Il a dirigé des filiales dans différents pays, et aujourd’hui à 58 ans, il dit qu’il n’est pas très courageux. Elle est à la tête de 2000 personnes et elle me dit à l’entrée de la salle de formation, « tu m’excuseras mais je n’ai jamais eu tellement confiance en moi ». Comment les croire ? Pourtant ils ne font pas semblant. Qu’est-ce qui se passe chez ces dirigeants pour qu’ils s’évaluent ainsi et qu’en plus, ils osent l’exprimer à l’extérieur ? Probablement parce qu’ils sont en connexion avec leurs fragilités et leurs doutes. Loin de les pénaliser, cette capacité fait leur force, même s’ils ne le savent pas toujours.
A l’heure des bilans intermédiaires, des changements de cap ou de missions, au détour d’une formation en leadership, ces patrons refont le match,… leurs matchs. Et parce qu’ils se sont donnés à leurs projets, à leurs équipes et à leur entreprise, ces phases de capitalisation offrent des surprises, parfois inconfortables mais souvent source d’émotions bien légitimes.
Contrairement à une idée très véhiculée dans le « prêt à penser managérial », c’est parce qu’il fait régulièrement le deuil de sa toute-puissance que le manager ou le dirigeant est puissant et non l’inverse. C’est parce qu’il reste relié à sa condition toute humaine qu’il permet à l’ensemble de ses équipes d’être -comme lui- imparfaites, doutant d’elles-mêmes par moment, et donc capables d’apprendre à apprendre des périodes déstabilisantes d’échec ou de crises. Comment capitaliser sur l’expérience et construire des réponses inédites et innovantes si l’on n’utilise pas la partie de nous-même qui se sent vulnérable ? celle là même qui permet de faire des demandes, s’interroger avec d’autres, accepter la confrontation avec d’autres manières de penser et promouvoir l’intelligence collective.
Un dirigeant sans le bouton « vulnérabilité » fait peur à tout le monde et a de grandes chances d’emmener son entreprise dans le mur. Alors oui, continuons à combattre la croyance que la force d’un leader tient à sa parfaite maîtrise de lui-même (un pur fantasme). La recherche en leadership et la plus élémentaire psychologie démontrent le contraire : exercer son leadership c’est accepter de sentir quand on a besoin de s’appuyer sur d’autres ressources que les siennes. La vulnérabilité n’est pas de la faiblesse, mais bien l’une des principales forces du leader.
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