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Lucie Basch : « Avec Climate House, nous voulons accélérer la transformation écologique et sociale de notre économie »

PARIS, FRANCE - April 04 : Too Good to Go, Lucie Basch poses during a photo-shoot on April 04, 2018 in Paris, France. (Photo by Stephane Grangier - Corbis/Corbis via Getty Images)

En parallèle de Too Good To Go, Lucie Basch lance un tout nouveau projet. Au total, 80 entrepreneur.e.s la rejoignent pour créer Climate House : un lieu basé à Paris qui encourage les échanges et les synergies entre les acteurs de l’économie pour accélérer la transition écologique et sociale. Dans cette interview exclusive pour Forbes, Lucie Basch nous en dit plus sur l’initiative lancée officiellement ce vendredi.

 

Forbes : Pourquoi avoir décidé de lancer un autre projet externe à Too Good To Go ?

Lucie Basch : Cela faisait près de 5 ans que je travaillais sur le développement européen de Too Good To Go et 2 ans que j’étais présente outre-Atlantique afin de recruter de nouveaux dirigeants pour s’occuper des activités aux États-Unis et au Canada. En seulement 7 ans, Too Good To Go s’est déployée dans 19 pays à travers le monde – l’Australie ayant été officialisée tout récemment. J’ai le sentiment d’avoir fait le tour du sujet et mon désir entrepreneurial m’a amené à vouloir découvrir de nouveaux horizons. Après ce travail en profondeur sur l’expansion internationale de Too Good To Go, j’ai donc pris un peu plus de hauteur opérationnelle pour consacrer du temps à d’autres projets, dont Climate House.

 

Pouvez-vous nous expliquer simplement la mission de Climate House ?

L.B. : Avec Climate House, nous voulons accélérer la transformation écologique et sociale de notre économie. Il s’agit d’un espace de 2000 m² situé au 39 rue du Caire à Paris et où entreprises, scientifiques, activistes, investisseurs et associations unissent leurs forces pour façonner les modèles économiques de demain.

L’initiative a été lancée par 40 femmes et hommes entrepreneur.e.s dont notamment Claire Bretton (Underdog), Féris Barkat (Banlieues Climat), Maud Caillaux (Greengot), Marc Batty (Fermes en Vie), Mamadou Dembele (Impact Story), Charlotte Chenevier (The Fat Brocoli), ⁠⁠Nicolas Morby (Cozétik) et moi-même. Toutes et tous vont mettre leur expertise entrepreneuriale, leurs ressources et leurs convictions au service de 3 missions : accompagner les startups, faciliter les échanges et disrupter les grands groupes.

Le premier pilier consiste à créer de la coopération entre les acteurs qui habitent la Climate House en colocation. Les startups hébergées auront accès à divers espaces thématiques comme un studio biomimétique, mais aussi des workshops animés par la Convention des entreprises pour le climat (CEC). Le premier atelier organisé sera par exemple la Fresque de la Rénovation le 24 octobre prochain. 

Nous prévoyons en moyenne 150 événements par an, déclinés autour de 6 thématiques et 12 formats, afin de se former et s’informer, prendre soin de son réseau, créer du lien et faire ensemble. Ils sont très variés : un « Buffet du futur » sera par exemple organisé le 5 novembre par Adrien Hennet, ancien chef, membre de l’Académie du Climat de Paris et fondateur de « On Mange Quoi ? ». 

Le deuxième pilier se traduit par l’organisation de conférences inspirantes. Le 5 novembre prochain, le mathématicien, ingénieur et écrivain Jean-Pierre Goux se chargera de rendre la transition écologique irrésistible en croisant ses connaissances en biologie, en psychologie, en mathématiques et en mythes.

Enfin, il s’agit aussi de disrupter les grands groupes. Nous nous positionnons en tant que rôle d’agrégateur entre l’écosystème d’innovation durable et le monde des entreprises pour agir en tant que caisse de résonance. Cela permettra de rendre les sujets durables plus mainstream et donc d’attirer l’attention des grands groupes.

 

Peut-on qualifier Climate House de Station F du climat ?

L.B. : Je trouve cela un peu réducteur, car Station F se concentre surtout sur la tech. Climate House réunit une communauté de 500 acteurs clés de la transition et cela peut inclure des entrepreneurs, des investisseurs, des scientifiques mais aussi des artistes, activistes et des humoristes. Je suis convaincue que la transition de l’économie passera par une pluralité de profils et la tech doit aussi se rapprocher des personnes qui ne pensent pas comme elle.

 

Avez-vous prévu des objectifs d’impact chiffrés dans le cadre de votre mission ?

L.B. : La mesure de l’impact est importante mais nous sommes pour l’instant surtout concentrés sur l’ouverture et le bon fonctionnement de Climate House. Face à l’urgence climatique, nous sommes tous dans la même équipe et Climate House est justement en cours d’obtention de l’agrément ESUS, ce qui fait de nous une entreprise solidaire à forte utilité sociale. 

Il faut allier l’écologie à la fois aux enjeux économiques et sociaux. Une initiative à impact peut être rentable, mais il faut aussi pouvoir embarquer le collectif et donner au public l’envie d’y aller. Notre première mission reste de dessiner des futurs souhaitables et cela passe par plus d’autosuffisance et moins de surconsommation.

Je préfère d’ailleurs ces termes à « sobriété » ou « décroissance » qui ont malheureusement un écho négatif auprès du grand public. Mais l’écologie peut être présentée comme positive, joyeuse et accessible : le plaisir de cuisiner local est par exemple un formidable retour à l’écologie.

 

Toutes les entreprises peuvent rejoindre ou contribuer au financement de Climate House ?

L.B. : Concernant la sélection de ces entreprises, nous nous sommes mis d’accord entre fondateurs qu’il est très difficile de fixer une règle immuable. Cela se fait au cas par cas et surtout en fonction de l’intentionnalité du dirigeant et la marge de manœuvre dont il dispose pour mener son groupe vers une transition durable.

En réalité, il est très difficile pour les grands groupes de mener une transformation de cette ampleur et nous sommes là pour les accompagner de manière holistique, du moment que leur intention de changer s’avère claire et sincère. La banque LCL sera par exemple de la partie : Serge Magdeleine vient tout juste de prendre la direction de cette banque et s’est rapproché de nous pour trouver de nouvelles pistes de transformation.

 

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