Depuis le lancement de sa propre marque en l’an 2000, Eymeric François impose son empreinte singulière dans le monde de la Haute Couture avec ses superbes robes aussi originales que sensuelles aux lignes architecturées, odes à la femme et à sa féminité. Interview.
Avec ses 27 collections, il a créé un univers onirique et baroque, constitué de pièces uniques, fait assez rare pour le souligner. Ses robes épingles, boutons, zip intriguent, ses tailleurs cintrés et ses fourreaux sculptés entravés fascinent. Sa couture est en fait de la Haute Couture ! Ses codes élégance, sensualité, savoir-faire et fétichisme partagés par le DS World, lui ont permis de monter une exposition de ses robes au sein du showroom durant 3 mois.
Parlez-nous de votre parcours…
Je suis né à Paris en avril 1978, d’un père ingénieur électronique et d’une mère directrice d’école. J’ai eu des parents intelligents qui ont compris rapidement, malgré une grande facilité à l’école et pour les études, que j’avais la fibre artistique. Ils m’ont permis de faire un Bac « Arts Appliqués » sans suivre le parcours classique. Le déclic de la mode, je devais l’avoir en moi, il devait couler dans mes veines, puisque ma grand-mère était première main chez Paco Rabanne dans les années 50. Ceci dit, j’aurais pu aussi devenir architecte (sourire).
Quel fut le pas décisif pour entrer dans le domaine de la mode ?
En 97, j’ai eu la chance de pouvoir entrer comme stagiaire chez Thierry Mugler, avec qui j’ai travaillé durant un an et demi. J’ai aimé sa façon de sculpter les corps, et il reste mon modèle. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle vous retrouvez ces tailleurs cintrés, ces mises en valeur de la taille dans mes tailleurs ou fourreaux. Puis en 98, j’entre chez Christian Lacroix durant une collection. Enfin en l’an 2000, je participe au Festival Jeunes Créateurs de Dinard dont Lolita Lempicka était présidente. Malheureusement 50% du jury était contre le fait de me donner le prix, mes modèles à leurs yeux s’apparentant plus à de la Haute Couture qu’à de la création. Comme la présidente voulait me donner un prix, ils ont créé le prix LVMH pour me l’attribuer. Cela m’a permis de me lancer réellement et le Musée Galliera m’a offert l’espace pour présenter ma collection. Ce fut le début de l’aventure pour moi.
Quel est votre déclic déclencheur pour créer ?
Je crée souvent en fonction d’un objet. Par exemple, j’ai mis à l’honneur ceux dont on se sert à l’atelier : les fils, les boutons, les biais, les épingles, les zips… C’est ainsi que sont nées la robe zip, la robe épingle, la robe bouton… J’adore recréer l’envers du décor.
Pour la robe ceinture, je suis tombé par hasard sur cette ceinture, qui m’a inspiré et de coup j’ai acheté celles qui étaient en stock ! J’en ai conçu la robe ceinture, qui n’a aucune couture !
Il m’arrive aussi en voyage d’être inspiré par des matières. Ainsi à Maurice, j’ai acheté une quarantaine de saris, qui m’ont servi pour créer la collection que j’ai baptisé « Muse ».
Quelle est la robe la plus extravagante que vous ayez créée ?
La robe de mariée ceinture, c’est celle qui a attiré le plus de monde à l’atelier, mais elles sont toutes extravagantes, la robe bouton, épingle, zip…. A mes yeux, une robe est réussie si j’obtiens l’effet « Waou » !
Vous parlez toujours de « couture » et non de « Haute-Couture ». Pourquoi ?
C’est l’essence de ce que j’ai développé. J’ai été invité à la Chambre Syndicale de la Haute-Couture (Jean-Paul Gaultier était mon parrain) mais je n’en fait pas partie. Par respect pour les 13 membres, je parle donc de « couture » et non de Haute-Couture.
Quel regard portez-vous sur vos 16 ans de création ?
Comme j’étais très jeune, (j’ai démarré dans la couture à l’âge de 22 ans) c’est la presse qui m’a recadré. Je n’avais presque pas d’expérience, n’ayant pas appris assez longtemps auprès d’un créateur (sauf mes stages auprès de Thierry Mugler qui m’a marqué et de Christian Lacroix). De ce fait je reste très humble et j’ai toujours besoin non seulement de toucher mes robes mais également de coudre sur toutes mes robes.
Si vous pouviez recommencer, feriez-vous la même chose ?
Je ferais la même chose. Je suis un indépendant. Nous sommes 2 à l’atelier durant l’année, et parfois 13 durant la collection. Jusqu’en 2013 je créais 2 collections par an, ce qui était dantesque, et maintenant plus qu’une seule, ce qui me permet de réfléchir et de m’inspirer en toute tranquillité.
Où peut-on acheter vos robes ?
Uniquement à l’atelier dans le 3ème. Comme je ne fais que des prototypes qui sont des pièces uniques dont je ne me sépare jamais (sauf parfois pour un musée), chaque cliente qui a aimé une de mes robes, ne pourra jamais acheter le prototype de la collection. Je crée à chaque fois la « petite sœur » en adéquation avec le style de la cliente et de ses désidératas.
Quel est le prix d’une robe ?
A partir de 10 000 € mais c’est sans limite.
Eymeric François
65 rue Meslay Paris 75003
T. +33 9 52 72 42 52
http://www.eymericfrancois.com/
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