Un chiffre d’affaires annuel de 310 millions d’euros, 7 nouvelles acquisitions, 500 nouveaux recrutements, 30 millions d’euros d’investissement en R&D… Loin du feu des projecteurs de la French Tech, l’éditeur de logiciels pour les métiers du droit, de l’immobilier et les entreprises né à Montpellier en 2013 ne semble pas avoir été bousculé par la crise. Hugues Galambrun, fondateur et PDG de Septeo, nous explique la recette de son succès pour accompagner au travers de ses solutions applicatives les moments clés des citoyens qui a rejoint le club des centaures hors des radars.
Comment est venue l’idée de créer Septeo ?
À l’origine, nous sommes 3 associés entrepreneurs qui ont décidé de se réunir pour créer un centre de service partagés. L’idée étant d’offrir aux entrepreneurs que nous étions, l’opportunité de nous consacrer entièrement à « ce que nous savions faire » ; développer des produits, les vendre et assurer un service d’excellence. En 2013, nous avons donc officiellement lancé le projet sous le nom de Septeo.
En quoi consiste votre solution et qui concerne-t-elle ?
Notre promesse historique était d’apporter aux métiers du droit des solutions pour se consacrer uniquement au cœur de leur activité. Nous voulions cibler ces métiers en particulier parce qu’il n’y avait tout simplement pas de solution pour répondre à leurs besoins spécifiques de digitalisation et simplification de leurs processus métiers.
Nous nous intéressons donc au départ aux avocats et aux notaires puis avons étendu notre proposition de valeur sur d’autres professions comme les commissaires de justice, les experts comptables, agents immobiliers et administrateurs de biens avant d’adresser la digitalisation des entreprises. Notre Mission : Accompagner les citoyens dans les différents moments-clés de la vie (…) A la fois en tant que citoyen mais aussi salarié.
De ce fait, nous proposons par exemple des solutions de gestion des dossiers clients et des actes, de prise de rendez-vous en ligne, de facturation électronique ou encore de signature électronique pour mandats immobiliers ou actes notariés. Sur ce dernier point, il faut savoir qu’au début de la crise sanitaire toutes les ventes de biens ont été bloquées en France et nous avons mis en place la signature d’actes en ligne pour que les métiers de l’immobilier puissent continuer de travailler. Nous adressons toute la chaîne de valeur de l’immobilier et il faut dire que les spécificités et les contraintes de ces métiers sont assez fortes, notamment du point de vue réglementaire.
Pourquoi avoir choisi de vous concentrer sur la legaltech au départ de l’aventure Septeo ?
Beaucoup de startups et éditeurs de logiciels se sont intéressés à la legaltech mais surtout en répondant à un besoin très spécifique. De notre côté, nous voulions dématérialiser les activités de ces métiers au maximum.
Nous avons des juristes et spécialistes produits aguerris à ces enjeux. C’est grâce à ces efforts que nous avons notamment pu mettre en place un système d’AAE (acte authentique électronique) à distance, de signature électronique qualifiée ou encore d’OCR ( logiciel de reconnaissance de caractères, pour convertir automatiquement les documents en contenus numériques) et aider à la recherche documentaire (Chat Expert).
La crise sanitaire – et la généralisation du travail à distance – semble avoir profité aux éditeurs de solutions numériques… Faites-vous partie de ce cas ?
Nous n’avons pas connu un boom spectaculaire de nouveaux clients mais la crise a effectivement permis de faire prendre conscience aux entreprises et professions que nous adressons l’impératif enjeux de digitaliser leurs processus métiers. Résultat : notre chiffre d’affaires entre 2021 et 2022 a connu une hausse de 30% pour atteindre 310 millions d’euros. La croissance de nos parts de marché est la résultante du travail exemplaire de nos équipes pour accompagner efficacement la digitalisation de nos clients. Ce n’est pas chose aisée car il faut bien avouer que les professionnels du droit ne sont pas naturellement ouverts à la digitalisation.
Les notaires ont par exemple accéléré sur la signature électronique depuis que le Conseil supérieur du notariat a mis en place l’Acte authentique électronique (AAE) en 2008. En 2020, deux décrets autorisant l’acte notarié avec comparution à distance ont aussi contribué à cet essor. Même constat du côté des avocats, des huissiers ou des agents immobiliers, qui savaient déjà qu’il fallait passer le pas bien avant la crise mais qui ont été forcés d’accélérer.
En 2022 vous avez réalisé au total 7 acquisitions : Ingeneo (facturation électronique et digitalisation des experts comptables), Foederis (Gestion des talents), DP logiciels (solutions pour les professionnels de l’immobilier), Softouest et Intelligent Software (solutions pour les commissaires de justice) en France, ainsi que Flexsoft et Dataconsult (solutions pour notaires et avocats) en Belgique. Comment avez-vous financé cette croissance externe, malgré la crise et la contraction des investissements en cours ?
Nous menons une stratégie d’accélération de notre croissance externe depuis deux ans mais ce n’est pas ce qui pèse le plus sur notre croissance globale. Plus de la moitié de notre chiffre d’affaires a été généré en organique et les acquisitions ont surtout servi à consolider notre chaîne de valeur.
Le succès de notre modèle est lié à notre recherche de rentabilité. Notre ARR (Revenu Récurrent Annuel) est aujourd’hui supérieur à 210 millions d’euros et nous investissons chaque année 30 millions d’euros en R&D ainsi que 80 millions d’euros en contribution sociétale.
Pourquoi n’avoir pas choisi la voie classique de la levée de fonds auprès d’un fonds en venture capital ?
Lorsque nous avons dépassé le milliard d’euros de valorisation, certains se sont empressés de nous attribuer le statut de licorne. Mais nous ne sommes pas vraiment à l’aise avec ce concept qui alimente aussi un modèle de startup brûlant du cash pour se développer très vite. Nous voulons générer de la croissance mais aussi et surtout de la rentabilité et c’est pourquoi la notion de centaure nous correspond davantage.
Je n’ai jamais lancé une boîte pour la revendre 5 ans plus tard, ni avec l’objectif de lever des millions pour les cramer dans la foulée. Je ne veux pas dire que toutes les startups ne sont pas saines mais nous avons tout de même trop abusé de projets non viables et sans perspectives d’autofinancement.
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