Face aux nouveaux enjeux de l’engagement des collaborateurs dans l’entreprise, les dirigeants devront faire preuve d’agilité et d’ouverture pour dépasser les contradictions de notre époque.
Contradiction n°1 : les valeurs contre la valeur :
La volonté de manager par les valeurs est affichée par de nombreuses entreprises. C’est pourtant la logique productiviste qui, encore trop souvent, prévaut dans les grandes entreprises avec la recrudescence de process et le triomphe de la « gouvernance par les nombres », au détriment d’une dimension incalculable mais essentielle du travail : la créativité. Permettre à chaque salarié de comprendre comment il peut à sa manière augmenter son impact dans l’entreprise est une voie intéressante pour lui donner envie de participer efficacement au succès collectif.
Contradiction n°2 : la responsabilité contre le métier :
Pour l’entreprise, s’inscrire dans une action responsable est un enjeu d’attractivité, de crédibilité et même de survie. Pour le public, toutefois, l’engagement des entreprises reste largement insuffisant, encore souvent considéré comme l’instrument d’une posture au service de l’image employeur. En cause : la confusion entre « responsabilité sociale » et « réceptivité sociale », qui fait énoncer des raisons d’être en écho à des idéaux et se révèlent loin de l’objet de l’entreprise. Or la définition de la raison d’être constitue une opportunité unique de réinscrire le métier de l’entreprise dans son utilité pour la société. La valeur de l’œuvre collective s’en trouve alors éclairée.
Contradiction n°3 : la diversité contre la cohésion :
On n’a jamais autant parlé de diversité, mais en n’abordant le sujet que sous le prisme de catégories à « cocher », on n’adresse pas les fondements de toute cohésion sociale : la question du rapport à l’autre, des individualités telles qu’elles sont. La vraie question, au fond, du vivre-ensemble. La cohésion sociale, on le sait, suppose d’articuler deux approches contradictoires : s’appuyer d’une part sur les différences, et d’autre part sur les ressemblances ! Par les ressemblances, on favorise la construction d’une identité commune ; par les différences, on favorise l’innovation. Aussi faut-il accepter la singularité, car ce sont bien les sensibilités multiples qui sont la source de critiques constructives et qui font avancer l’œuvre collective.
Contradiction n°4 : la proximité contre la flexibilité : L’entreprise est aussi appelée à dépasser les contradictions entre le besoin de proximité – qui repose essentiellement sur les liens interpersonnels – et le développement de l’hybride – qui repose sur l’individualisation au travail. Deux aspirations qui doivent pourtant alimenter un même projet collectif et renforcer la confiance. Mais soyons clairs, c’est la présence sur le lieu de travail et la proximité qui limitent le turn over, et facilitent les liens et la confiance. Le télétravail, de son côté, a rendu la recherche d’un équilibre pro/perso prioritaire. Il faudra désormais répondre à cette double injonction : être distant et proche à la fois !
Pascale GIET
Auteure de « La Grande Impatience, les entreprises face à la transformation de l’engagement »
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