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L’état de « Flow » : clé de la super-performance entrepreneuriale

Comment se mettre en état de « flow », ou l’art de la transe productive. 

A notre époque, où le surcroit d’informations, de distractions, de réseaux sociaux, accapare notre temps et notre cerveau,  il parait de plus en plus difficile de rester focus sur une seule et unique tache. De plus, la pression du travail peut parfois conduire à un stress accru voire au burn out. Dans ces conditions, il est essentiel d’adopter des stratégies pour maintenir un haut niveau de productivité tout en préservant la santé physique et mentale. En tant que médecin, je me suis penché sur des méthodes efficaces pour optimiser le travail d’une manière scientifique et éthique. Aux USA, ces méthodes sont souvent regroupées sous le nom de « biohacking », sujet sur lequel j’ai déjà écrit un article. Dans le présent article, je citerai plusieurs concepts et plus particulièrement celui de « Flow », ou « état de flux » en Français.

Cette expérience, que chacun a déjà vécu sans s’en rendre compte et qui nous rend totalement immergé dans une activité au point de perdre la notion du temps, est recherchée par les entrepreneurs cherchant à maximiser leur efficacité et leur créativité. Lorsque vous êtes en flux, votre productivité et votre créativité explosent. Steven Kotler, auteur de The Rise of Superman, a découvert qu’être dans le flux peut augmenter la productivité de 500 à 700 %.

Un rapport de McKinsey & Co. a étudié 5 000 cadres lors d’ateliers. Et a conclu que les cadres supérieurs en flow sont 5 fois meilleurs et plus productifs que ceux qui ne le sont pas. (Cranston S., Keller S. “Increasing the ‘meaning quotient’ of work” McKinsey Quarterly January 2013)

Le terme de « Flow » a été popularisé par le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi dans les années 1970. Il a décrit le flow comme un état mental où la personne est pleinement engagée dans ce qu’elle fait, avec un niveau élevé de concentration et de satisfaction. Cet état est connu des artistes et des sportifs notamment qui l’appellent parfois « la zone ». (Csikszentmihalyi, M. (1990). “Flow: The Psychology of Optimal Experience”. New York: Harper and Row) : « Etre pleinement impliqué dans une activité pour elle-même. L’ego disparaît. Le temps passe. Chaque action, mouvement et pensée découle inévitablement de la précédente, comme jouer du jazz. Tout votre être est impliqué et vous utilisez vos compétences au maximum. »

Du point de vue neurologique, l’état de flow est associé à une modification de l’activité cérébrale, notamment dans les régions préfrontales qui sont le siège des fonctions supérieures. L’état de flow est considéré comme un état d’hypofrontalité transitoire. (Dietrich A. “Transient hypofrontality as a mechanism for the psychological effects of exercise.” Psychiatry Research. 2006 Nov)

Cet état se caractérise par une diminution de la conscience de soi et une concentration accrue sur la tâche à accomplir. La tache est alors accomplie d’une manière fluide, presque automatique sans recours à l’intellect ou autocritique.

Pour aller plus loin et découvrir comment « hacker » cet état, il faut comprendre que les cellules du cerveau, les neurones, communiquent entre elles grâce à des messagers chimiques appelés « neurotransmetteurs ».  Le flow est caractérisé par la libération de plusieurs neurotransmetteurs, notamment la dopamine, la sérotonine, l’endorphine, et l’anandamide. Ces substances contribuent à la sensation de plaisir, de plénitude, d’augmentation de la capacité de concentration, d’apprentissage et de créativité. Pourquoi être en flow est si grisant ? L’anandamide (du mot sanskrit signifiant « bonheur ») affecte principalement les récepteurs cannabinoïdes ! (Mahler S.V., Smith K.S., Berridge K.C. “Endocannabinoid hedonic hotspot for sensory pleasure: anandamide in nucleus accumbens shell enhances ‘liking’ of a sweet reward.” Neuropsychopharmacology. 2007 Nov)

Concrètement, comment atteindre le Flow ? Le point crucial est l’équilibre entre le niveau de compétence et le défi de la tâche. Une compétence supérieure au défi entraine l’ennui. Un défi supérieur à la compétence entraine du stress. Être en flow n’est pas vraiment possible en dehors de cette condition. Un objectif challengeant mais réaliste est source de satisfaction une fois atteint.

Quelles sont les autres conditions du flow ? Se mettre dans les bonnes dispositions mentales en utilisant des applications permettant de limiter l’accès aux distractions (notifications, SMS, réseaux sociaux…) et dans de bonnes conditions ergonomiques avec un espace de travail bien organisé.

Dernier « biohack » pour maitriser le flow : les nootropiques. Souvent appelés « smart drugs » ou « drogues intelligentes », ce sont des substances qui peuvent améliorer les fonctions cognitives, telles que la mémoire, la créativité, ou la motivation. Pour les entrepreneurs cherchant à atteindre l’état de flow, l’utilisation de nootropiques peut offrir un coup de pouce supplémentaire. Toutefois, il est essentiel de les utiliser avec précaution et idéalement sous supervision médicale. (Nootropics as Cognitive Enhancers: Types, Dosage and Side Effects of Smart Drugs Matěj Malík , Pavel Tlustoš , Nutrients 2022 Aug.)

Certaines plantes ou compléments alimentaires peuvent aider à atteindre le même état. Ces substances aident à réduire la fatigue et à augmenter la focalisation, facilitant ainsi l’entrée dans un état de flow. Par exemple, la Caféine peut améliorer la concentration et la vigilance, la Rhodiola rosea peut améliorer l’endurance mentale pour rester focus dans une activité pendant de plus longues périodes, l’Ashwagandha ou le L-Théanine peuvent aider à réduire le stress et l’anxiété qui bloquent l’entrée en flow, la Bacopa monnieri peut améliorer la mémoire et la vitesse d’apprentissage… (Panossian A, Wikman G. Effects of Adaptogens on the Central Nervous System and the Molecular Mechanisms Associated with Their Stress-Protective Activity. Pharmaceuticals (Basel). 2010;3(1):188-224.)

Pour un professionnel, atteindre l’état de flow est un vrai « game changer ». Cet état, qui permet d’être totalement immergé et concentré sur une tache, permet d’augmenter l’efficacité. Bref, de travailler plus et surtout plus intelligemment.

 

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