Le plan « France 2030 » annoncé par Emmanuel Macron prévoit de distribuer 30 milliards d’euros sur 5 ans pour développer la compétitivité industrielle et les technologies d’avenir. Rythmé par 10 objectifs, ce plan a pour ambition de « mieux comprendre, mieux vivre et mieux produire » d’ici 2030. Cette annonce suscite à la fois espoirs quant à un leadership plus affirmé de la France, mais aussi interrogations et vigilance des acteurs privés du fait que ce plan émerge sans réelle consultation des principaux intéressés et dessine une feuille de route qui reste encore floue. Qui bénéficiera de ces milliards dans les faits ? Qui évaluera ? Sur quels critères ? Les grands groupes industriels rafleront-ils la mise au détriment des PME et start-ups ? Ces questionnements sont légitimes et trouvent souvent leur origine dans quelques déconvenues passées. Entretien avec Maya Noël, Directrice Générale de France Digitale.
France 2030 s’adresse essentiellement aux filières dites industrielles (énergie, transports, agriculture, santé, espace, maritime), mais aussi de formation des talents et de culture. Si le numérique n’est pas clairement identifié comme filière, il n’en reste pas moins omniprésent car il constitue une brique essentielle de ces différents projets d’innovation.
France Digitale, association créée en 2012, première organisation de startups en Europe, assume son rôle de lobby français pour la filière des technologies numériques. Selon Maya Noël, Directrice Générale de France Digitale, « ce plan « France 2030 » est plutôt positif et va dans le sens de ce que l’association défend depuis longtemps. Il acte un changement de paradigme ». Il reste à voir comment ce plan sera déployé et de quelle manière il pourra bénéficier aux acteurs innovants. En effet, quelle part exactement devrait revenir aux start-ups, aux grands groupes ou aux PME ? Maya Noël indique que le rôle de France Digitale est alors de s’assurer que l’exécution de ce plan permettra de financer des projets portés par des start-ups des domaines de l’e-santé, de la transition écologique, la souveraineté technologique ou encore de l’alimentation par exemple.
Ce plan mise a priori sur les startups technologiques comme industrielles, qui sont vues comme des fers de lance de l’innovation en France, au bénéfice de tout un tissu industriel en mal de dynamisme et de croissance. Le gouvernement espère que ce plan « France 2030 » permettra de voir advenir une meilleure collaboration entre les grands groupes et les start-up. Sa mise en œuvre devra alors être pensée, évaluée et corrigée si nécessaire pour pallier d’éventuels déséquilibres contreproductifs.
Un autre sujet cher à France Digitale concerne les pénuries de talents dans les filières technologiques et numériques. Investir dans les bons talents, les conserver et les attirer constituent le premier frein au développement des acteurs technologiques sur le sol français selon Maya Noël. Ainsi, une part importante des financements « France 2030 » devrait être consacrée au développement du numérique, à la digitalisation et à la formation des talents. Le gouvernement cherche à retenir les talents qui sont trop souvent captés par les grands acteurs économiques américains ou chinois. Il existe en effet une guerre ouverte au sujet de l’acquisition des talents au niveau mondial. Le gouvernement prévoit ainsi 1 milliard d’euros pour former plus d’ingénieurs et de chercheurs, notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle.
Maya Noël se félicite du fait que ce plan « France 2030 » entre en parfaite résonnance avec les principaux chantiers de France Digitale que constituent l’enjeu des talents, la recherche d’impact bénéfique des technologies sur la société, la constitution d’un écosystème français et européen qui se positionne sur des technologies innovantes et de rupture pour tenir tête aux USA et à la Chine qui nous devancent. Pour Maya Noël, le rôle de France Digitale sera essentiellement de communiquer sur ce plan et de faciliter l’accès à ces aides de façon opérationnelle pour les start-ups et PME françaises, notamment du secteur de la Tech. Si les bénéficiaires sectoriels de ce plan sont globalement indifférenciés à ce stade, 5 milliards d’euros toutefois sont directement dédiés aux start-up « DeepTech » et leur industrialisation.
Le rêve de voir émerger des entreprises industrielles innovantes en France, issues notamment des résultats de la recherche et soutenues par une logique d’innovation plus ouverte (en appelant à la coopération entre acteurs publics et privés de toutes tailles), pourrait donc devenir réalité dans quelques années sur l’impulsion de cette dynamique.
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