La Fintech Bruno se lance sur Messenger à la conquête des Millennials. L’assistant personnel veut s’installer comme le premier conseiller bancaire des jeunes en proposant une solution de gestion du compte courant. Régulièrement, Bruno permet à l’utilisateur de déposer une petite somme de côté, ou au contraire l’averti si les compteurs s’affolent. En s’adressant aux 18-25 ans, la jeune pousse pourrait éveiller l’intérêt des banques.
Bruno est un contact parmi d’autres sur Messenger, la messagerie instantanée de Facebook. A la différence près que derrière ce prénom bonhomme et son avatar d’ours en peluche rassurant se cachent des algorithmes. « Les algorithmes se connectent au compte courant afin de détecter le montant que l’utilisateur peut mettre de côté », explique, le pédagogue Florent Robert, co-inventeur de cet assistant personnel.
Depuis son lancement le 5 février dernier – et une version bêta en ligne depuis le 15 septembre 2017 pour que les algorithmes apprennent en étudiant les comportements – Bruno a permis à ses utilisateurs d’épargner près de 200 000 euros, avec une moyenne de 120 euros par mois et par personne. Une belle somme pour une moyenne d’âge de 25 ans.
Conseiller bancaire
Et c’est exactement la tranche des 18-30 ans, celle qui touche ses premiers salaires et n’est pas dans le radar des conseillers bancaires, que comptent atteindre Florent Robert et Louis Chavane, les cofondateurs de Bruno. Les deux entrepreneurs, amis d’enfance, ont suivi des parcours complémentaires après leur école d’ingénieur. Louis travaille pour Fifty Five, une start-up spécialisée dans la data, avant de lancer la version marseillaise du Wagon, une école de développeurs. Florent s’immerge dans le monde de la finance à Londres, puis à Hong Kong où il reste sept ans. Proche de la Chine, il découvre les innovations Ali Pay et WeChat et leurs solutions de « micro saving ».
« En 2016, l’ouverture de Messenger aux services et la libéralisation de la donnée bancaire ont rendu la création de Bruno possible », relate Florent Robert. Une invention, comme souvent, imaginée à partir d’un besoin : « je travaillais dans la finance, mais j’étais incapable de faire mes comptes. Je me connectais sur le site de ma banque quand c’était déjà la catastrophe, et encore, j’avais la chance d’être averti par ma banque. »
Bruno se voit comme une somme de bonnes pratiques. « Dans les périodes fastes, il permet de mettre de côté, dans les périodes plus difficiles, il dit de faire attention », détaille Florent Robert. « C’est un coach qui gère les vases communicants à l’aide de récapitulatifs, d’encouragements et de Gif. »
Sécurité « by design »
Loin de la folie des chatbot conversationnels, Bruno ne discute pas. Connecté au compte courant, il fait un état des lieux, propose une solution. De son côté, l’utilisateur n’a qu’à appuyer sur des boutons – solde, transaction, épargne, déposer, retirer, etc.
L’argent circule uniquement en circuit fermé entre le compte courant et le compte Bruno. Impossible de faire entrer une autre personne dans la boucle. Sécurité « by design ». La start-up est également reconnue Intermédiaire en Opérations Bancaires et Services de Paiements (IOBSP), son activité est donc régulée et contrôlée. Quant à l’argent déposé sur le compte Bruno, il est détenu par le Crédit Mutuel Arkea, simple partenaire.
Car Bruno, à la différence de nombreuses start-up de la FinTech, n’appartient pas (encore) à un établissement bancaire. En décembre dernier, l’entreprise a levé un million d’euros auprès de 360 Capital Partners et des business angels Alexandre Prot (Qonto) et Julien Lemoine (Algolia).
Créer la traction avant les nouveaux services
Pas encore, car la jeune pousse, en ciblant les Millennials, pourrait intéresser les géants du secteurs. Pour l’instant, l’entreprise perd de l’argent admet Florent Robert qui fait le choix d’un compte gratuit et ne revend pas les données de ses utilisateurs. « Pour l’instant, nous cherchons la traction, puis nous proposerons de nouveaux services.
Idem pour la forme. « Nous ne voulions pas créer d’application pour rester le plus simple et le plus proche des usages possible », explique l’entrepreneur. « Mais nous ne sommes pas fermés à un autre canal. »
Incubée pendant dix mois au start-up garage de Facebook à Station F, la jeune pousse semble vouloir voler de ses propres ailes.
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