Champion du monde de ski freeride, Julien Lopez est un adepte résilient de la prise de risques. Des pistes au monde du business, c’est la même détermination qui anime le prorider. Rencontre à Bpifrance Inno Génération avec un entrepreneur aux multiples casquettes.
Forbes : Des pistes de ski au projet Investimer, parlez-nous de votre parcours atypique.
Julien Lopez : Je suis skieur professionnel, mais aussi investimer. Un investisseur a de l’argent, un investimer a du temps qu’il consacre à ses projets de cœur. Le mien m’a été dicté par ma mère quand j’étais petit. J’ai grandi sur les pistes de ski, donc mon projet de cœur était de devenir skieur prorider. C’était mon métier, et je suis devenu champion du monde de freeride. Mon activité m’a amené à partir à l’aventure dans différents pays, où je me déplaçais avec ma tribu de proriders, de caméramen et de photographes aux quatre coins du monde. À l’époque, des compagnies comme Airbnb ou Easyjet n’existaient pas, donc il n’y avait pas cette facilité que l’on a aujourd’hui à réserver un billet d’avion en sortant son téléphone, et se retrouver à l’autre bout du monde. Mais je trouvais cette perspective très intéressante. Je ne me rendais pas encore compte ce que j’allais faire, mais j’ai fini par avoir le déclic. Comme tout champion, je traversais des blessures. Une blessure, c’est un moment difficile qui est aussi un moment de remise en question. Et cela vaut dans le sport comme dans l’entrepreneuriat, qui est un parcours qui requiert beaucoup d’agilité, à l’image du ski freeride.
Comment s’est lancé votre parcours entrepreneurial ?
J.L. : Une blessure m’a fait m’éloigner des pistes pendant deux ans, et j’en ai profité pour aller prendre des cours au CESNI. Pendant cette formation, j’ai pris un appartement avec ma tribu de proriders. Lorsque j’ai terminé mes études, mes amis sont partis et j’ai gardé cet appartement que j’ai ensuite mis à louer. Il n’y avait pas de sites internet adapté, donc je faisais à l’ancienne, en mettant des annonces sur bouts de papier dans la rue. La location marchait très bien. Tellement bien que j’ai décidé de racheter l’appartement du dessus, de le rénover et de le louer également. On était en 2004, et je me suis alors confronté à un nouvel enjeu : l’automatisation des tâches. J’ai donc créé un site internet en PHP 4 qui me permettait d’éditer des baux automatiquement. J’ai mis tout de suite la digitalisation au cœur du métier de l’immobilier. J’ai développé ce site en application il y a une dizaine d’années, elle m’a permis de déployer mon parc immobilier de façon exponentielle.
Comment avez-vous développé ce projet immobilier ?
J.L. : C’était la genèse de l’histoire, mais ce qui a permis à mon projet de changer de dimension, c’est Bpifrance. Je parlais sans cesse de mon projet immobilier et de cette application, et on m’a dit de chercher des investisseurs et déployer cette idée au plus grand nombre. Me voilà donc en 2017 à BpiFrance Inno Génération. Je cherchais un partenaire pour développer mon projet à grande échelle et j’ai rencontré le cofondateur d’Infogram, avec qui le projet s’est très vite lancé. Ça fait maintenant 3 ans que l’on a mis en route le projet en suivant un modèle en deux temps. D’abord, bedandfriends.com, la plateforme sur laquelle on choisit et on récupère son logement, puis le projet Investimer. L’aspect différenciant et disruptif de notre système dans le monde de l’immobilier, c’est que l’on propose le service de logement sous forme d’abonnement. Il faut avoir un bail pour rentrer chez soi. L’idée : le locataire rencontre son « capitaine de coloc », qui le valide et une fois validé, le dossier est déposé en ligne puis le locataire a accès à son logement grâce à des portes digitales et connectées.
C’est un concept inédit dans le monde de l’immobilier. Comment fonctionne ce système ?
J.L. : Cela fonctionne soit sur abonnement, soit sur bail pour un séjour long. On peut dire que suis le bêta-testeur de mon système puisque j’ai créé tout un modèle. D’abord, le locataire est simple locataire de son appartement, puis il s’occupe avec moi de l’appartement, devenant « coloc », puis « capitaine de coloc ». Après quelques années, si les statistiques montrent que c’est un bon capitaine de coloc avec un bon taux de remplissage et une bonne note de qualité de vie, je lui propose d’être éligible au projet investimer. Contre du temps, le locataire devient propriétaire de son logement. En fait, en s’abonnant à une tribu citoyenne du monde, une personne va pouvoir vivre dans des logements exceptionnels, bien placés, connectés et designs. Ce que je cherche, c’est créer des spots, des lieux de vie où les gens peuvent vivre de super expériences, fortes et fédératrices. J’ai donc d’un côté la plateforme Bed & Friend, et de l’autre le projet Investimer, qui permet d’investir , en temps, dans son logement et de vivre de son projet de cœur.
Quels conseils donneriez-vous à d’autres entrepreneurs en cette période de crise ?
J.L. : C’est sous la contrainte que l’on voit les meilleurs. Il faut garder l’ambition et avoir le regard fixé sur son rêve. L’important, c’est la résilience. L’entrepreneuriat, c’est un long chemin semé d’embûches, et pour s’en sortir il faut avant tout de l’agilité et du rebond. Il faut garder la foi dans son projet et toujours aller de l’avant. C’est bien souvent sous la pression que l’on crée des diamants.
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