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Gymglish : Success Story de L’Apprentissage Des Langues Made In France

Gymglish

5 millions utilisateurs ont déjà appris à parler une langue étrangère avec Gymglish. La PME vient de travailler avec le quotidien Le Monde pour son application de culture générale, « Mémorable ». Cette solution détonne par ses contenus décalés, la personnalisation de ses programmes, et sa stimulation de l’assiduité de ses utilisateurs. 

« Si vous voulez vous muscler, il vaut mieux faire quatre séries de dix pompes quatre fois par semaine qu’en faire huit heures une fois tous les trimestres. L’apprentissage des langues, c’est la même chose ». En une phrase Benjamin Lévy, 44 ans, a résumé la philosophie de Gymglish. Cette PME, qu’il a co-fondée avec Antoine Brenner il y a 14 ans, a accompagné près de 5 millions de personnes qui souhaitaient apprendre des langues à distance. Elle compte à l’heure actuelle 100 000 utilisateurs inscrits et 50 000 abonnés à ses services de e-learning.

Gymglish est un véritable pionnier dans ce que l’on appelle les « EdTechs », ces entreprises qui utilisent les nouvelles technologies pour favoriser l’apprentissage de matières souvent liées à l’univers scolaire. Antoine Brenner et Benjamin Levy se sont rencontrés sur les bancs de HEC et ont lancé une première entreprise dans l’édition de logiciels en 1999. Ils ont vendu l’entreprise en 2002 et décidé de prendre le large. 

Assiduité 

Antoine Brenner part pour le Guatemala et y apprend l’espagnol avec un professeur particulier. Le soir, il se concocte un logiciel sur-mesure qui lui envoie, par mail, des tests de conjugaison personnalisés avec corrections immédiates. Le prototype de Gymglish est né : de micro-leçons qui s’adaptent aux lacunes de l’apprenant via un moteur d’intelligence artificielle. Cette personnalisation de la pédagogie séduit Benjamin Lévy. 

Ce dernier voit rapidement à quel enjeu majeur se confrontent développeurs de solutions d’e-learning et apprenants : l’assiduité. « En 2004, il y a avait déjà moult plateformes pour se former en ligne. Mais le problème du e-learning, et c’est toujours le cas aujourd’hui, c’est la capacité des gens à apprendre régulièrement. On parle beaucoup d’accessibilité à l’information et aux outils d’apprentissage. Mais ouvrir une bibliothèque sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre, ça ne veut pas dire que tout le monde va y aller avec la même régularité. Ni pour y faire la même chose. »

Pour pousser ses utilisateurs au travail régulier, Gymglish a mis au point quelques techniques simples mais efficaces. D’abord, l’utilisateur reçoit chaque jour un mail avec sa nouvelle leçon : il lui suffit de cliquer sur le lien pour se connecter à sa session sans avoir à renseigner son « login » : « Il y a plein de gens qui abandonnent simplement parce qu’ils ne retrouvent pas leur mot de passe ou leur identifiant, observe Benjamin Lévy. Avec cette technique, on s’évite du décrochage. »Autre levier : le micro-learning. Les sessions de travail sont courtes et concises, pour une durée qui ne dépasse jamais les quinze minutes. 

Un hôtel en Espagne

Une autre façon de faire d’utilisateurs dilettantes des élèves studieux est… de les faire payer. A l’inverse des nombreuses solutions gratuites disponibles sur Internet, Gymlish propose des abonnements avec engagement de 6 à 36 mois. Il faut compter 14 euros par mois pour une licence de 36 mois afin d’apprendre l’anglais. « Contrairement à ce que font croire des sites qui ne font rien payer, un apprentissage a une fin, assure Benjamin Lévy. Tout n’est pas à durée indéterminée. »

Les cours Gymglish ont tous un point commun : ils sont construits sur des récits décalés et scénarisés, imaginés pour mettre en valeur la culture au-delà de la langue. L’anglais s’apprend en suivant la Delavigne Corporation, une entreprise fictive de parfums et cosmétiques établie à San Francisco. Pour le français, on se téléporte sur une autre planète, où une agence peuplée d’humains et d’extra-terrestres décongèle Victor Hugo pour le faire revivre au XXIe siècle comme guide de la langue française. Pour l’espagnol, on suit Anna Borbollón qui doit choisir entre poursuivre sa carrière de chirurgien à Buenos Aires ou reprendre l’entreprise familiale : l’illustre Hotel Borbollón à Madrid.

Au-delà de l’apprentissage stricto-sensu de l’anglais, de l’allemand, du français ou de l’espagnol, la « patte » Gymglish donne à voir tout l’univers idiomatique – des références, des façons de vivre et de travailler ensemble, une variété d’accents,
une histoire – que recouvrent ces langues. Derrière l’apprentissage d’une langue étrangère, il existe ensemble de cultures : nord-américaine, britannique et australienne pour l’anglais ; française, québécoise, belge et africaine pour le français ;allemande (ex-RDA et ex-RFA), suisse et autrichienne pour l’allemand; espagnole et sud-américaine pour l’espagnol.

Adaptive-learning

Outre ces contenus décalés, Gymglish a mis au point son propre algorithme d’adaptive-learning, avec un moteur d’intelligence artificielle qui adapte les leçons en fonction du niveau de l’apprenant, permettant d’offrir un parcours pédagogique sur-mesure. Chaque compétence est ainsi découpée en une multitude de sous-compétences et de pré-requis qui doivent être maîtrisés avant de passer au niveau supérieur. « Chaque personne a des besoins d’apprentissage différents, avec des rythmes de progression différents, relève Benjamin Lévy. On part d’un tronc commun de compétences et on va amener chaque utilisateur vers la maîtrise de ces compétences par un chemin personnalisé. »

Tous les exercices proposés par Gymglish sont développés avec des experts pédagogiques pour le fond, et des auteurs pour l’aspect narratif formel. Si la PME de 54 salariés s’adresse aux particuliers, elle a également depuis longtemps étendu son business aux écoles, aux facultés et aux entreprises. Gymglish, et sa version française Frantastique sont toutes deux reconnues par l’Etat et éligibles au Compte personnel de formation (CPF). 

Un autre point important de Gymglish est de considérer que jamais aucun apprentissage n’est acquis. Principe qu’elle a appliqué à la lettre en développant « Mémorable », avec le journal Le Monde. Cette application propose d’améliorer sa culture générale avec des contenus issus du célèbre quotidien. Un quizz permet à l’utilisateur de vérifier qu’il en a retenu l’essentiel. Le lendemain, un autre petit quiz viendra vérifier s’il se souvient encore de ce qu’il a pris la veille. Cette solution a été mise au point avec le « Gymlish studio », une entité de la PME qui développe une co-construction d’outils d’apprentissage avec des partenaires extérieurs. 

Gymglish a vite trouvé son public. La PME est rentable depuis 2005 et a toujours cru sur fonds propres. En 2018, ses co-fondateurs ont voulu accéléré sa croissance en levant 3 millions d’euros auprès d’un fond d’investissement, à laquelle les salariés sont associés. Les collaborateurs représentent ainsi le deuxième groupe actionnaire de l’entreprise, derrière les fondateurs et devant les investisseurs. »Il nous fallait passer un cap pour exploiter nos idées de développement et d’innovation, explique Benjamin Lévy. Nous avons remis en question nos plafonds de verre et reconsidéré notre stratégie financière pour investir dans le développement. Mais pas à n’importe quel prix. » Chez Gymglish, on maîtrise aussi la langue des affaires. 

 

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