Le premier coach culinaire interactif sort alors de terre. Objectif : permettre aux gens, via un format vidéo de reproduire des recettes à l’identique. QOOQ devient ainsi officiellement la première tablette au monde… sans savoir qu’Apple planchait sur un iPad. Jean-Yves Hepp, toujours en avance, parvient à lever 3 millions d’euros auprès d’anciens clients de McCann mais également auprès du fond 123Venture… le 30 septembre 2008, jour de l’effondrement de Lehmann Brothers. Un heureux présage, finalement. Entre temps, l’iPhone est arrivé et UNOWHY lance deux applis : iDélices, 50 recettes de cuisine pour l’iPhone et iVidéoCocktails, 50 recettes de cocktails en vidéo. Le succès est immédiat et fulgurant, les deux applis caracolant en tête de l’AppStore, chose inimaginable aujourd’hui. La papesse de la télévision américaine Oprah Winfrey porte aux nues ce précieux objet au design épuré – réminiscence des années Nespresso de son fondateur – dont elle avoue ne jamais se séparer. « J’ai fait tous les 20h le même jour », se rappelle Jean-Yves Hepp.
Redescendre sur terre… pour atteindre les cieux
Mais plus dure sera la chute. « Paradoxalement, cet épisode a failli nous tuer », relate le fondateur. Et de poursuivre. « Cela a fait tellement de bruit qu’en deux semaines nous n’avions plus rien à vendre. J’ai failli y passer, nous nous sommes fâchés avec notre fabricant ». Avant de finalement repartir de l’avant et de tirer les enseignements de cet épisode. « La croissance peut être très dangereuse quand elle n’est pas maîtrisée et anticipée ». Toujours désireux d’explorer d’autres contrées – parallèlement au développement de QOOQ – Jean-Yves Hepp se met en quête d’un nouveau projet. Ayant mis en lumière, bien avant Arnaud Montebourg et Yves Jégo, les vertus du « Made in France » en rapatriant la fabrication de ses tablettes dans l’Hexagone, l’entrepreneur et ses équipes planchent sur un nouveau projet et se lancent à la conquête d’un nouveau marché : la e-éducation. Avec pour ambition d’inventer le numérique à l’école. Tout un programme.
Homme de challenge, Jean-Yves Hepp relève le défi et commence par remporter un appel à projet en septembre 2012. La feuille de route est limpide : assurer la transition vers l’école du numérique en trois ans avec à disposition 8 500 élèves et 350 profs au sein du département « test » de la Saône-et-Loire… fief du ministre du Redressement productif de l’époque, Arnaud Montebourg. La nouvelle tablette éducative SQOOL fait son entrée dans les classes. « Pendant ces trois ans, nous étions en quelque sorte en R&D », abonde Jean-Yves Hepp. 36 mois durant lesquels les imperfections sont corrigées et le dispositif perfectionné avec et pour les enseignants et les enfants, afin de coller au plus près des usages. C’est alors que François Hollande pose les jalons, le 7 mai 2015, du grand plan numérique pour l’éducation (PNE) avec en ligne de mire 2018 « où 100% des collégiens devront être équipés d’une tablette ». 2 milliards d’euros sont mis sur la table : 1 milliard par l’Etat plus 1 milliard de la part des collectivités locales. Le fondateur de UNOWHY ne laisse pas passer sa chance.
Samsung, Lenovo, HP distancés… avant Apple ?
« C’est simple depuis 18 mois, je ne touche plus terre », raconte Jean-Yves Hepp. Doux euphémisme tant UNOWHY a décollé en flèche passant de 1 à 90 clients SQOOL dont 23 départements… à deux départements du mastodonte Apple. « La EdTech est un marché de 200 milliards de dollars incontournable pour les GAFA ». Mais l’entrepreneur n’en a cure et a réussi à déloger en 2016 la firme de Cupertino de Corrèze, terre d’élection de François Hollande, où elle était présente depuis 5 ans. Grâce à un positionnement d’une précision chirurgicale. « Toute la différence réside dans un produit conçu sur mesure pour le monde de l’éducation. SQOOL est un véritable écosystème abritant en son sein un logiciel de gestion de la classe, un hub de contenus, un cloud avec le stockage des données en France conforme aux recommandations de la CNIL. En d’autres termes, un outil qui va permettre de gérer avant, pendant, et après la classe », souligne Jean-Yves Hepp.
Quid des critiques relatives à l’usage des tablettes à l’école qui éloignerait les enfants des outils traditionnels ? L’ancien publicitaire balaie ces assertions d’un revers de la main. « Quand nous allions à l’école, nous avions des livres et les professeurs ne nous collaient pas devant toute la journée. La tablette est un outil parmi d’autres qui accompagne l’enseignement prodigué par le professeur qui conserve sa fonction originelle. Il est celui qui transmet, qui accompagne et qui guide l’enfant », martèle Jean-Yves Hepp. Et maintenant ? Quel est l’objectif de UNOWHY ? Devenir rentable et conquérir d’autres marchés. « Nous avons des touches en Afrique de l’Ouest et en Amérique du Sud ». Le challenge est tellement excitant. Nous sommes en train d’inventer le futur », développe Jean-Yves Hepp. Et celui-ci s’annonce particulièrement radieux pour UNOWHY.
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