Le Web2Day, festival tech et start-up qui se déroule à Nantes les 13, 14 et 15 juin, fête sa 10ème édition. S’il se veut toujours aussi festif en se présentant comme le « digital springbreak », le Web2Day compte mettre l’accent cette année sur le sens et l’éthique dans le numérique. Et s’installer comme événement incontournable de la tech française.
Nantes. Il a insisté sur le mot. « Sens ». Ce mercredi 13 juin, en ouverture du Web2Day, événement numérique et printanier qui se déroule à Nantes jusqu’au 15 juin, Adrien Poggetti, CEO de La Cantine et organisateur du Web2Day, a mis l’accent sur le fil rouge de ces trois jours de conférences, le sens. Comme si, arrivés à taille adulte, le numérique et la tech devaient (enfin) réfléchir à l’éthique, à leur raison et leur manière d’être.
« Le sens était déjà une thématique présente l’an passé, cette année, c’est un vrai choix. Nous ne sommes pas hors sol, nous sommes dans une phase d’éveil », ajoute Magali Olivier, directrice opérationnelle de La Cantine. « Nous sommes entrés dans la 4ème révolution industrielle, donc nous ne pouvons pas passer à côté des questions de l’utilité et du sens ! » Web2Day a donc convié 270 « speakers » aussi variés que de purs techniciens, mais aussi des profils ouverts sur l’art et les sciences humaines.
Cette 10ème édition a commencé fort, avec deux interventions matinales pour donner le ton. Sur la Maxi scène de l’espace Stereolux, après le concert – à l’heure du café – du groupe nantais EM Sheperd, Sandrine Roudaut, ancienne pubarde spécialisée dans la stratégie de marques et reconvertie dans l’écriture et l’édition, a réveillé la salle sur la thématique des utopies. Suivie de celui qui se présente comme « futuriste », Jean-Christophe Bonis, également CEO d’Oxymore, sur la question homo deus : si la technologie nous permet de tout réaliser, doit-on autant tout faire ?
Utopies lucides
Dans des conférences très proches des show Tedx, les deux intervenants ont tour à tour interpelé le public. « Un utopiste, c’est quelqu’un d’extrêmement lucide qui a eu le courage de regarder la réalité en face », attaque Sandrine Roudaut. Or, cette réalité, ajoute-t-elle, est que le numérique est polluant avec l’extraction, par des enfants, des ressources nécessaires à la fabrication des smartphones et ordinateurs, et énergivore avec les datacenters. Elle donne alors l’exemple de Qarnot Computing, une entreprise française qui crée des chauffages tirant leur énergie de la puissance de calcul. Des chauffages pour l’instant essentiellement installés dans des logements sociaux. Un cercle vertueux serait donc possible dans la tech et le numérique. Tout serait donc question de choix.
Et il faudra en faire des choix, car le numérique et la technologie nous permettront bientôt de tout faire. Attention danger ? C’est en tous cas ce que l’on se dit en écoutant Jean-Christophe Bonis. Selon lui, Black Mirror n’est plus de la fiction. En effet, en Chine, un social credit system a été mis en place, une société de la notation et donc de la surveillance. Minority Report, on y est déjà, toujours en Chine, nous raconte-t-il.
Pour une IA consciente
Autre thématique abordée en cette première journée, l’intelligence artificielle. « L’IA, les cryptomonnaies et les données personnelles sont les trois sujets incontournables cette année », estime Magali Olivier de La Cantine. « Le grand public, les entreprises, mais aussi les gouvernements s’en emparent. »
Sur scène, on s’interroge : « l’intelligence artificielle est-elle une personne comme les autres ? » Nathalie Nevejans, maître de conférence en droit privé a rédigé une lettre ouverte à propos d’une résolution européenne sur les règles de droit civil en robotique de février 2017. Si celle-ci n’a pas de valeur juridique elle ouvre la question de l’attribution d’une personnalité juridique à la machine. « Aujourd’hui, si un accident se produit avec un robot aspirateur, la responsabilité incombera au fabriquant pour défaut de fabrication, ou à l’utilisateur s’il a décidé d’aspirer le chat du voisin », explique-t-elle. Or, calquer la personnalité électronique sur la personnalité physique, c’est donner des droits et devoirs au robot et c’est déresponsabiliser les fabricants.
Quelle éthique alors pour l’IA ? Pour David Sadek, vice-président recherche, technologie et innovation chez Thalès, il faut absolument se poser la question des mécanismes d’apprentissage. « L’homme doit rester dans la boucle des prises de décisions », indique-t-il donnant les exemples de différents biais reproduits par l’IA. « Le travail préalable de qualification des données est indispensable pour identifier les biais et rééquilibrer. »
ICO, FrenchTech, drones…
Financer sa start-up en ICO, test de drones, villages de start-up, fake news… Les sujets étaient variés en cette première journée du Web2Day dont l’organisation est réalisée tambours battants en six mois, par l’équipe de La Cantine composée d’une dizaine de personnes.
Il y a dix ans, le budget était de 4 000 euros et l’événement accueillait 200 personnes. Aujourd’hui, Web2Day, c’est un budget de 500 000 euros. « Le forfait (de 300 euros pour les trois jours) ne couvre pas les frais d’organisation », explique Magali Olivier. Web2Day s’appuie donc sur des partenaires, qui louent un stand sous les nefs, à quelques pas du désormais célèbre éléphant des machines de Nantes.
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