Fondé par deux frères, Bertrand et Didier Fredenucci, Btwinz fait résolument office d’accompagnateur et de guide tout au long de l’existence des start-up de son portefeuille toutes spécialisées dans les services SaaS (Software As A Service). Comme « un grand frère » tapi dans l’ombre qui distille de précieux conseils.
« J’adore mon frère depuis toujours, c’est-à-dire depuis qu’il existe », souligne, malicieux, l’aîné de la fratrie, qui reconnait qu’ils ne sont pas tout à fait jumeaux. Et son cadet de lui rétorquer, tout de go, « j’ai toujours eu une envie irrépressible de passer du temps avec lui, n’ayant pas pleinement confiance que c’était du boulot », chambre-t-il gentiment. Le décor est planté et l’histoire de Bertrand et Didier trouve son essence aux confins des montagnes grenobloises à quelques encablures de la célèbre station de ski Chamrousse. « Nous avons grandi dans la maison du bonheur, avec deux sœurs entre nous », souligne le benjamin, né après 1980, « année où j’ai eu le plaisir de voir mon grand frère, mon aîné, se pencher sur mon berceau », sourit encore celui qui n’est pas encore la « moitié » de Btwinz.
En dépit de leur différence d’âge, secret bien gardé, Bertrand et Didier développent des passions communes, notamment pour les thématiques relatives à l’intelligence artificielle. Quittant la quiétude grenobloise pour le tourbillon parisien et Lillois, où ils fréquentent respectivement les bancs de Polytechnique et de de l’EDHEC, les deux frères s’enhardissent et débutent une carrière d’entrepreneur dans l’e-commerce pour les marques et les retailers où ils cisèlent leur savoir-faire. Un moment charnière. « Nous nous sommes vite rendus compte qu’il y avait une grosse bascule du marché et les marques incorporaient de plus en plus de technologie. En parallèle, on assiste à la montée en puissance des capacités de stockage des ordinateurs et le cloud chez Microsoft, Amazon ou encore Google est en pleine expansion », développe Bertrand.
Un « grand frère » pour start-up
Fort de ce postulat, les deux frères décident, en septembre 2013, de lancer leur entité commune, baptisé Btwinz, pour « être jumeaux » en anglais. Btwinz est ce que l’on appelle une « venture-builder », la première en France. Elle poursuit ainsi l’objectif de transformer des technologies en entreprises à forte croissance et rentables (en prenant des parts majoritaires ou minoritaires au capital), non pas à un instant T de son existence à l’instar d’un incubateur, mais tout au long de celle-ci, jouant ainsi le rôle de grand frère. « On a monté Btwinz avec 500 euros chacun et on s’est lancé à corps perdu dans cette aventure avec une limitation de moyens, mais sans aucune limitation d’idées », sourit Didier. « L’idée était de prouver que, malgré tout ce qu’on raconte, il était possible de monter un groupe viable avec 1 000 euros en France. En fait, démarrer sans moyens était la meilleure façon de donner un ADN de frugalité à notre groupe », poursuit Bertrand. Et son frère d’ajouter. « Et puis, nous, en tant qu’entrepreneurs, nous avons besoin d’avoir un peu de résistance pour être motivés et donner le meilleur de nous-même ».
Dès lors comment se matérialise, au quotidien, l’apport de Btwinz auprès des neuf start-up de son portefeuille ? « C’est comme avoir un cofondateur. Nous sommes d’ailleurs une véritable communauté d’associés. Nous apportons un appui sur des sujets divers et variés comme la structuration marketing, l’aspect commercial, le recrutement, la formation des équipes, l’acquisition clients, la structuration capitalistique, les relations RH etc. », explique Bertrand Fredenucci. Et Didier de filer la métaphore fraternelle. « C’est comme, pour poursuivre l’analogie, avoir un grand frère qui accompagne l’entrepreneur dans toutes les étapes cruciales du développement de sa structure ».
Sur rampe de lancement
Après la théorie, la pratique. Les deux premières « pépites » de Btwinz se nomment Facelift, plateforme permettant de piloter la présence des marques sur les réseaux sociaux, et yReceipts dévolu à la collecte de données transactionnelles offline via le ticket électronique. « Nous avons lancé ces deux premiers projets en France sous le régime entrepreneuriale, comme une franchise. On dispose de la licence et on développe les équipes », détaille Bertrand Fredenucci. D’autres jeunes pousses, désireuses de profiter de l’accélération commerciale de Btwinz intégreront tour à tour le giron des deux frères, comme Mazeberry, spécialisée dans l’attribution marketing, Quanta Computing (performance intelligence) ou encore Merchandising.io qui permet aux marques d’améliorer leur e-merchandising. Et Btwinz vient de lancer un projet jusque-là tenu secret centré sur l’intelligence artificielle, Alphalyr, qui est une webanalyste virtuelle pilotée par l’intelligence artificielle. Au total, neuf structures qui avancent en parallèle, tout en creusant le même sillon. Soit 300 clients actifs avec un rythme d’acquisition de 15 clients par mois.
« Une levée de fonds, pas pour dépenser, mais pour durer »
« Tout cela ne fonctionne que parce que nous sommes nous-même entrepreneurs, comme chacun de nos associés, et nous avons, dès lors, les mêmes problématiques à résoudre », souligne Bertrand, fier du chemin parcouru avec pour point d’orgue une levée de fonds de 10 millions d’euros, à la fin de l’année 2015. Même si cette dernière n’était pas, à la différence d’autres jeunes pousses, indispensable à l’existence de Btwinz, et encore moins à sa survie. « Nous n’avions pas besoin de lever des fonds, nous étions même très cash-flow positif. Nous avions davantage envie d’être rejoints par des personnes physiques, des profils susceptibles d’apporter un éclairage différent », développe le cofondateur au moment d’évoquer les investisseurs de Crescendo Industries ayant notamment pour principal fait d’armes le redressement de Bull.
« Nous n’avons pas réalisé une levée de fonds pour dépenser mais pour durer », abonde Didier. « On n’est pas pressé. On est là pour s’éclater et monter de beaux projets. ». L’humain, toujours. Et d’évoquer l’anecdote d’une associée qui, six mois après son arrivée au sein de la « galaxie » Btwinz, se demandait, plongée dans une atmosphère de travail si agréable où « était le loup ». Ne pas se précipiter et se donner du temps semble être le crédo des frères Fredenucci. « Si on veut construire un immeuble assez haut, il faut des fondations solides », poursuit Bertrand. Et de conclure avec une requête. « Nous recrutons à tous les niveaux. Nous recherchons notamment des développeurs passionnés par l’intelligence artificielle ». Le message est passé.
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits