Le chantre du « Made in France » et ancien ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a confirmé qu’il allait désormais s’investir dans de « nouveaux projets », à savoir l’élevage d’abeilles et la culture d’amandes.
Najat Vallaud-Belkacem, Fleur Pellerin, Axelle Lemaire, Nathalie Kosciusko-Morizet… nombreux sont les anciens ministres ou personnalités politiques de premier plan ayant choisi de quitter le devant de la scène à la suite d’une défaite électorale obstruant leur avenir à court terme (NKM, Vallaud-Belkacem, ou Axelle Lemaire) ou par volonté d’explorer de nouveaux horizons (Pellerin). L’ancien flamboyant ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a rejoint cette cohorte « d’ex » pour lui aussi se « reconstruire » après des années d’engagement politique sans concessions, à l’instar d’ailleurs de ses collègues susnommées. Souvenez-vous. On l’avait quitté groggy par sa défaite, le 24 janvier dernier, au premier tour de la primaire organisée par le Parti socialiste. Pour la seconde fois en cinq ans, Arnaud Montebourg n’était pas parvenu à franchir l’obstacle des primaires. Par deux fois, l’ancien député de Saône-et-Loire avait échoué sur la troisième marche du podium. Tout d’abord, lors de la consultation de 2011, devancé par François Hollande – futur président de la République – et Martine Aubry, et donc début 2017, loin derrière les deux finalistes Manuel Valls et Benoit Hamon. Ce dernier réussissait le « prodige » de réaliser le score le plus faible d’un candidat socialiste à la magistrature suprême avec 6,31% des suffrages exprimés, précipitant un peu plus une formation politique au bord de l’implosion.
On pouvait alors légitimement imaginer le flamboyant orateur – ancien avocat – reprendre du service pour redresser le navire socialiste à la dérive. Et ainsi tenter de reconstruire ce champ de ruines et se positionner parmi les leaders d’une opposition en lambeaux. Que nenni. Arnaud Montebourg a finalement fait le choix de la prise de distance. Et non des moindres puisque le chantre du « Made in France » a finalement décidé de lancer sa propre activité de production de miel et de culture d’amandes. A des années-lumière de la politique ? Pas tout à fait selon ses dires. « Il s’agit du prolongement de mon action politique », souligne, dans les colonnes du JDD, l’ancien « 3e homme » de la primaire 2011. L’objectif d’Arnaud Montebourg : œuvrer à la reconstruction de filières en difficulté. « Je rassemble les compétences et les moyens nécessaires pour relancer des filières sinistrées, aider des agriculteurs à s’installer et à s’équiper et apporter aux consommateurs des produits de qualité », précise-t-il. Une nouvelle vie pour définitivement tourner la page de la politique ? Car Arnaud Montebourg n’en est pas à sa première « incursion » dans le monde de l’entreprise.
La parenthèse Habitat
Lors de sa première « traversée du désert », entre son débarquement du gouvernement (août 2014) et sa candidature à la primaire socialiste (janvier 2017), Arnaud Montebourg avait déjà surpris son monde en trouvant refuge, à partir de mars 2015, chez Habitat pour y occuper les fonctions de vice-président du conseil de surveillance. Une expérience pour le moins mitigée. L’ancien ministre « n’aura pas apporté du chiffre d’affaires supplémentaire » remarquait, en août 2016, Hervé Giaoui, le PDG de la maison mère d’Habitat, dans les colonnes du Figaro. Pour autant, Hervé Giaoui ne tarissait pas d’éloges au sujet de l’investissement humain de l’ancien député durant toute cette période. « Je ne pensais pas qu’il s’investirait autant. Cela nous a d’ailleurs un peu bousculés au début car il s’intéressait un peu à tout, débordant régulièrement du périmètre que l’on avait initialement imaginé pour lui », se rappelle le patron de l’enseigne d’ameublement.
Pour autant, cette deuxième déconvenue de janvier 2017 semble avoir achevé d’inciter l’ancien ministre à prendre du champ avec le monde politique, étant visiblement convaincu de pouvoir faire davantage avancer les choses en portant l’étendard de l’entreprise. « En politique, tout le monde se bat contre tout le monde, les énergies s’annulent. Par l’entreprise, on peut faire ce que les élus n’arrivent plus à faire. J’ai aussi des projets dans l’industrie, mais chaque chose en son temps. Sur le fond, mon engagement reste le même ; mais il est à la fois plus modeste et plus concret », développe-t-il toujours dans les colonnes de l’hebdomadaire dominical. Et espérer ainsi être plus efficace que lors de son passage au gouvernement où il a connu des hauts et des bas, notamment un sévère camouflet sur le dossier Florange.
Deux projets distincts
Dans le détail, Arnaud Montebourg envisage donc le lancement d’une école des hautes études apicoles. Basée à Dijon, elle aura pour objet de former, chaque année, une dizaine de personnes désireuses d’embrasser la carrière d’apiculteur. En effet, la consommation de miel dans l’Hexagone ne cesse de croître quand, à l’inverse, la production a atteint un plus bas. Second projet, mené de concert avec l’entrepreneur François, la mise en branle de la Cofam pour « Compagnie française de l’amande méditerranéenne ». Objectif : œuvrer au retour de l’amandier en Europe et renouer avec les savoir-faire locaux. Tout un programme. Mais Arnaud Montebourg est un homme plein de ressources. Une autre manière de contribuer au rayonnement économique français. Loin des projecteurs .
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