Créée par la Savonnerie du Midi (elle-même fondée en 1894 à Marseille), La Corvette® est la plus ancienne marque de savon de Marseille encore commercialisée, aussi bien en France qu’à l’étranger. Un joyau du patrimoine français, labellisé Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV) en 2020, qui a su capitaliser sur son savoir-faire pour exporter son produit à l’étranger.
Quelles sont les raisons pour lesquelles votre entreprise familiale PRODEF s’est intéressée à la Savonnerie du Midi ?
Guillaume Fievet : Nous voulions développer notre activité en faisant l’acquisition d’une marque ancrée sur un territoire local, et qui puisse créer des synergies avec notre groupe PRODEF (Produits d’Entretien Français). La Savonnerie du Midi cochait toutes les cases, avec un produit de renommée internationale, qui séduit en France comme à l’étranger.
Qu’est-ce qui fait la spécificité du savon de Marseille ?
G. F. : Le respect de trois critères cumulatifs que sont le critère géographique, la saponification doit avoir lieu à Marseille ou dans sa région, l’utilisation d’ingrédients 100% naturels, et le respect des procédés de fabrication traditionnelle, qui durent entre 7 à 10 jours.
Comment fait-on pour moderniser une marque qui repose sur un savoir-faire traditionnel ?
G. F. : Le premier enjeu consiste à perpétuer un savoir-faire en sécurisant l’outil de production. Lors du rachat en 2013, nous avons investi la somme de deux millions d’euros pour rénover les chaudrons dans lesquels sont fabriqués les savons de Marseille. Ensuite, il faut challenger le sourcing des ingrédients. Ceux-ci doivent respecter les processus traditionnels, tout en nous permettant d’être écologiquement certifiés (80% de la gamme). La Corvette est d’ailleurs la première savonnerie à avoir lancé un savon de Marseille labellisé Ecocert. La réussite passe par la nécessité de trouver un équilibre entre innovation et préservation de notre savoir-faire.
La Corvette jouit de la renommée internationale du savon de Marseille. Comment capitaliser sur cet acquis tout en se différenciant de la concurrence ?
G. F. : Tout d’abord, en obtenant une reconnaissance d’État de la spécificité de notre produit. En 2011, 4 savonneries des Bouches-du-Rhône se sont associées pour former l’Union des Professionnels du Savon de Marseille, et en 2015, un dossier a été déposé pour obtenir une Indication d’Origine Protégée (IGP) du savon de Marseille. Une reconnaissance de ce type serait une étape supplémentaire dans la mise en valeur de notre savoir-faire. Pour promouvoir notre maison, nous avons aussi ouvert en 2018 le musée du savon de Marseille, afin de faire œuvre de pédagogique auprès des touristes et de la clientèle locale. Des actions de communication que nous relayons également online et sur les réseaux sociaux. Communiquer sur le choix de nos ingrédients naturels est également clé, puisque nous adressons en priorité à des consommateurs engagés et avertis.
Dans quels pays souhaitez-vous axer le développement de la marque La Corvette ?
G. F. : Principalement dans des zones où les marques France et Provence ont une aura et suscitent de l’intérêt. Autrement dit au Japon, en Corée et à Taïwan, des pays où nous sommes déjà présents et où nous souhaitons nous renforcer. D’ailleurs, notre directeur export vient de déménager en Asie pour relever les défis associés à ce nouvel axe stratégique.
Le vrac et la question du sans emballage s’annoncent comme des tendances de fond du marché des produits d’hygiène et de beauté. Comment vous positionnez-vous sur ces sujets ?
G. F. : Il y a clairement un intérêt croissant du grand public pour le format solide. En tant que marque de produits naturels, nous souhaitons encourager ce mouvement, et cela passe par la transformation des modes de consommation. Notre best-seller est d’ailleurs notre savon de Marseille solide à base d’huile d’olive. Depuis, nous avons innové en 2018 avec un savon vaisselle solide, qui a ouvert la voie à 3 nouvelles déclinaisons. L’avantage de ce format est qu’il permet de supprimer l’emballage quand c’est possible, notamment dans les circuits de distribution spécialisés comme Biocoop. Dans les grandes surfaces, les contraintes réglementaires relatives à la mention des ingrédients ralentissent le mouvement, mais j’ai bon espoir qu’à terme là aussi, les choses évoluent.
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