« Dévoré » par l’ogre Lagardère
Après quelques tâtonnements inhérents à toute nouvelle aventure, Gaël Duval se lance à tombeau ouvert sur le marketing de la performance avec l’achat de mots-clés et fonde, en 2005, Nextedia avec Henri Le Menestrel, résultante de UN77, qui deviendra, au sortir d’une fusion réussie avec AdviseMedia (fondée par Loïc Fleury), énième coup de maître, la première agence indépendante digitale française. « Nous raflons tout, on cartonne littéralement. On gère des budgets à l’international avec des clients comme LVMH, Essilor ou le lancement de start-up comme LeBonCoin, dont Gaël Duval a trouvé le nom. « Cela a failli s’appeler Chez Georgette ». Forcément, l’agence attise la convoitise et alors qu’elle est à deux doigts, un an plus tard, d’intégrer le giron WPP, elle finit par tomber dans la besace de l’ogre Lagardère « qui a fait la meilleure offre et sur le papier ; la proposition était géniale ». Sur le papier seulement, car rien ne se passe comme prévu. « Nous devions être les patrons du digital mais cela a été, en réalité une véritable catastrophe. La fusion industrielle ne marche pas, les relations avec nos interlocuteurs deviennent rapidement mauvaises ». Dès le départ on n’y arrive pas. « Le deal est fait en août, l’annonce intervient en septembre et en octobre Lagardère Active confiait le développement de son site web à Publicis ».
Un échec d’intégration cuisant même si avec Nextedia, Gaël Duval, qui quittera Lagardère Active au bout d’une année, peut se targuer d’avoir cofondé la plus grosse agence digitale indépendante française et réalisé une des plus belles ventes du digital français.De ces deux aventures (B2L et Nextedia), la plus grande fierté de Gaël Duval aura été d’avoir contribué à faire monter le désir entreprenarial de nombreux collaborateurs au premier rang desquels Marion Carrette (fondactrice de OuiCar), Emmanuel Vivier (cofondateur du Hub Institute) ou plus récemment Charlotte Dereux (fondatrice de Patine), Antony Di Maiolo (Pets Finder App) sans oublier son épouse Hélène Duval, avec YUJ Yoga.
Repartir de l’avant
Mais l’homme n’est pas du genre à se laisser abattre et reprend son bâton de pèlerin. Fidèle à sa réputation d’avant-gardiste, il se rend compte, lors de son déménagement, que personne ne n’est penché sur la problématique du déménagement des contrats et plus globalement d’une conciergerie dédiée aux factures courantes des Français « Vous avez juste à prendre votre facture en photo et nous on s’occupe du reste » souligne, en as de la com’, Gaël Duval. « JeChange », premier service indépendant dédié à la réduction de toutes les factures, voit ainsi le jour en 2007. Pour ce qui est sa première véritable aventure d’annonceur, l’ancien dirigeant de Nextedia rachète immédiatement une structure baptisée DSL Valley et intègre toutes ses opérations, y compris le call-center, à Agen, « entre les fraises et les pruneaux », soit un total de 110 personnes, loin des 20 du début de l’aventure. Après avoir, dès les prémices, levé 3 millions d’euros, nouvelle étape à l’été 2016 avec l’entrée d’Ardian au capital. Année durant laquelle plus de 300 000 contrats ont été générés. Désireux de « rêver plus grand », JeChange s’offre le Belge « KillMyBill » début décembre. Objectif : devenir l’un des leaders européens et ferrailler contre MoneySuperMarket ou encore Check 24. Une réussite impossible sans le fondateur de DSL Valley, Philippe Goold, autre coup de cœur du fondateur.
Des « Pigeons » à Macron
Ayant rapidement pris conscience, au gré de ses pérégrinations, que l’aventure entrepreneuriale est souvent incomprise du pouvoir politique, Gaël Duval s’engage et est en première ligne lors du bras de fer avec le gouvernement au sujet de la loi de finances 2013 qui débouchera sur le mouvement des « pigeons », du nom de ces entrepreneurs refusant « de se faire plumer ». Gaël Duval fonde alors, aux côtés de Jean-David Chamboredon, Marie Ekeland ou encore Olivier Mathiot, France Digitale, une alliance d’entrepreneurs et d’investisseurs. Mais Gaël Duval a pour ambition de faire rayonner l’innovation française à l’international, pas uniquement dans l’Hexagone. Il décide alors de lancer « au moment où il y a un French Bashing de folie » dixit l’intéressé, la French Touch Conference qui se déroule au début de l’été à New York. Objectif : aller à la rencontre des Américains pour leur présente l’écosystème français. En d’autres termes, favoriser les relations business et devenir une véritable caisse de résonnance. Le concept, qui va fêter cette année sa cinquième édition, est un véritable succès. L’ambition de Gaël Duval de parler de l’entreprenariat et du génie français dans sa globalité rencontre un très large écho. Fort de cette réussite, la French Touch Conference a lancé le premier Pitch in the Plane (concours de startup organisé dans un avion) et s’est « exporté » à San Francisco et devrait également bientôt poser ses valises à Shanghaï.
Pour autant, Gaël Duval n’oublie pas la « maison-mère » et la France où pour la première fois de sa vie, il s’engage dans le débat politique en soutenant publiquement – « mais sans fonctions opérationnelles » -, précise-t-il tout de go, l’ancien ministre de l’Economie, Emmanuel Macron. « Pour la première fois de ma vie, j’ai eu l’impression de rencontrer un ‘doer’ en l’occurrence une personne qui agit plutôt qu’un mec qui parle », dépeint le fondateur de jechange.fr. Organisateur de certaines levées de fonds – « cela marche plutôt bien » évoque-t-il, sybillin et d’ajouter « mais je ne sais pas si cela sera suffisant », Gaël Duval prend également la parole dans les médias et distille quelques conseils, notamment sur la stratégie internet. Objectif : la conquête de l’Elysée qui, après avoir fait office d’utopie, ressemble de moins en moins à un mirage. « Ce serait exceptionnel de gagner du premier coup et d’avoir un président de notre génération qui fasse enfin ce dont notre économie a besoin ». Parole d’expert.
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