Sortie de terre en 2015, la start-up Lok-Iz, portée d’une main de maître par la fratrie Hanafi, Safir le benjamin épaulé par sa grande sœur Lamia, a réussi, avec brio, à transformer chaque internaute en potentiel apporteur d’affaires immobilières. Tout cela en quelques clics afin de dépoussiérer, du même coup, un secteur trop longtemps prisonnier de canons sclérosés.
Une affaire de famille. Enfants de marchand de biens, Lamia Hanafi et son frère Safir, maîtres d’œuvre du projet Lok-Iz, baignent depuis leur plus tendre enfance dans le monde de l’immobilier et de ses codes. Ressentant, comme tout un chacun, de la curiosité et de l’intérêt pour l’activité paternelle, les deux jeunes adolescents se prennent au jeu et se « challengent » pour trouver de nouveaux acquéreurs ou dénicher diverses « pépites » à mettre en vente pour le compte de leur père. « Nous utilisions ainsi notre propre réseau soit pour vendre soit pour trouver de nouveaux biens. De fil en aiguille, à chaque apporteur d’affaire, notre père a décidé de nous rémunérer, tout travail méritant salaire. C’était la course permanente avec ma sœur », se rappelle, l’œil brillant, Safir Hanafi. Une aventure familiale que les deux entrepreneurs vont s’évertuer à retranscrire des années plus tard en portant sur les fonts baptismaux un modèle peu ou prou similaire : récompenser chaque apporteur d’affaires immobilières en tissant son propre réseau. « La stratégie des agences immobilières dites traditionnelles reposent sur deux piliers pour obtenir des mandats de vente : soit elles font de la prospection ou, seconde hypothèse, elles créent des réseaux d’apporteurs d’affaires auprès d’un public ‘d’initiés’ en l’occurrence plombiers, électriciens ou encore gardiens d’’immeuble », déroule le jeune homme.
Un deuxième « versant » du métier vers lequel va s’orienter Lok-Iz qui a noué divers partenariats avec des associations regroupant ces catégories de professions, mais pas que. Tout internaute peut ainsi intégrer la « communauté Lok-Iz » déjà riche d’un bataillon de 400 000 ‘lokizers’, sans conditions de ressources ou de diplômes, en quête de la « perle rare » contre rétribution pécuniaire, cela va de soi. « Toute personne en possession d’une information – vérifiée au préalable – la communique à nos agences partenaires en échange d’une rémunération. L’idée est de digitaliser la prospection immobilière », souligne Lamia Hanafi, deuxième tête pensante de la « fusée Lok-Iz ». Un modèle qui fait largement ses preuves, comme en atteste la puissance de la communauté – le modus operandi étant d’une facilité déconcertante – qui permet de dépoussiérer un secteur, peu enclin à se renouveler… mais dont les plus éminents représentants admirent les prouesses de la jeune pousse avec les yeux de Chimène. Ainsi, Foncia va tester l’outil sur certaines de ses agences avant d’étendre le dispositif à l’échelon national. Lok-Iz, soutenue par la FF2I (Fédération Française de l’Internet Immobilier) attise également la convoitise d’autres grandes structures désireuses de profiter des innovations de la plateforme. Citons pêle-mêle le réseau de Stéphane Plaza, le pôle immobilier du milliardaire François Pinault, ou encore ORPI avec lesquels les discussions sont en cours. Signe de la vitalité du « savoir-faire » Lok-Iz.
Changer les mentalités
Arnaud Viallaneix, ex-directeur marketing et digital de Foncia, qui a rejoint le board de Lok-Iz il y a peu, confirme que la jeune pousse a, à sa manière, su bousculer les codes. « Nous répondons à une demande forte du marché de façon contemporaine. Aux antipodes des techniques de « boitage » un peu désuètes. Cela nous permet également de nouer un lien avec des populations pertinentes en matière de rentrée de mandats qui ne sont pas toujours considérées, en l’occurrence les plombiers et concierges énumérés en préambule qui peuvent s’avérer bien plus efficace en apport d’affaires que la publicité ». Ainsi, la rémunération pour « trouver » une maison, par exemple, commence à partir de 600 euros. « Soit la moitié d’un Smic », poursuit l’ancien dirigeant de Foncia. Les deux jeunes entrepreneurs ont réussi le pari de « relier le meilleur des deux mondes » en s’entourant de professionnels aguerris. Outre Arnaud Viallaneix, la jeune structure prometteuse dispose également des conseils et de l’entregent d’Henry Buzy-Cazaux, qui distillait déjà ses recommandations à Pierre Méhaignerie, ancien ministre du logement.
Véritable « détonateur » dans le monde feutré et policé de l’immobilier, Lok-Iz truste les récompenses et les prix divers et variés. Dernier en date, le trophée de l’innovation ORPI & FF2I, « une distinction bien plus importante qu’une levée de fonds et autres entrées d’argent », surenchérit Safir. En outre, Lok-Iz peut également se targuer d’avoir été le seul représentant hexagonal à être convié par Barack Obama au prestigieux Global Entrepreneurship Summit 2016. « Seul 127 projets sur 10 000 dossiers de candidature aux quatre coins de la planète ont été retenus », savoure, à juste titre, Lamia Hanafi, diplômée de Neoma Business School (ex-ESC Rouen) et d’un Master anglo- américain en Droit des Affaires, à l’université de Droit, Paris Descartes. Son frère revient sur la facilité d’accès et d’usage de la plateforme. « Vous avez simplement à répondre au questionnaire, le tout en moins de trente secondes. Vous déposez une annonce pas encore référencée sur d’autres plateformes, cela va de soi. Puis, vous remplissez l’adresse dudit bien, tout en précisant si vous êtes le propriétaire ou, le cas échéant, votre lien relationnel avec celui-ci. Ainsi, l’agence disposera de toutes les informations en temps réel, et le ‘lokizer’ n’a plus rien à faire… hormis suivre le déroulement des opérations. Il est tenu au courant de chaque étape », déroule le jeune homme, également diplômé de Neoma Business School.
Ambitions internationales
Un dernier aspect particulièrement prégnant dans la stratégie de la jeune pousse. Souvent, les « apporteurs d’affaires » en dépit des promesses mirifiques des agences ne voient jamais rien venir. Aucun risque avec le système développé par la fratrie Hanafi. « Le système Lok-Iz a ce côté sécurisant pour tout l’écosystème, que ce soit pour les professionnels mais aussi pour celui qui va donner le contact. La traçabilité est intéressante et l’apporteur de mandats est récompensé à la fin du dispositif », confirme Arnaud Viallaneix. Ce qui peut offrir un complément de salaire intéressant, le plafond étant fixé à 4 000 euros annuels. « Au-delà, cela sort du cadre de l’économie collaborative et le lokizer jouit alors d’un statut spécifique », précise Safir Hanafi qui, toujours en matière de finances, enchaine sur celui de la start-up. « Nous avons délibérément pris le parti de financer nous-mêmes notre structure. Nous avons d’abord voulu démontrer la viabilité et la réussite de notre modèle, sans céder à la course effrénée à l’investissement ».
Un choix résolument gagnant pour Lok-Iz « logé » à Station F, plus grand campus de start-up du monde. « Xavier Niel, que nous rencontrons souvent ici, nous avait également conseillé d’éprouver notre concept et faire notre levée de fonds le plus tard possible. Alors pendant deux ans, nous avons œuvré à la création des fondations et la construction de notre communauté », souligne Lamia Hanafi. Une levée de fonds devrait néanmoins intervenir à l’horizon 2018 qui devrait permettre à Lok-Iz de déployer ses ailes à l’international. « Nous voulons nous associer avec des personnes ou des fonds qui connaissent le milieu de l’immobilier », souligne la jeune femme. En attendant, la maison Lok-Iz, forte de fondations solides, continue d’accueillir près de 5 000 nouveaux adeptes par mois.
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