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« Tomber Malade M’A Boosté »

Laurent Froissart est graphiste. Il a monté et revendu une première entreprise avant de lancer Bikom. En 2010, gravement malade et désormais reconnu comme travailleur handicapé à 80%, il aurait pu tout arrêter, mais décide de s’accrocher et de transformer la manière de gérer son entreprise de publicité sur lieu de vente (PLV) 100% recyclable. Après avoir rencontré des difficultés pour obtenir des prêts, notamment à cause de la réticence des assureurs, il s’engage dans la fondation H’Up qui aide les personnes atteintes de handicap à se lancer dans l’entrepreneuriat.

C’est un grand bonhomme élancé derrière son sourire presque timide et ses lunettes. Laurent Froissart est à la tête d’une entreprise qui confectionne des publicités sur lieu de vente (PLV), « un truc pas très sexy », de son propre avis. Mais une activité que l’entrepreneur, graphiste de formation, a su développer à son image. Responsable. Sa société Bikom fait de la PLV 100% recyclable. Un concept primé par le prix BNP Paribas « ma pub ici ».

Pourtant, cette belle réussite – une entreprise qui emploie dix salariés, a réalisé 2 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2016, une croissance de 60% et une perpétuelle envie d’innover – aurait pu tout simplement s’arrêter.

Laurent Froissart a commencé à travailler jeune, à l’aube de sa vingtaine. Graphiste, il fait ses armes comme « créa » en agence. « Mon père était entrepreneur, mes grand-parents agriculteurs, j’avais envie d’être mon propre patron », raconte-t-il autour d’un café. A 25 ans, il se lance : « créa indépendant ». En 1996, sa première SARL se lance grâce à une voiture qu’il a achetée à crédit et revendue pour capitaliser l’entreprise. Dix ans plus tard, au moment où la société est la plus florissante, il la vend à un de ses fournisseurs et se retrouve salarié de sa propre entreprise pendant trois ans. « A l’époque, c’était la mode de vendre », se remémore-t-il avec un certain fatalisme.

2010, année noire

Après un passage chez Igloo, il décide d’abandonner internet et de se lancer sur la publicité sur lieu de vente. Repartir de zéro. Et puis, 2010, année noire. Il tombe gravement malade. Sa femme aussi. Pour leurs trois enfants, l’entrepreneur décide de se battre. « Il a fallu rebondir. Tomber malade m’a boosté, dynamisé. J’ai pris des risques pour assurer mes arrières. »

Laurent Froissart repense alors le fonctionnement de sa société. « J’ai acquis en souplesse, alors que les industriels diminuaient leurs volumes de PLV, nous nous sommes lancés sur les petits volumes que ces grands industriels ne faisaient pas. » Bikom se met à réaliser ce qu’avant elle sous-traitait. Avec ce système, l’entreprise peut aujourd’hui répondre à la demande des gros clients et des start-up. Aujourd’hui, 1 500 clients font appel à Bikom pour réaliser des PLV 100% recyclables et éco-conçues. « Nous sommes sur un créneau mercantile, mais nous le faisons bien », explique Laurent Froissart très attaché à la biodégradabilité de son carton.

Les banques ne lui accordaient pas de prêt

En 2016, il intègre la fondation H’Up. Lancée par Didier Roche, cette fondation a pour objectif de regrouper les chefs d’entreprise en situation de handicap, comme Laurent Froissart désormais reconnu travailleur handicapé à 80% et Didier Roche, mal voyant.

« J’ai été mis dans cette case handicapé. J’ai donc eu des problèmes pour contracter des emprunts, non pas parce que les banques ne voulaient pas, mais parce que les assureurs considéraient que j’étais une personne à risque. »

Laurent Froissart fait désormais parti du conseil d’administration de la Fondation H’Up. « Quand une personne se retrouve du jour au lendemain en situation de handicap, nous sommes là pour les accompagner et les aider à continuer à mener leur entreprise, à travailler, ou au contraire à arrêter. »

72 000 personnes handicapées sont également à la tête d’une entreprise, précise Laurent Froissart dont l’épouse, traitée contre un cancer entre 2010 et 2012, ne peut pas emprunter jusqu’à 2022 alors qu’elle souhaiterait elle aussi lancer son entreprise. « Nous réfléchissons à créer un fonds de garantis avec une assurance à laquelle les gens souscriraient de manière éthique. » Une manière de rééquilibrer les chances de succès.

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