LivMed’s a, en dix-huit mois, réalisé un parcours de géant et bousculé les lignes de la délivrance de médicaments. La start-up niçoise peut s’enorgueillir d’une double, triple, et même quadruple victoire : elle facilite concrètement la vie des personnes en situation de handicap et ALD (affection de longue durée), elle a gagné la confiance des pharmaciens, elle a convaincu haut la main des investisseurs de renom et elle a été adoubée du prix « Marie Curie » de la French Tech Rise (Coupe de France des Startups). Ils sont une équipe de quatre jeunes entrepreneurs épaulé par une quinzaine de salariés à réaliser cet exploit d’une application qui apporte un vrai confort tant aux patients qu’aux professionnels, et ils visent plus haut encore. Talel Hakimi, le CEO de LivMed’s, 25 ans, entend bien faire bouger les lignes de l’accès à la santé. Il est convaincu, engagé, motivé et désormais soutenu autant par des investisseurs renommés que par les hautes instances de l’État.
Présentez-nous en quelques mots votre start-up et application LivMed’s ?
Talel Hakimi, CEO de LivMed’s : LivMed’s est un service, accessible sous forme d’une application gratuite pour le particulier, de livraison de médicaments à domicile. Nous avons conçu une interface simplifiée et intuitive pour faciliter le scan de l’ordonnance, de la carte vitale et de la carte de mutuelle. Il est aussi possible d’obtenir des médicaments délivrables sans prescription ou des produits de parapharmacie. La livraison à domicile rapide (30 minutes), surtout dans le contexte pandémique actuel, correspond à un vrai besoin et l’adoption du service en cette période de crise a été instantanée.
En effet, avec une maladie infectieuse comme le covid, il est préférable pour les patients malades de rester chez eux et se faire livrer, de même pour les personnes fragiles ou âgées qui ne devraient pas s’exposer dans les lieux, comme les pharmacies, où tous les malades se retrouvent.
Ainsi, Livmed’s se distingue par la rapidité du service et sa disponibilité 24 h/24 grâce à des partenariats avec la quasi-totalité des pharmacies de garde dans les grandes villes françaises (300 pharmacies partenaires dans les métropoles françaises, 12 000 livreurs inscrits sur la plateforme).
Comment est née cette société ?
LivMed’s est née à Nice en février 2020. Je l’ai créée avec Mehdi Matyja (CFO) et Manon Renou-Chevalier (CMO). Je suis ami avec Mehdi depuis le collège. Nous sommes toujours restés en contact au fil des années, personnellement comme professionnellement. Sa mère vit, comme la mienne, avec une maladie chronique. Je passais beaucoup de temps à me déplacer en pharmacie pour elle, car il lui fallait régulièrement renouveler son stock de médicaments. Lorsque les barrières légales liées à l’ordonnance papier sont tombées, nous avons lancé Livmed’s. C’est tous les trois que nous avons exploré le marché et les opportunités, que nous avons imaginé le nom LivMed’s, que nous avons esquissé les premiers logos et obtenus nos premiers succès. Puis, nous avons été rejoints, pendant l’été 2021, par Étienne Leroy (COO), serial entrepreneur, pour nous aider à structurer et « scaler » notre business.
Vous venez de réussir une levée de fonds de 2 millions d’euros : pouvez-vous nous en dire plus ?
Nous venons en effet de lever 2 millions d’euros auprès d’investisseurs français et étrangers. Parmi les investisseurs notables figurent Fred Destin (Lead investor dans Pill Pack [Amazon Health], Deliveroo, etc.), Jacques Richier (Président Allianz France), Swiss courtage (Groupe JV Pastor), Romain Afflelou, ainsi que des pharmaciens clients de la solution et des entrepreneurs locaux. La levée de fonds va nous permettre de continuer les développements de l’application, avec, entre autres, l’intégration de partenaires de téléconsultation. La start-up va renforcer ses équipes opérationnelles et marketing en recrutant 20 personnes d’ici à juin 2022. En vue de la prise en charge immédiate des frais de livraison, Livmed’s se rapproche d’Almerys, premier gestionnaire du tiers-payant. Présents uniquement en France pour le moment, nous voulons conforter dans les mois à venir notre position de leader de la livraison de médicaments à domicile avant de nous lancer à la conquête des marchés voisins européens.
Dans quel contexte et avec quelles attentes avez-vous candidaté au prix « Marie Curie » de la French Tech Rise ?
Ce prix est à la fois une belle surprise, une grande fierté et une nouvelle opportunité pour aller plus loin encore dans notre projet. Nous avions participé, cinq mois plus tôt, à la French Tech Summer à Nice. C’était au moment où nous lancions notre levée de fonds : nous savions que notre participation nous permettrait de rencontrer des investisseurs. Nous avons présenté notre projet, qui a été remarqué. La French Tech Côte d’Azur nous a rappelés, car nous avions été sélectionnés pour « pitcher » à Paris, lors de l’événement French Tech Rise, dans la catégorie HealthTech. Notre service a plu aux VC (Venture Capitals) qui se sont projetés dans notre projet, appuyé par des chiffres et métriques concrets, ainsi que quelques mois d’existence marqués par un succès prometteur.
Que vous apporte-t-il pour le développement de votre projet ?
L’obtention de ce prix représente, pour nous, un marqueur de confiance du Gouvernement et, vis-à-vis de la profession des pharmaciens, un gage de sérieux. Elle montre que les hautes instances gouvernementales valident et soutiennent notre concept. Avoir cet appui nous rassure autant qu’il rassure les nouveaux pharmaciens qui veulent nous rejoindre. Nous avions observé ce changement de paradigme pour Doctolib : avant que l’État en parle et utilise l’outil, des médecins restaient sur la réserve, mais depuis que l’État l’a désigné comme un service fiable, la donne a changé et Doctolib a été pleinement adopté par tous. Le prix « Marie Curie » nous a ouvert des portes au plus haut niveau. Cédric O, Secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électronique, qui nous a remis le trophée, nous a permis d’obtenir des rendez-vous avec les représentants des hautes instances, décisionnaires, entre autres, sur des sujets comme la prise en charge de la livraison de médicaments pour les personnes en situation de handicap ou en ALD. Cela permettrait à toutes les mutuelles d’intervenir, car, à ce jour, seules quelques-unes prennent en charge la livraison des médicaments à domicile. Nous avons aussi pu aborder le sujet de la livraison des vaccins aux infirmières pour la vaccination à domicile.
Aujourd’hui, LivMed’s se positionne comme un acteur incontournable pour la digitalisation de l’activité pharmacienne en France. Elle accompagne les pharmaciens au quotidien dans leur transition numérique, devenant un acteur clé pour le développement d’un e-commerce sain, conforme aux exigences des métiers de la santé. Elle contribue au bien-être de dizaines de milliers de personnes pour qui le passage en pharmacie est compliqué et, par conséquent, un obstacle à leur bien-être. LivMed’s sera-t-elle la prochaine licorne française de la HealthTech ? Une chose est certaine : elle marche dans les pas de sociétés comme Doctolib ou Alan, deux entités qui ont, chacune, à leur manière, révolutionné en le facilitant l’accès au soin, pour le patient comme pour le professionnel de santé.
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