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Interview de Vincent Jouanne « Vybe, c’est terminé ».

Vybe
Vincent Jouanne - VYBE

Septembre 2019 naissait la néobanque Vybe, dédiée à un marché jusqu’alors peu adressé en France : la Génération Z (Gen Z). Les fondateurs décidaient de se consacrer exclusivement aux 13-26 ans et de construire avec eux une banque différente, pensée collectivement.

Vincent Jouanne et ses équipes voulaient une néobanque mutualiste 2.0, ils l’ont mise en place. Rapidement, les premiers résultats arrivent : une croissance à deux chiffres, l’implication totale d’une communauté et un coût d’acquisition inférieur à 10€ par ouverture du compte. Les objectifs atteints n’ont hélas pas suffi face à un contexte économique frileux où la prudence l’a emporté sur l’enthousiasme. L’aventure Vybe doit maintenant emprunter une autre voie, portée par une structure plus profondément ancrée dans l’écosystème financier actuel.

Vincent Jouanne, co-fondateur de Vybe, revient pour Forbes sur l’aventure de sa néobanque à destination de la Gen Z. Il nous offre un retour d’expérience éclairant sur le défi que les marques et entreprises devront relever à l’avenir pour toucher ces nouveaux consommateurs.

 

Commençons par votre néobanque Vybe. Pouvez-vous nous décrire votre fonctionnement en quelques mots ?

Vincent Jouanne, co-fondateur de Vybe : Vybe est un compte de paiement pour les jeunes de 13 à 26 ans. Il offre une carte, une application et des avantages en cashback sur plus de 70 marques. C’est une entreprise très dynamique sur les réseaux sociaux, avec notamment une communauté engagée et active de 50 000 personnes sur Instagram, et une présence accrue sur TikTok. Notre idée était de construire une néobanque avec nos clients. Nous l’avons fait. Nous avons réuni 40 000 clients, mineurs (comptes gérés par les parents) et majeurs.

 

Les clients de Vybe vont rejoindre d’autres acteurs. Que s’est-il passé ?

Le marché s’est refermé. Le vent a tourné pour beaucoup d’entreprises y compris dans notre marché des fintechs. Nous avons été directement impactés par la frilosité ambiante dans la dernière ligne droite, cela malgré des statistiques d’usage qui augmentaient toujours. L’aventure Vybe est devenue trop périlleuse et complexe à mener. Face à cette impossibilité de continuer, nous allons proposer à nos utilisateurs majeurs de passer sur Lydia et aux mineurs de transférer leur compte sur Kard avec une procédure simplifiée.

 

Que signifie ce changement d’acteur pour vos clients ?

Si la question est de savoir si les clients risquent de perdre leur argent, la réponse est clairement non. L’argent de nos clients, majeurs comme mineurs, est en sécurité. Il n’y a aucune ambiguïté là-dessus. Nous contactons chaque client par mail pour lui expliquer comment cette transition va s’effectuer. Chacun a le choix de récupérer son argent pour ouvrir un compte ailleurs, pour le dépenser, ou pour le transférer chez nos partenaires. Nous avons négocié des offres intéressantes auprès d’eux pour que cette opération soit non seulement facile, mais aussi avantageuse.

 

Que vous a appris l’expérience Vybe sur le marché de la Gen Z ?

Vybe nous a permis de mettre sur pied un modèle de néobanque, et plus largement d’entreprise, vertueux et pertinent pour la Gen Z. Nous savons que c’est un marché que les banques et marques institutionnelles peinent à comprendre et à séduire. Nous avons montré que d’autres voies étaient possibles, et que les suivre était passionnant. Le succès de Vybe repose sur la participation réelle de la communauté. La Gen Z veut être partie prenante de projets qui lui parlent et s’engager pour des causes, dans une émulation collective. C’est ce que nous avons su créer, et nous en sommes très fiers. Nos utilisateurs ont concrètement participé à l’élaboration des fonctionnalités de l’application, pensée pour répondre à leurs besoins. Écouter, construire, chérir sa communauté : c’est ça, la clé. Et nous avons suivi ce procédé pour tout ce qui concernait Vybe : le graphisme de l’appli, les codes couleur, le packaging.

 

Quels sont vos projets à venir ?

Dans un premier temps, avec l’équipe, nous allons veiller à ce que la transition se passe de la manière la plus fluide possible. Nous voulons que cette belle histoire perdure pour tous comme un bon souvenir.
Ensuite, plus personnellement, je reste un entrepreneur et me relancerai très certainement le temps venu dans une nouvelle belle aventure !

 

La néobanque Vybe s’est arrêtée, certes, mais elle aura beaucoup apporté au marché. Elle aura montré qu’il est possible de transformer des services comme la banque, et d’engager la Gen Z dans la création de nouveaux usages. Elle aura ouvert la voie à des réflexions et actions en ce sens. Le projet Vybe laisse derrière lui une belle histoire et un beau modèle pour tous les entrepreneurs qui se lanceront le défi de révolutionner, pour les nouvelles générations, des marchés réputés immuables.

 

<<< À lire également : Exclusif : Vybe crée le  » Gen Z Act « >>>

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