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Jean-Michel Karam : de MEMSCAP à IOMA, portrait d’un serial entrepreneur à succès

Jean Michel Karam
Jean Michel Karam

Ingénieur de formation, l’ancien chercheur du CNRS fait partie de ceux qui se sont positionnés très tôt sur la technologie de pointe des MEMS (systèmes électro-mécaniques). Une rampe de lancement, qui lui a permis de créer sa première entreprise MEMSCAP (spécialisée dans la fourniture de produits pour l’industrie médicale, aéronautique et au marché des communications optiques), avant de réussir une incursion dans l’univers de la beauté avec IOMA, suivie par IEVA. Portrait d’un homme d’affaires qui a fait de la mesure scientifique un véritable crédo business.

 

Du CNRS à la création de MEMSCAP

D’origine libanaise, Jean Michel Karam arrive en France en 1990, à la fin de la guerre du Liban. Une terre d’accueil où le jeune homme achève ses études d’ingénieur avant de rejoindre un prestigieux centre du CNRS, en qualité chercheur. Très vite, Jean Michel Karam s’oriente vers un secteur de niche en France et en Europe, les MEMS pour Micro Electro Mechanical Systems ou microsystèmes électromécaniques. Utilisés à l’époque par l’armée américaine et la NASA, les MEMS « permettent de mesurer des grandeurs physiques autour d’eux comme la pression de l’air et de les convertir en signaux électriques traitables » explique l’homme d’affaires. Au sein du laboratoire, Jean Michel Karam réunit un groupe de 30 chercheurs qui devient rapidement la référence en recherche sur les MEMS en Europe. Un premier succès qui l’encourage à capitaliser sur son expertise pour créer une entreprise utilisant la technologie des MEMS appliquée au domaine des télécoms, alors en vogue. C’est ainsi que naît MEMSCAP en 1997 avec la proposition de valeur de fournir des outils de conception de logiciels ainsi que des composants MEMS pour la fibre optique. Avec 2 millions de dollars de perspective de chiffre d’affaires pour la première année, l’entrepreneur initie un premier tour de table pour financer son développement. La croissance est au rendez-vous et les levées se succèdent jusqu’à l’entrée en bourse de MEMSCAP en mars 2001, soit 2 ans et 8 mois après la création de la société alors valorisée à 430 millions de dollars. Quelques mois plus tard, l’entreprise est prise dans la tourmente de la plus grosse crise financière du secteur, celle de l’explosion de la bulle internet. « Nous avions un carnet de commandes pour 72 millions de dollars, qui en une semaine s’est réduit à 800 000 dollars, autant dire rien » confie Jean Michel Karam. Pressé par le temps, le chef d’entreprise multiplie les initiatives pour redresser MEMSCAP et diversifier son activité dans le médical grâce à des partenariats avec SIEMENS ou PHILIPS, mais aussi dans l’aéronautique et toujours dans la communication optique. Cela fonctionne, et l’entreprise repart, cette fois mieux armée pour affronter la crise financière de 2008. « Au regard de ce qu’on avait traversé en 2001, celle de 2008 nous a fait l’effet d’une promenade de santé » ironise Jean Michel Karam. Interrogé sur les enseignements qu’il a tirés de ces deux périodes mouvementées, le chef d’entreprise répond qu’elles lui ont permis d’apprendre réellement son métier en déployant une énergie sans faille pour faire face aux évènements. Autre point crucial qu’il soulève, celui d’avoir été entouré de personnalités exceptionnelles dans son middle management, qui depuis ont intégré son top management. Une chance pour celui qui reconnaît une erreur avec MEMSCAP, celle d’avoir trop délégué le recrutement. « La technologie ne dure pas, elle est constamment dépassée par de nouvelles innovations. Ce sont les hommes qui font la différence, aussi je veille à m’entourer de personnes heureuses et épanouies dans leur vie, car cela démontre une capacité à être résilient, quelque que soit le type d’évènement auquel on est confronté. Lorsque vous vous concentrez uniquement sur les compétences et non sur les valeurs, vous vous préparez des lendemains difficiles. A la première crise, tout tangue ».

 

IOMA : l’expertise scientifique appliquée à la beauté

« La Sphère », l’appareil de diagnostic cutané d’IOMA

Pour comprendre les prémices du projet IOMA, il faut remonter en 2002, date à laquelle Jean Michel Karam consulte un dermatologue pour examiner un grain de beauté qui l’inquiète. A son grand étonnement, il constate que pour poser son diagnostic, le médecin n’est aidé d’aucun appareil, uniquement d’une loupe. Un non-sens pour cet ingénieur de formation qui érige la précision en principe de vie. De retour chez lui, Jean Michel Karam dessine un appareil équipé de sondes pour caractériser la peau, que ce soit les grains de beauté ou encore des problèmes de peau comme la rosacée. Il dépose un brevet et en moins de six mois, l’entrepreneur réunit une équipe pour travailler sur un prototype dans le plus grand secret. Dévoilée dans un article du Dauphiné Libéré, l’existence de ce premier appareil de diagnostic cutané suscite l’intérêt des grands groupes de cosmétiques. UNILEVER, JOHNSON & JOHSON, L’OREAL, tous veulent lui racheter l’innovation. Conseillé par Vera Strubi, femme d’affaires et ancienne présidente des marques Thierry Mugler et Stella Cadente (groupe CLARINS), Jean Michel Karam décide de proposer l’outil de diagnostic à des médecins ainsi qu’à des laboratoires de recherche à but non lucratif afin d’installer sa marque comme une référence en matière de métrologie de la peau. En misant à fond sur la carte de l’innovation, l’entrepreneur fait de sa technologie le partenaire indispensable des laboratoires pour objectiver les produits cosmétiques lancés par L’OREAL ou UNILEVER.

En 2007, Vera Strubi quitte le groupe CLARINS et rejoint le Conseil d’Administration de Jean Michel Karam afin de l’aider à structurer le business qui dégage alors 2 millions de chiffre d’affaires par an. L’entrepreneur est convaincu que la technologie doit être un facilitateur pour vendre des cosmétiques et non une fin en soi. Il fait alors l’acquisition d’un laboratoire spécialisé dans les marques dermatologiques afin de pouvoir proposer des crèmes personnalisées en fonction du diagnostic établi par l’appareil. « IOMA est positionnée sur le créneau du « safe and clean », c’est-à-dire qu’on ne croit pas à la magie d’un seul ingrédient, mais dans l’efficacité d’une combinaison d’ingrédients sélectionnés avec soin ». Si les premiers résultats sont encourageants, Jean Michel Karam sait que pour conserver son avance il doit prendre de court la concurrence. Il lève alors 10 millions d’euros pour financer un plan de déploiement massif de la marque chez des enseignes comme Beauty Success et Marionnaud. En trois mois, IOMA passe de 5 portes en test à 300 portes à déployer. Une croissance fulgurante.

 

IEVA, une offre digitale conçue autour du bien-être et de la proximité avec le consommateur

Le bijou connecté Twin-C par IEVA

Si IOMA a réussi à proposer la meilleure expérience client en point de vente grâce à l’appareil de diagnostic « la Sphère », Jean Michel Karam souhaitait aller plus loin en transposant cette proposition de valeur au digital, tout en l’élargissant à la prise en compte de l’environnement et du mode de vie. « Vous pouvez faire les crèmes les plus performantes du monde, si vous n’avez aucune idée de l’environnement dans lequel évoluent vos clients, les résultats ne seront pas au rendez-vous ». Pour mesurer l’impact du stress environnemental, l’équipe de IEVA planche sur un appareil discret que l’on peut porter tous les jours. L’idée d’un bijou qui puisse être utilisé comme tel ou en bijou de sac ainsi qu’une montre émerge rapidement. Une porte d’entrée vers une expérience offline, qui grâce à une application mobile permet de réaliser un diagnostic global de son environnement et de recevoir par abonnement une routine beauté complète. Pour le moment, les marques proposées sont celles du groupe IEVA et de ses partenaires, à savoir les cosmétiques IOMA, Made with Care et la marque de soins capillaires Elénature, et depuis peu, la ligne de make up et les prestations en institut de L’Atelier du Sourcils, même si le dirigeant laisse entendre que d’autres labels pourraient intégrer l’offre d’abonnement. Racheté en 2020 par Jean Michel Karam, le réseau de L’Atelier du Sourcils donne à IEVA, ses solutions et ses marques partenaires, toute la visibilité nécessaire auprès d’une large clientèle. « Aujourd’hui, IEVA dispose d’un eshop et de 116 points d’expérience en France et à l’étranger. Nous souhaitons poursuivre notre déploiement dans les zones francophones, mais aussi au Maroc ouvert début avril, en Italie que nous ouvrons mi-juillet et en Espagne avant de viser l’international, et notamment les USA en fin d’année ». Fort de ses 4 000 abonnés acquis depuis le lancement en novembre 2020 et du premier million d’euros de chiffre d’affaires réalisé l’année passée, Jean Michel Karam affiche son optimisme pour le futur du groupe IEVA. « Notre ambition est de proposer à nos clients une offre globale de beauté, que ce soit par les produits ou prestations proposés, que par le contenu éditorial autour de la beauté, la nutrition ou encore du lifestyle ». Un mix gagnant entre personnalisation et proximité avec le mode de vie des consommateurs.

 

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