C’est une plate-forme de crowdfunding à tête de chouette. Lancé en 2010, Ulule a bien grandi. Après huit ans d’existence, le site enregistre 21 770 projets financés avec succès pour un montant total de 103 382 562 euros récoltés fin mars 2018. Et atteindra les 2 millions de membres sur l’ensemble du globe en avril. Outre ces chiffres, l’entreprise, à l’instar de plusieurs de ses concurrents, est parvenue à installer dans le paysage français le financement par la foule pour couvrir les dépenses d’un projet artistique, la création d’une entreprise ou le lancement d’un nouveau produit. Une foule qui s’avère bien souvent composée du cercle des proches, et du réseau de leur réseau. Retour sur l’aventure Ulule.
Le crowdfunding, ou financement par la foule, n’a pas pour objectif de remplacer ni les banques, ni les prêts. « C’est un crash test qui permet de faire maturer le projet », expose sans détour Arnaud Burgot, Directeur Général de Ulule qui constate qu’un cinquième des porteurs de projet fait évoluer le concept au contact des donateurs. « C’est la vérité de la carte bancaire », ajoute-t-il pragmatique. Si le réseau et le réseau de son réseau ne sont pas prêts à financer, il est fort à parier que le projet ne rencontrera aucun public. Car le crowdfunding consiste à donner de l’argent pour un projet en lequel on croit. Une contrepartie, souvent symbolique est livrée après financement aux généreux donateurs.
A l’été prochain, Ulule fêtera ses huit ans d’existence, et peut déjà se réjouir d’avoir atteint de beaux chiffres tout en volant de ses propres ailes. Son concurrent direct, le pionnier du secteur en France, Kiss Kiss Bank Bank, lancé en 2009, a été racheté en juin 2017 par La Banque Postale. Parmi les chiffres marquants, Ulule se targue d’avoir permis de financer, avec succès, 21 770 projets pour un montant total de 103 382 562 euros*. En 2017, sur les plate-forme de crowdfunding, plus de 300 millions d’euros ont été connectés, selon KPMG. Soit 44% de plus qu’en 2016. Et en avril, si l’entreprise continue d’engranger 1 500 nouveaux inscrits par jour, elle atteindra les 2 millions de membres.
Modèle économique qui fonctionne
Plus que l’histoire d’une chouette, Ulule, c’est l’histoire d’un dragon à deux têtes. « La chose qu’on vous dit de ne surtout pas faire ! », s’amuse Arnaud Burgot. La plate-forme est créée en 2010 par Alexandre Boucherot et Thomas Grange. Arnaud Burgot et Adrien Ménard les rejoignent en 2012 et les quatre associés lancent une deuxième activité, Botify, solution SEO en mode SAAS. Le match parfait. La seconde permettra de financer la première. « Nous voulions d’abord monter une entreprise avec un modèle économique qui fonctionne », explique le désormais directeur général. Quelques temps plus tard, les deux entités ont été séparées et poursuivent chacune leur vie.
Lancé sans levée au démarrage, Ulule atteint l’équilibre en 2014 avant de devenir rentable en 2015 (elle ne l’est plus aujourd’hui). Ce n’est qu’en 2016, qu’Ulule se décide pour une levée de 5 millions d’euros, pour embaucher (ils passent de 25 à 60) et se développer à l’international. Depuis 2014, Alexandre Boucherot est au Canada où il gère l’équipe design et produit et développe l’activité dans le nord de l’Amérique. Si le site est déjà bien implanté dans les pays francophones, il se déploie lentement en Espagne, Italie, Portugal et Allemagne. « Cela nécessite des équipes sur places pour repérer les projets et accompagner les créateurs », souligne Arnaud Burgot.
Accompagner les projets
L’accompagnement est un choix stratégique qui n’était pas évident au lancement pour les potentiels investisseurs rencontrés. « Dès le départ, nous voulions accompagner pas à pas les porteurs de projet afin d’éviter les échecs. La stratégie de court terme aurait été de tout mettre en ligne, sans être regardant sur la qualité. Nous avons fait le choix du long terme. » Un choix d’entrepreneurs qui leur a permis de nouer rapidement des partenariats avec des grandes entreprises. Chose qui n’aurait probablement pas été possible si le taux d’échec avait été trop élevé. « Aujourd’hui, nous avons 65% de succès. »
Pour le porteur de projet, c’est une course d’obstacles : il faut « pitcher » l’idée (« un tiers veut financer sa voiture, son appartement », etc, et son reboutés) ; ensuite accéder à l’interface et à un coach (« à ce moment-là, beaucoup de projets tombent à l’eau par manque de temps, ou immaturité du projet ») ; les créateurs peuvent alors suivre des formations. Si Ulule propose des « coach », c’est pour permettre à la collecte d’aller à son terme. « Est-ce que le projet est intéressant et est-ce que le porteur sait en parler ? est-il à l’aise avec le fait de demander de l’argent ? » Pour Arnaud Burgot, les cas de non remise des contreparties sont rares parce que le porteur interpelle directement ses proches. « Une personne qui plante son projet, plante son réseau, personne ne prend ce risque-là. » Sur 21 000 projets financés, 200 n’ont pas livré leurs contreparties.
En 2018, l’entreprise compte continuer sa poussée à l’étranger, et accélérer le développement de Ok Pal, la plate-forme de collecte privée qui regroupe tous les projets personnels refusés sur Ulule et qui relèvent du don, mais sans contrepartie cette fois.
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