À l’occasion du salon Viva Technology, l’Institut National de la Propriété Industrielle (INPI) a annoncé le lancement d’un nouveau service à destination des inventeurs, des investisseurs, des PME et des start-up. Il s’agit d’une prestation de cartographie – sur-mesure et commentée – des brevets déposés dans le domaine souhaité. Grâce au big data, 90 millions de brevets déposés sont traités par les ingénieurs de l’INPI qui proposent ensuite au client une cartographie accompagnée d’une analyse. Une manière de connaître pleinement le secteur dans lequel on souhaite se lancer.
« 95% des entrepreneurs n’ont pas accès aux outils du big data », introduit Frédéric Caillaud, directeur de l’innovation à l’Institut National de la Propriété Intellectuelle (INPI). « Or, 15 000 publications sont enregistrées par jour. » Alors pour éviter de travailler des mois durant au développement d’un concept ou d’un produit qui existe déjà, l’INPI lance un service qui permet de cartographier, et donc de visualiser, les inventions déjà brevetées.
90 millions d’inventions sont brevetées dans le monde. Difficile d’imaginer un créateur crier « eurêka » puis éplucher les 90 millions de brevets disponibles dans le domaine public afin de vérifier qu’il est bien le premier à avoir – et à déposer – cette idée. Pourtant, « 20% de la R&D réalisée par une jeune entreprise a déjà été effectuée par ailleurs », estime Frédéric Caillaud. Une perte de temps et d’argent à décourager le plus motivé des inventeurs. Sans parler des brevets déjà déposés et des litiges qui peuvent naître lors de doublons. « Pour un entrepreneur, il est indispensable de savoir ce qui se passe autour de lui pour mieux analyser son environnement et prendre les bonnes décisions », ajoute Frédéric Caillaud.
Le Google earth de l’invention
C’est donc sur le salon Viva Technology que l’INPI a annoncé le lancement en septembre prochain d’un service, à destination des PME et des start-up, de cartographie sur-mesure des inventions brevetées. « Imaginez Google earth », décrit le directeur de l’innovation. « Toutes les inventions d’un même secteur vont se situer au même endroit. Dans ce cas, l’accumulation forme une montagne. » Présentée comme une carte topographique avec des courbes de niveaux, le service proposé par l’INPI est de lecture simple : la haute montagne indique que de très nombreux brevets ont été déposés sur le sujet, une île signifie à l’inverse que l’invention est pour l’instant isolée, et donc nouvelle. En effectuant un zoom, l’utilisateur peut voir les brevets déposés récemment, en vert, et ceux qui l’ont été par le passé, en rouge. La recherche publique est également cartographiée, permettant à l’entrepreneur d’imaginer des passerelles avec l’université spécialiste de son domaine.
« C’est un service qui permet de faire des choix avisés », indique Laurent Tonnelier, à la tête de la start-up Mobilead, qui a eu l’occasion de tester la solution en avant-première. Concrètement l’innovateur prend rendez-vous avec un ingénieur de l’INPI auquel il explique son domaine d’invention et détaille l’état de ses connaissances sur ses concurrents, ses potentiels alliés… L’ingénieur de l’INPI, expert dans le domaine d’intérêt, réalise une étude personnalisée. « C’est du big data donc, plus les réponses sont précises, meilleure sera l’analyse », souligne Frédéric Caillaud. Une fois la cartographie prête, l’expert contacte l’inventeur pour expliquer les résultats obtenus. «J’ai ainsi appris que j’avais PSA comme concurrent », raconte Laurent Tonnelier dont la société crée un système de QR code adapté aux allergènes alimentaires. Une surprise.
Trois services sont proposés par l’INPI : un premier qui s’adresse aux néo entrepreneurs afin qu’ils situent et positionnent leur invention, un second dont l’objectif est de résoudre une problématique précise et qui s’inscrit donc dans une logique d’open innovation, et enfin une dernière offre premium pour les entreprises désireuses d’avoir une vue mondiale de leur secteur. Les grands groupes connaissent déjà ce genre de service, mais c’est la première fois que les PME et start-up y ont accès à un tarif raisonnable, à peine au-dessus de 3500 euros.
Les concurrents potentiels, les chercheurs spécialistes du domaine, tout est détaillé par l’INPI, mais l’entrepreneur reste maître de ses choix. « Nous offrons des clefs d’interprétation », déclare Frédéric Caillaud. Dans certains domaines, être sur une montagne peut être stratégique, en revanche si un entrepreneur souhaite se positionner comme pionnier, il préfèrera se situer dans un désert de brevet. « Nous ciblons les petites et moyennes entreprises », indique Frédéric Caillaud, « mais seront également intéressés les investisseurs, telle que la BPI qui voudra savoir si elle fait bien de mettre de l’argent sur tel ou tel autre projet ». Si les marchés apprécient la montagne, avec parcimonie, ils sont généralement frileux à la vue d’une île.
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