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Didier Brédy, La Conquête De L’Ouest

© Ekinops

« L’appel du large »

Le succès est au rendez-vous et la petite société attise la convoitise. Elle finira par tomber, en 2001, dans l’escarcelle d’Axcess, entreprise cotée au Nasdaq. Didier Bredy restera « dans les parages » et officie en tant que consultant pour aider à l’intégration d’Ivex dans le giron d’Axcess. C’est alors qu’il est contacté par le spécialiste français des terminaux de paiements, Ingenico qui vient de réaliser une grosse acquisition à Atlanta. « J’ai réussi, au départ, à me libérer quelques jours et de fil en aiguille Ingenico m’a proposé un poste sur place que j’ai accepté ». Le crépuscule de sa « première vie » commence alors à poindre. « L’état-major d’Ingenico m’a ensuite proposé de rentrer en France, et cela m’intéressait assez notamment pour des considérations personnelles, et je suis rentré en France en 2004 où j’ai pris la direction de la divisions logiciels et services ».  

Deux ans plus tard, l’appel du large se fait de nouveau sentir. « J’ai, de nouveau, été contacté par un chasseur de têtes qui m’a parlé d’une entreprise à Lannion, dans les Côtes d’Armor en Bretagne, Ekinops qui fournissait des solutions de transmission sur fibre optique ». Une petite structure, dont le potentiel va susciter l’attention de Didier Brédy mais également le replonger dans ses premières amours faites de « bric et de broc » aux Etats-Unis. « C’était un garage amélioré et les locaux étaient, si mes souvenirs sont exacts, prêtés par le comité d’agglomération. C’était loin d’être rutilant ». Un immense défi à relever qui parachève de convaincre le dirigeant. « Dès que je suis entré dans le bâtiment, j’ai ressenti la même énergie, le même ‘drive’, la même volonté de changer les choses que celle que j’avais connu aux Etats-Unis ». Didier Brédy revêt alors le costume de président-directeur général à la fin de l’année 2005.

« L’aventure » boursière

Fidèle à ses principes, le Français place ses hommes et métamorphose l’entreprise avec pour point d’orgue, en 2013, l’introduction en Bourse, période durant laquelle, hormis Inside Secure, un an auparavant, très peu d’entreprises technologiques franchissent le Rubicon de l’IPO. « Pendant 10 ans, nous avons été financés par des fonds de venture capital qui nous ont permis, en trois tours, de lever 30 millions d’euros ». Mais cette stratégie commence à trouver ses limites, les fonds renâclant davantage à financer Ekinops tant est si bien que l’un d’entre eux conseille à Didier Brédy d’examiner les modalités d’une IPO. « Dans mon logiciel « made in USA », il était inconcevable de s’introduire en Bourse si le chiffre d’affaires n’atteignait pas au moins 100 millions d’euros quand nous faisions alors dix fois moins. Mais à ma grande surprise, en étudiant la question, j’ai constaté que la Bourse de Paris était davantage encline à prendre des risques que son homologue américaine ».

Une prise de risque payante. Pour preuve, le titre Ekinops a progressé de 20% depuis le 1er janvier 2016 et de près de 40% sur un an. En outre, le dynamisme d’Ekinops ne s’est pas démenti au troisième trimestre. Ses ventes ont bondi de 21% à 4,05 millions d’euros sur la période, portant son activité depuis le début d’année à 12,54 millions d’euros. « J’avais dit aux investisseurs, même si c’est une notion aux antipodes de la Bourse, qu’il fallait être patient », savoure Didier Brédy.

Une santé financière insolente, l’augmentation de capital de 7,8 millions d’euros du troisième trimestre 2016 a dépassé les prévisions, mais le véritable « tournant » de l’année 2016 demeure le contrat signé par Ekinops avec le mastodonte Orange. En effet, la solution 100 G (100 gigabits par seconde) a été sélectionnée par l’ex-France Telecom pour l’extension des capacités de ses réseaux internationaux longue distance. Une consécration pour Didier Brédy qui n’y voit là que la première pierre de l’édifice. « Nous sommes en discussions très avancées avec un opérateur de rang 1 (opérateur dépassant les 10 milliards de CA) basé aux Etats-Unis et je suis résolument optimiste sur l’issue des négociations », poursuit l’ambitieux entrepreneur. Un joli clin d’œil du destin qui lui permettait de reprendre le fil de son histoire avec les Etats-Unis. Et d’ériger le deuxième étage de la fusée Ekinops. To be continued.

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