Ne vous fiez pas aux apparences ! Lorsque l’on croise cette pétillante brune en legging et flanquée du t-shirt « Voulez-vous faire du yoga avec moi ce soir ? », on pense l’avoir cerné. Hélène Duval, fondatrice de YUJ Studio & YUJ Paris, a créé un univers qui ne ressemble à aucun autre dans l’écosystème et s’impose aujourd’hui comme l’une des papesses de la discipline. Séances sous infrarouges qui vous détoxinent le corps, coachs aux allures de bêtes de scène, marque de vêtement pour Fashion Yogis. Bienvenue dans le monde rock’n roll d’Hélène Duval. Une Parisienne de son temps.
Aujourd’hui, vous êtes incontournable dans l’univers du yoga. Vous avez néanmoins pris beaucoup de risques en quittant un job bien payé dans la presse…
Hélène Duval : Le yoga a changé ma vie, je l’ai intégré à mon quotidien de Parisienne hyper active il y a plus de vingt ans déjà. Je n’étais pas entrepreneure dans l’âme lorsque j’ai fondé mon entreprise. J’ai pris la décision de tout plaquer la veille de mon retour de congé maternité car je ne me sentais plus de poursuivre sur cette voie, d’évoluer dans le monde de la publicité. Et pourtant, c’était les meilleures années de la presse, les budgets tutoyaient des sommets ! En partageant mes doutes avec mon mari, lui-même entrepreneur, il a eu une phrase qui a changé ma façon de voir les choses, en me répondant : « Tu fais ce que tu veux, mais tu le fais avec passion ! ».
J’ai réalisé qu’il avait raison. Essayer de rendre viable sa passion, quel beau projet !
Vous avez pris un chemin différent pour démarrer votre activité en créant une marque de vêtements d’abord. Vous ne pensiez donc pas au coaching à ce moment ?
Comme beaucoup de yogis (adeptes de la discipline), je ne trouvais pas de tenues confortables, éco-responsables et esthétiques pour pratiquer ce sport. Il faut pouvoir respirer, ne pas sentir de compression ; trop souvent les brassières comprimaient le diaphragme. Quant aux leggings, ils étaient mal taillés. Pour moi, le challenge était donc de créer une marque de vêtements techniques eco-friendly. Pas de plastiques, pas d’agents toxiques, utilisation de chutes de matière… En tant que modeuse aussi, je voulais répondre à un besoin lifestyle en incorporant l’habit dans notre garde-robe quotidienne. Ma griffe YUJ devait réunir tous ces critères pour combler un manque sur le marché. De la création à la production en passant par la distribution, j’ai démarré mon activité par cette première étape en 2014. Mes premiers clients étaient des copines et des particuliers à qui je donnais des cours privés.
Vous assumez aussi un côté rock’nroll dans votre conception du yoga.
Je suis une citadine, une Parisienne férue de mode et qui reste attachée à prendre soin d’elle mentalement et physiquement. Mes égéries, ce ne sont pas des Indiens en turban avec un bindi (point rouge) accolé au front. Mes égéries à moi, ce sont des bêtes de scène à l’instar de Tina Turner, Madonna, Freddie Mercury… des performers qui électrisent un stade. D’ailleurs, c’est pour cela que l’on retrouve leurs affiches sur les murs de mes studios. Mes professeurs de yoga et moi-même sommes dans un transfert d’énergie, nous aspirons à tout donner à chaque cours. Ma deuxième aventure, YUJ Studio, a toujours consisté à partager ma philosophie du yoga.
Au-delà de cet état d’esprit, vous prônez aussi un yoga détox à pratiquer dans l’obscurité. Quels en sont les bienfaits ?
C’est l’infrathérapie, la thérapie par la chaleur. Lorsque j’étais étudiante, j’ai effectué un stage au Japon où j’ai découvert que chaque semaine les gens se rendaient dans des bains proches de nos saunas scandinaves. Ils s’exposaient à de fortes températures afin d’évacuer les toxines (jusqu’à 97% des métaux lourds), de se purifier, de se régénérer de l’intérieur vers l’extérieur. En fait, ils boostaient leur vitalité, leur immunité, et faisaient retomber la pression accumulée. Les bienfaits sont donc nombreux. J’ai voulu importer cette approche en France en proposant une autre manière de faire du yoga, celle qui mettait le focus sur la santé. Chez YUJ Studio, nous le pratiquons dans l’obscurité, immergés dans une chaleur douce et réconfortante allant crescendo au gré du flow et de la musique savamment choisie.
Une méthode favorisant à merveille le processus de sudation. J’ai développé différents niveaux de cours allant de la catégorie néophyte à expérimenté. YUJ Studio enseigne un yoga comme nulle part ailleurs, et séduit tous ceux qui n’aimaient pas le yoga.
Comment êtes-vous arrivée à convertir les non-initiés ?
Parce que j’ai imaginé pour eux un refuge urbain. Un sanctuaire où ils peuvent lâcher-prise de 7h30 à 22h, sept jour sur sept. YUJ s’adresse à une nouvelle génération de yogis citadins pour qui la discipline est devenue un mode de vie. Le yoga se consomme aujourd’hui, on vient faire sa séance et on repart. Ce marché existait en France mais il n’était pas pris en compte. J’ai procédé par étape, sans lever de fonds, en créant ma première adresse dans le 17ème. Lorsque l’on pousse la porte de mes studios (au nombre de sept à présent, avec Boulogne, Paris 1ER, 7ème, 8ème…), on se retrouve dans un univers à part. La décoration, la boutique de vêtements, les salles plongées dans l’obscurité, la qualité des cours… tout est fait pour passer un bon moment.
A quoi ressemble votre clientèle ?
Il n’y a pas de profil type. Se côtoient des maîtresses d’école, des cadres sup, des infirmiers, des étudiants… Il y a aussi une demande très fortes en Province pour venir s’implanter. C’est une prochaine étape.
Pour quelqu’un qui n’avait pas de prédisposition à l’entrepreneuriat, vous grandissez très vite !
(Rires). Oui, je vous le redis : jamais, je ne me serais imaginée chef d’entreprise ! Le yoga m’a donné confiance, la santé, une forme de maîtrise de la vie. Ouvrir cette année un nouveau studio à deux pas des Champs-Elysées, c’est une grande fierté. Nous avons vraiment explosé en 2019, alors quand la crise a bouleversé nos vies, nous étions déjà solides. Rétrospectivement, je dirais que la pandémie a agit comme catalyseur pour nous ramener au moment présent. Pendant des années, on a soit regardé dans le rétro pour se faire mal, cultivé la nostalgie du « c’était mieux avant », soit regardé trop loin. De fait, de plus en plus de personnes ont eu un sursaut, un éveil à la pleine conscience. Le yoga contribue à leur épanouissement post-Covid.
YUJ, côté chiffres ?
Outre nos sept studios de yoga et notre marque de vêtements distribuée dans 150 points de vente (dont la Samaritaine, le Printemps Haussmann), il y a aussi un volet corporate avec des cours en entreprise, des retraites bien-être que nous organisons dans de belles destinations (à Calvi en Corse), la formation de professeurs… Notre chiffre d’affaires annuel avoisine les 6 millions d’euros. Jamais, nous ne ferons de course aux millions ! Ce n’est pas l’objectif ultime, et puis, à date, je n’ai jamais cherché à accélérer en me lançant dans des collectes de fonds.
Mourir en bonne santé, non merci ! Je continuerai toujours à faire des choses qui me ressemblent en avançant par étape.
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