception d’une conversation politique sur les processus régissant la réinstallation des réfugiés, non seulement au niveau national aux Etats-Unis, mais aussi au niveau international. »
Réseaux ethniques
Une autre étude de Stanford a ensuite exploré les bénéfices et l’utilité d’une communauté d’origine ethnique ou linguistique commune. L’étude, qui s’est penchée sur le marché du travail suisse, a révélé que les réfugiés étaient plus susceptibles de trouver du travail au cours de leurs cinq premières années, s’ils vivaient dans une région où une grande communauté de personnes ont en commun leur nationalité, leur langue ou leur appartenance ethnique.
« Notre étude montre que les réseaux ethniques peuvent être bénéfiques pour le statut économique des réfugiés au moins dans les premières années suivant leur arrivée dans le pays d’accueil », expliquent les chercheurs.
Selon la politique officielle du pays, les fonctionnaires attribuent au hasard à chaque nouveau réfugié un logement dans l’un des 26 cantons du pays. Les réfugiés ne peuvent généralement pas quitter le canton qui leur a été attribué pendant cinq ans.
L’analyse a démontré que seulement 40% des réfugiés ont pu trouver du travail au cours de leur cinquième année dans leur pays, mais il est intéressant de noter que ceux qui vivaient dans des cantons avec une communauté ethnique plus large étaient beaucoup plus susceptibles d’en trouver un. En effet, dans de telles circonstances, environ 20% des réfugiés ont trouvé du travail en moins de trois ans, contre seulement 14% de ceux qui vivent dans une zone avec peu de compatriotes.
Projets citoyens
Tandis que le gouvernement obscurcit « l’environnement hostile » des migrants, de nombreux projets citoyens ont vu le jour pour tenter de changer la donne.
Par exemple, The Bike Project, une entreprise basée à Londres, vise à fournir aux réfugiés des vélos d’occasion ainsi que diverses formations pour bien entretenir et réparer leurs vélos si besoin.
L’organisation révèle que plus de 25 000 vélos sont abandonnés à Londres chaque année, et s’ils pouvaient être remis à des réfugiés, cela leur permettrait d’économiser une somme considérable sur leurs frais de transport.
Le projet est une coopérative de réfugiés, de mécaniciens et de bénévoles qui sont formés et capables de réparer les vélos qu’ils obtiennent des résidents de la ville. Les réfugiés ont accès à des ateliers réguliers d’entretien et de réparation de vélos afin de pouvoir prendre soin de leur nouveau bien. Ils organiseront également des formations de sécurité, et même des sessions réservées aux femmes.
Formation et certification
Un autre défi pour les réfugiés : il s’agit d’obtenir la certification de leurs compétences. L’université allemande de Kiron est un projet qui tente de surmonter ces difficultés.
L’entreprise sociale allemande offre aux réfugiés l’accès à un programme de diplôme en ligne de deux ans qui est géré en partenariat avec des fournisseurs de MOOC, avant de le suivre ensuite deux ans dans une université partenaire. À la fin du processus, le but est que les étudiants reçoivent un double diplôme dans les deux établissements dans lesquels ils ont étudié.
Le projet s’est déjà inscrit dans plusieurs organismes partenaires en Allemagne, et d’autres partenaires sont recherchés dans toute l’Europe. L’objectif final est d’inscrire 400 000 réfugiés, la cohorte initiale comptant 15 000 inscrits pour commencer les études en octobre.
Un nouveau départ
Des projets allient plaisir et apprentissage. Par exemple, Migrateful propose des cours de cuisine pour les réfugiés à Londres pour les aider non seulement à acquérir de nouvelles compétences, mais aussi à maîtriser l’anglais et gagner en confiance. Cette activité permet donc aux étudiants de pouvoir plus facilement résoudre des problèmes juridiques ou linguistiques liés à la recherche d’emploi.
Il existe également le Entrepreneurial Refugee Network (TERN), qui vise à fournir un accompagnement dans le domaine des ventes et du marketing, pour les réfugiés qui souhaitent lancer leur entreprise. L’organisme a pour but ultime de soutenir la création de 1000 entreprises, dirigées par des réfugiés au Royaume-Uni, d’ici 2025.
Les réfugiés, et les migrants en général, sont souvent caractérisés par leur grande détermination à faire quelque chose de sensé de leur vie. Ce désir peut s’avérer être extrêmement précieux pour leur communauté d’accueil. C’est pourquoi de nouvelles mesures devraient être mises en place afin de supprimer les obstacles sur leur chemin.
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