Aujourd’hui, la réussite d’un projet ou la portée d’une décision s’évalue à l’aune d’objectifs mesurables. L’intention ne suffit plus, il faut générer des résultats et pouvoir mesurer l’impact des actions engagées, quel que soit le rôle joué dans la croissance des entreprises.
La recherche d’un retour sur investissement gagne tous les pans de la vie quotidienne. Qui investit dans l’immobilier sans avoir préalablement évalué la rentabilité du placement – que ce soit en termes financiers ou de transmission patrimoniale ? Qui épargne sans connaître le taux de rémunération des comptes bancaires où il met son argent ?
Même constat en politique : les Français attendent des engagements et des résultats concrets de la part du gouvernement, que ce soit en matière de pouvoir d’achat, de lutte contre le chômage, de sécurité, de santé publique, d’éducation, d’environnement, etc.
Or dans l’univers professionnel, force est de constater qu’en dehors de quelques-uns, peu d’acteurs économiques s’engagent et conditionnent leur rémunération sur l’atteinte de résultats opérationnels. Si c’est le cas des équipes commerciales dont la rémunération dépend des ventes réalisées, ou encore des partenaires financiers privés et actionnaires qui fixent dès le départ un objectif de rentabilité, de TRI, etc., la majorité des autres professionnels ne le font pas.
Une ineptie quand on sait que nos entreprises évoluent sur des marchés mondialisés où les principes de l’économie libérale et la culture du résultat dominent. Pour que nos entrepreneurs aient toutes les chances de réussir sur des marchés internationaux fortement concurrentiels, ils ont donc besoin que l’ensemble des acteurs de la croissance s’engagent à leurs côtés.
Quand la mesure du résultat s’impose aussi aux spécialistes en entrepreneuriat
C’est tout particulièrement vrai des professionnels de l’accompagnement dont la mission est d’identifier et faire jouer des leviers qui vont soutenir le développement de l’entreprise. L’idée fait son chemin que se faire accompagner n’est pas un signe de faiblesse mais une force. De ce fait, il est urgent de passer à l’étape suivante : i.e. de voir et de pratiquer l’accompagnement autrement. C’est-à-dire qu’il ne suffit plus d’avoir de bonnes idées, il faut s’engager sur l’obtention de résultats.
Cela est d’autant plus important qu’un entrepreneur voit tout de suite la valeur ajoutée d’un « expert » technique (droit, législation, comptabilité, fiscalité, financement, due diligence, etc.), mais beaucoup moins l’apport d’un « spécialiste de l’entrepreneuriat ». Il considère très vite que, n’étant pas entrepreneurs eux-mêmes, leurs approches restent théoriques et rarement appuyées par des expérimentations et du vécu, avec du coup souvent un grand nombre de fausses bonnes idées. Il faut donc mettre fin aux paroles en l’air : il ne s’agit plus de dire à l’entrepreneur ce qu’il pourrait faire mais de s’engager à ses côtés et de prendre des risques avec lui sur les décisions actées.
Un monde du conseil touché par l’ubérisation
Une autre évolution concomitante participe à cette fin du conseil en accompagnement sans engagement de résultats : l’ubérisation du secteur et des méthodologies théoriques. Dans un article publié sur LinkedIn, Fabien Monsallier, Directeur innovation de La Banque Postale analysait le bouleversement attendu sur le marché du conseil, bousculé par l’IA, les nouvelles aspirations entrepreneuriales/intrapreneuriales des jeunes diplômés, la remise en cause du modèle managérial hiérarchique pyramidal, l’émergence de nouvelles dynamiques au sein des incubateurs et espaces de coworking, l’accès facile à une masse d’informations autrefois réservées à quelques-uns, ou encore l’émergence de nouveaux modèles de cabinets conseil basé sur le partage de savoir et savoir-faire.
Avoir une lecture et une analyse théorique d’une situation ne suffit plus, le seul indicateur qui vaut est le résultat tangible et mesurable obtenu et constaté par l’entreprise. La prime va désormais à ceux qui s’engagent sur des résultats. Il ne s’agit plus de dire à l’entrepreneur ce qu’il pourrait faire mais se s’engager à ses côtés et de prendre des risques avec lui sur les décisions actées ensemble.
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