Grâce au rétrofit, la start-up Phoenix Mobility rend l’électrique accessible aux véhicules utilitaires

Autorisé par l’arrêté du 13 mars 2020, le rétrofit fête ses deux ans en France. Cette solution, qui permet de convertir un véhicule thermique à l’électrique, présente des avantages à la fois économiques et écologiques.

Depuis l’évolution de la législation française, les homologations se font désormais en série, ce qui a permis à de nombreux acteurs d’émerger. C’est le cas de Phoenix Mobility, une start-up grenobloise spécialisée dans le rétrofit de véhicules utilitaires pour les TPE/PME, grands groupes et collectivités. Pour comprendre les enjeux de ce marché estimé à 1 milliard d’euros sur la période 2020-2025, Forbes est allé à la rencontre de son fondateur, Wadie Maaninou, qui vient de réaliser une levée de fonds de 3 millions d’euros.

Comment est née l’idée de Phoenix Mobility ?

Wadie Maaninou : L’idée est née lors d’un projet entrepreneurial en dernière année d’école d’ingénieurs à Grenoble. Avec l’un de mes futurs associés, nous voulions travailler sur un projet à impact, qui soit en lien avec nos formations académiques et nos convictions écologiques. Mon futur associé connaissait le concept de rétrofit, qui existait en Grande Bretagne et aux États-Unis, mais exclusivement sur des marchés de niche (véhicules vintage, collection) et avec des procédés artisanaux et peu industrialisables.

A quelle(s) problématique(s) avez-vous fait face ?

Wadie Maaninou : Principalement, celle de son industrialisation pour le rendre compétitif face aux offres de véhicules électriques des constructeurs, ce qui signifie des prix attractifs mais également un temps de transformation réduit au minimum.

Comment avez-vous mis au point la technologie ?

Wadie Maaninou : Il y a eu deux phases structurantes pour notre projet. La première phase, de septembre 2018 à août 2019, a concerné la validation de nos prototypes et de leur potentiel sur le marché, à laquelle se sont ajoutées des actions de lobbying politique pour faire évoluer la réglementation et autoriser l’homologation du rétrofit en France. La seconde, de septembre 2019 à août 2021, a porté sur la R&D pour aboutir à un produit stabilisé. Afin d’industrialiser notre solution, il a été nécessaire d’avoir une approche technologique totalement différente des solutions de rétrofit qui préexistaient : standardiser au maximum notre kit de conversion, et éviter le sur-mesure. C’est cette standardisation qui facilite l’industrialisation de la solution finale.

Durant la phase de R&D de 2 ans, combien de véhicules avez-vous converti ?

Wadie Maaninou : Une quinzaine de véhicules, qu’il s’agisse de prototypes internes, de démonstrateurs clients, ou de premières livraisons pour tester nos solutions et obtenir des feedbacks. Les livraisons en série vont démarrer en 2022 afin de nous permettre d’honorer le carnet de commandes signé à date d’1,5m€.

Vous avez réalisé une levée de 3M€ en 2021. Quels sont vos objectifs de développement ?

Wadie Maaninou : L’objectif de cette levée de fonds est de permettre à l’entreprise de terminer la fiabilisation de son offre utilitaire (Renault Trafic, Renault Master) et d’achever son homologation complète. L’autre étape concerne la structuration de notre capacité de production pour livrer nos premiers clients, et permettre à l’entreprise d’être correctement dotée pour des livraisons série massives à partir de 2023 via son réseau d’installateurs. Le tout, en tenant compte des échéances réglementaires à venir interdisant la circulation de véhicules diesels dans les grandes métropoles françaises avec la généralisation des ZFE (Zones à Faibles Émissions). 

Rétrofit s’adresse aux professionnels et aux entreprises détentrices de flotte utilitaire. Quelles sont les aides qu’ils peuvent solliciter pour les aider dans cette conversion ?

Wadie Maaninou : L’État a mis en place une prime au rétrofit permettant de subventionner la conversion de véhicules particuliers, utilitaires ou poids lourds. Dans le cas des véhicules utilitaires (camionnettes), les aides de l’Etat peuvent aller jusqu’à 9000€. A ces aides, viennent s’ajouter des aides régionales mises en place par différentes collectivités. A titre d’exemple, la région Ile-de-France accorde une aide de 2 500€, quand la métropole de Grenoble accompagne les conversions jusqu’à 12 000€.

Quelles sont vos ambitions pour la suite ?

Wadie Maaninou : L’intérêt de notre solution standardisée est qu’elle est facilement adaptable à de nouveaux modèles de véhicules, et l’intérêt de notre modèle opérationnel est qu’il est facilement réplicable et permet un déploiement géographique assez rapide. La deuxième étape est donc naturellement un déploiement sur le marché européen.

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