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Damae Medical : Comment Anaïs Barut, à peine 30 ans, révolutionne la détection des cancers de la peau

Anaïs Barut, fondatrice et présidente de Damae Medical et lauréate Forbes 30 Under 30.

MEDTECH | Tous les ans, plus de 5 millions de cancers cutanés sont diagnostiqués. Or, le taux de survie 5 ans après un traitement est de 98 % pour les patients dont le mélanome a été détecté à un stade précoce. Il est donc urgent d’arriver à dépister ces cancers précocement. C’est ce que propose Anaïs Barut avec Damae Medical. À seulement 29 ans, la jeune lauréate Forbes 30 Under 30 fait bouger les lignes de la Medtech.


Damae Medical développe un dispositif médical qui permet de faire de la microscopie directement sur le vivant. Sa technologie deepLive amène le microscope directement sur le patient et permet ainsi d’aider les dermatologues à détecter plus facilement les cancers de la peau, à éviter des biopsies inutiles et à suivre l’efficacité du traitement. Cela fait 6 ans que la lauréate de Forbes 30 Under 30 et son équipe développent ce produit et l’amènent dans le monde médical. Présente dans 6 pays européens – la France, l’Espagne, la Belgique, l’Italie, la Suisse et l’Allemagne – la startup vise en 2021 l’installation de son premier dispositif aux Etats-Unis. Un premier pas vers l’internationalisation pour la pépite française, qui espère en faire un autre vers l’Australie, pays très touché par les cancers de la peau

 

Une aventure entrepreneuriale à l’assaut du cancer

C’est au gré de son parcours étudiant au sein de l’Institut d’Optique Graduate School de Paris qu’Anaïs Barut s’essaye à la création d’entreprise avec l’un de ses camarades de promotion, David Siret. Les deux camarades rencontrent alors le professeur Arnaud Dubois, enseignant chercheur au sein du Laboratoire Charles Fabry. Celui-ci souhaitait promouvoir l’une de ses inventions : ce fameux microscope qui s’utilise sur le vivant. « À ce moment-là, c’était une évidence. On était tous très motivés à l’idée de créer une société et le projet nous passionnait par sa technicité et surtout son impact médical », explique Anaïs Barut. On est en 2014, et l’aventure est lancée.
Il ne reste plus pour la startup qu’à valider l’équipe, l’entrée dans le marché et la technologie. Si ses débuts ont lieu dans un cadre étudiant, très en lien avec la recherche publique française, très vite, la startup prend son envol. Pour répondre à des enjeux grandissants, Anaïs Barut et ses compagnons d’armes bénéficient de l’aide d’entrepreneurs qui étaient passés par les mêmes étapes, et intègrent un incubateur, Agoranov. « On travaillait avec d’autres sociétés innovantes et ce partage d’expérience nous a beaucoup fait avancer. Rien n’était trop impossible, avec la bonne dose de soutien », observe la fondatrice de Damae Medical. Et ce soutien, il est entrepreneurial, mais aussi clinique. Le CHU de Saint-Etienne est le premier partenaire clinique qui permet à l’entreprise de tester son premier prototype de technologie microscopique. En 2015, Damae Medical est lauréate du concours d’innovation I-Lab, ce qui lui permet de recruter deux ingénieurs, de financer la preuve de concept, de réaliser des tests précliniques et de lancer une étude clinique. La même année, la medtech remporte le Concours Mondial d’Innovation et le prix EDF Pulse ainsi que le Prix France de la fondation Altran. L’entreprise est innovante technologiquement mais également dans son mode de management avec une gestion par projet valorisant la prise d’initiative. Ce fonctionnement atypique est récompensé puisqu’en 2017, Anaïs Barut et son équipe lèvent deux millions d’euros, tour d’investissement réalisé avec Kurma Partners, Idinvest Partners, News Invest, Paris-Saclay Seed Fund et quelques investisseurs privés. Six ans après, la medtech a bien grandi et vient de dépasser le cap des 20 collaborateurs.

Anaïs Barut, fondatrice et présidente de Damae Medical et lauréate Forbes 30 Under 30.

 

Créer un nouveau marché dans l’innovation médicale

Lorsque Anaïs Barut, David Siret et Arnaud Dubois lancent leur projet, aucun brevet sur l’élément optique n’a jamais été déposé. « On était très en amont en termes de maturité technologique. Les opportunités étaient nombreuses parce que nous allions être leader sur un nouveau marché sans compétition directe. Ça nous a laissé le temps de développer des choses extrêmement performantes », analyse la jeune entrepreneure. Pour ce faire, la startup allait tester son nouveau prototype tous les six mois. En 2017, elle lance une première étude clinique au CHU de Saint-Etienne sur environ 200 patients, et les résultats sont concluants. En juillet 2020, Damae Medical obtient son marquage CE, qui lui permet de commercialiser le dispositif deepLive en Europe. Ce sont donc six années qui séparent l’invention de la technologie et sa mise sur le marché, mais pour Anaïs Barut, la technologie prend du temps. Une période nécessaire pour gravir toutes les étapes et offrir un résultat optimal. « Je suis très contente de ce développement. Il n’y a pas eu un moment où l’on s’ennuyait. On rentre maintenant dans une nouvelle phase qui est stimulante parce que les patients nous font leur retour sur la technologie deepLive ».

 

Changer la vie des dermatologues

L’ambition de Damae Medical est de devenir l’outil de référence pour les dermatologues. Aujourd’hui, la référence pour le diagnostic du cancer de la peau est d’imager la lésion en surface, le dermatologue utilisant un dermatoscope ou son œil directement. Un grand nombre de critères de surface sont ainsi à prendre en compte, comme les bords de la lésion ou les pigments sur le grain de beauté et la seule appréciation du dermatologue décide si le patient doit effectuer une biopsie. Pour Anaïs Barut, il semble nécessaire que le dermatologue puisse effectuer un diagnostic complet sans avoir à tout envoyer en biopsie. « On a démontré qu’il était possible d’éviter la biopsie dans un certain nombre de cas ». Lorsque le tissu est sain, le dispositif évalue l’anormalité des lésions et dans certains cas, si le cancer est superficiel, il est possible de le traiter de manière non invasive. S’il se développe dans une forme plus agressive, le dispositif permettrait de connaître l’étendue de la pathologie pour pouvoir apprécier l’étendue de la lésion et guider la chirurgie. La vision d’Anaïs Barut pour Damae Medical, c’est donc d’être l’outil de référence pour les dermatologues en milieu hospitalier ou libéral. Dans cet optique, la startup se lance dans le développement en recherche d’algorithme d’aide au diagnostic, ce qui permettrait de démocratiser au maximum la technologie en fournissant de l’aide au diagnostic aux dermatologues. « L’ambition est toujours très haute, on sent que cette technologie peut avoir un réel intérêt même pour des dermatologues moins experts dans l’imagerie. On continue les efforts de recherche et notamment sur la partie intelligence artificielle », poursuit Anaïs Barut. Depuis un an, la medtech étend sa technologie innovante à l’intelligence artificielle. Grâce à celle-ci, des algorithmes permettront de segmenter les structures visualisables avec deepLive. L’objectif est ainsi de pouvoir faciliter l’usage du dispositif optique en posant des diagnostics toujours plus performants et toujours plus rapides.

 

L’optique pour détecter d’autres cancers ?

La technologie deepLive que développe Damae Medical se base sur la biopsie optique. Au lieu de faire une biopsie physique, de prélever un échantillon et de l’imager au microscope, elle est faite de manière optique et ainsi non invasive, c’est-à-dire sans faire de chirurgie ou de biopsie. La vision de la biopsie optique pourrait donc être appliquée à d’autres cas de cancers. Pour celui du cancer du sein, le chirurgien prélève la zone qui lui semble cancéreuse à l’œil nu, le dispositif pourrait ainsi être utilisé dans un motif de précision selon Anaïs Barut. « Ce sont de nombreuses applications qui nous intéressent et qui ont un impact très stimulant », explique-t-elle. Si la perspective est passionnante, la présidente de Damae Medical préfère pour l’instant développer des gammes de produits à long terme en dermatologie. « On a des ambitions assez importantes donc il est nécessaire que l’on puisse mettre 100% des ressources techniques sur la dermatologie. Mais d’un point de vue recherche clinique, cela ne nous empêche pas d’imager d’autres types de cancers.

 

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