Ce n’est pas parce qu’on poursuit un objectif de développement économique en tant qu’entrepreneur qu’on ne peut pas afficher son engagement philanthropique. Souvent même, l’un et l’autre s’alimentent. J’en ai toujours eu la conviction, mon expérience entrepreneuriale m’en a apporté la preuve.
La création d’entreprise est porteuse de sens en soi
Créer une entreprise est un premier engagement en soi. Réussir à développer son entreprise, c’est une façon de « faire gagner la France ». Si on se lance avec cet objectif, alors faire du chiffre d’affaires a beaucoup de sens. Entendre de jeunes entrepreneurs français se donner comme finalité de vendre leur start-up à des investisseurs étrangers est à l’inverse un non-sens. Qui imaginerait des startuppers américains se targuer de créer une société dont le signe de réussite serait d’être revendue à des Français ? Personne ! Leur ambition est de faire gagner les Etats-Unis. En France aussi, il faut que nos entrepreneurs affirment leur volonté de faire rayonner nos savoir-faire et notre économie au-delà des frontières au travers du succès de leur entreprise. Il faut arrêter de ne pas assumer ses ambitions de croissance.
La nature de son activité donne aussi du sens à ce que l’on fait au quotidien
Mon expérience professionnelle aux États-Unis m’a par ailleurs appris que les entrepreneurs américains avaient entre autre force de savoir de faire épauler à des moments critiques. Chez Lexmark, alors que je travaillais sur des projets de fusions-acquisitions, j’ai notamment côtoyé des operating partners : ces serial entrepreneurs interviennent de façon très opérationnelle à la demande des investisseurs auprès des chefs d’entreprise pour gérer avec eux des phases stratégiques et ainsi assurer le succès des opérations lancées. C’est parce que je veux donner aux entrepreneurs français les mêmes ressources que leurs homologues américains, que j’ai lancé ma société I&S Adviser. Les Français sont d’excellents ingénieurs ; s’ils adjoignent à leurs compétences technologiques un savoir-faire business, alors ils auront les moyens de transformer leurs entreprises en licornes et de devenir leader sur les marchés internationaux. Une façon de donner du sens à ce que je fais au quotidien.
Donner du sens en portant des combats entrepreneuriaux comme le rebond
On peut aussi donner du sens à son métier d’entrepreneur en s’engageant pour faire avancer des causes de sa profession. Pour ma part, j’ai choisi de défendre le rebond comme mesure du succès des entrepreneurs. En m’impliquant au sein de l’association des Rebondisseurs Français, j’anticipe un éventuel pivot que je pourrais avoir à gérer et pour lequel il faudrait que les conditions soient plus favorables. Surtout, j’agis dans l’intérêt de mes pairs pour qu’ils ne soient plus stigmatisés si les choses se passent mal. Et je fais en sorte que l’environnement des entrepreneurs soient plus favorables au succès des projets lancés.
En plus d’être un acteur économique, une entrepreneur doit devenir un acteur social
Enfin, quand on a réussi dans un business, on peut vouloir en faire profiter d’autres. La philanthropie des entrepreneurs est un formidable levier car, quelle que soit la cause, plus on donne (transfert de compétence, temps, accès à son réseau, etc.), plus on s’enrichit en retour à titre personnel ; et cette richesse non monétaire apporte un supplément d’âme et une énergie nouvelle à ce que l’on fait dans son entreprise. L’entrepreneur que l’on est devient acteur social, ce qui va bien au-delà de la seule création de richesse économique et d’emplois. Il n’y a pas de hiérarchie dans les causes défendues, chacun choisit celle qui lui parle et pour laquelle il a envie de se battre. Pour ma part, je me suis engagée aux côtés d’Apprentis d’Auteuil en tant qu’ambassadeur, pour aider des jeunes qui n’ont pas eu beaucoup de chance au départ dans la vie mais qui ont l’énergie et l’envie d’avancer.
Donner du sens est donc un formidable levier : pour enrichir son équipe, pour faire avancer le débat, pour faire évoluer l’environnement économique, politique et sociétal. J’en suis convaincue : faire du business ce n’est pas mal, et aider les autres c’est normal …
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