L’annonce de la désignation d’un « monsieur déconfinement » en la personne de Jean Castex, haut fonctionnaire et maire de Prades (Pyrénées-Orientales), sonne la perspective prochaine d’un retour à « la normale ». Progressif, à tâtons. Dès aujourd’hui, les entrepreneurs et les dirigeants d’entreprise se doivent d’imaginer le délicat et primordial jour d’après, à l’écoute du collectif et de l’individu à l’épreuve de son vécu. « Après le principe de précaution qui sauve les vies en ce moment, c’est le principe de ‘bienveillance’ qui pourrait bien sauver les entreprises et leurs emplois », prévient Lionel Roques, PDG de la Franco American Image. PME spécialisée dans l’événementiel d’entreprise. Un secteur, aujourd’hui sinistré, qui aura un rôle à jouer demain.
Pour la première fois le Premier ministre Edouard Philippe a esquissé l’idée d’un déconfinement régionalisé et méticuleusement planifié. Comment préparer au mieux le mental de ses équipes pour le jour d’après ?
Il faudra être extrêmement réactif et énergique quand le calendrier sera enfin clarifié. Pour l’heure, il revient aux entrepreneurs et dirigeants d’entreprise d’assurer le versement des salaires aux équipes au chômage partiel car, administrativement parlant, ce n’est pas une mince affaire ! Sachons également intégrer à notre vocabulaire le terme « bienveillance ». Certainement le mot le plus galvaudé de ces dernières années… Bienveillance de l’entreprise vis-à-vis des salariés qu’il faut écouter pour pouvoir adapter, si besoin, leurs missions en fonction de ce qu’ils ont vécu durant cette période car certains auront été malades, d’autres auront perdu des proches, tous auront vécu une période traumatisante. Bienveillance des clients vis-à-vis des fournisseurs qui seront fragilisés économiquement et moralement. Mais aussi bienveillance des fournisseurs vis-à-vis des clients qui n’auront plus les mêmes certitudes qu’avant. Bienveillance, évidemment et nécessairement, des pouvoirs publics qui devront, pour la première fois, s’adapter aux entreprises. La crise du coronavirus nous apprend quotidiennement combien nous sommes interdépendants !
Il convient donc d’envisager le principe de ‘bienveillance économique’ à 360°.
Une épreuve aussi collective qu’individuelle…
Le drame que nous vivons pourrait avoir une vertu, celle de rappeler à tout le monde, y compris aux politiques et aux leaders d’opinion, le rôle primordial des entreprises – dont les PME – dans le fonctionnement de notre pays. Nos entreprises sont génératrices de richesse, cultivent le lien social, fédèrent les talents et pour beaucoup accompagnent les parcours. A l’épreuve du confinement, les salariés prennent conscience que leur cadre de travail leur manque (c’est d’ailleurs réciproque), ainsi le retour au boulot sera un bon ‘anxiolytique’. Sous réserve de ne pas contrarier cet élan en enfouissant les collaborateurs sous la paperasserie, les reporting etc…
Comment jugez-vous l’action publique vis-à-vis des entreprises ?
Le gouvernement a agi immédiatement avec une conviction forte : éviter à tout prix que la situation ne soit hors de contrôle avec des destructions de postes massives caractérisées par une pression sans précédent sur Pôle Emploi. Les entreprises qui allaient se retrouver subitement à un chiffre d’affaire nul n’auraient pas eu d’autres choix que de licencier. Le chômage partiel généralisé a permis d’éviter ce scénario catastrophe.
A contrario, j’ai des réserves quand à la manière dont ces décisions vont peser sur les entreprises… L’Etat va chercher à récupérer d’une manière ou d’une autre tous ces fonds débloqués, les entrepreneurs seront donc mis à contribution. Or, ce serait une erreur ! Il faut aller jusqu’au bout de la démarche initiée. Les charges salariales doivent rester exigibles mais les charges patronales doivent être annulées sur un trimestre ; les pertes d’exploitation doivent être couvertes par des emprunts bancaires à 0% sur 5 ans (sur la base du bilan précédent). La priorité du jour d’après étant de permettre aux entreprises (des TPE aux multinationales) d’être en capacité de redémarrer vite et fort. En aidant sans compter, l’Etat se met en position de mettre ensuite la pression sur les entreprises par un message clair appelant à la responsabilité. Les entrepreneurs devront prendre des décisions économiquement vertueuses : investir, embaucher, développer. J’ajoute que la fermeté doit aussi s’appliquer à travers l’annonce de sanctions lourdes en cas d’abus des sociétés.
L’événementiel d’entreprise aura-t-il un rôle à jouer pour « réenchanter » le retour au bureau ?
L’événementiel va connaître une situation très paradoxale : c’est un poste qui coûte de l’argent et, par essence, il rapproche les gens dans une unité de lieu et de temps… Un véritable casse-tête à l’orée du post-Covid-19. Et pourtant, jamais depuis que j’exerce dans ce secteur d’activité, je devrai autant répondre à ce besoin de recréer du « lien social », de rassembler, d’accompagner l’envie des collaborateurs de se retrouver. Le confinement, le télétravail, la peur de l’autre, l’angoisse pour son job, tout cela milite pour investir dans l’événementiel lors du jour d’après.
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