Voilà maintenant plusieurs mois que l’épidémie de Covid-19 sévit dans le monde, engendrant une crise sanitaire mais également financière. Après une première déflagration sur les marchés boursiers, c’est désormais toute l’économie mondiale qui subit les effets du coronavirus. Pour les épargnants, c’est une épreuve. Alors comment bien gérer son épargne en temps de crise ?
Covid-19 : regain d’intérêt des épargnants pour le Livret A
Déjà peu enclins à investir, les Français le sont encore moins en période de crise. En revanche, leur intérêt pour les produits d’épargne réglementés resurgit. La collecte du Livret A et du Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) a fortement augmenté au mois de mars : + 50% entre mars 2019 et 2020.
« En février 2020, le montant total des dépôts sur les livrets A et LDDS était de 1,5 milliard d’euros, ils sont passés en mars à 3,8 milliards d’euros » a déclaré Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, devant la commission des finances de l’Assemblée nationale. Ainsi, 53 % des Français ont déclaré que la crise du coronavirus les a poussés à économiser plus d’argent qu’avant, d’après une étude menée par Statista.
Bien que très sécurisés, ces produits rapportent peu. Pire encore, le taux du Livret A et du LDDS a baissé pour atteindre le seuil plancher de 0,50% en février dernier.
S’il inquiète l’exécutif, le comportement des Français n’a pourtant rien de surprenant : en temps de crise, la tendance est aux valeurs refuges, synonymes de sécurité pour son argent. La ruée vers les livrets d’épargne est d’autant plus compréhensible que si les mesures prises par le gouvernement profitent aux entreprises, c’est beaucoup moins le cas pour les particuliers, qui continuent à payer des impôts et à payer un loyer ou à rembourser un crédit immobilier chaque mois. Malgré des efforts significatifs de l’État comme la mise en place du chômage partiel pour les salariés et des aides pour les familles les plus modestes, la facture reste salée pour les particuliers. Et ceux qui le peuvent préfèrent mettre leur argent en sécurité plutôt que de se risquer à investir.
Protection de l’épargne : à chaque produit sa bouée de sauvetage
Si les produits d’épargne séduisent autant, c’est parce qu’ils sont sécurisés. En effet, les livrets d’épargne, assurance-vie et autres produits bancaires sont adossés à des mécanismes de protection qui garantissent la sécurité des fonds en cas de crise financière.
Ces mécanismes, sous forme de fonds de garantie, ont été créés en 1999 afin d’instaurer la confiance des épargnants dans le système bancaire. Parmi les plus connus, on trouve le Fonds de garantie des dépôts et de résolution (FGDR) et le Fonds de Garantie des Assurances de Personnes (FGAP).
Aussi, en cas de faillite des banques et / ou des compagnies d’assurance, les avoirs déposés sont protégés. Oui, mais tous ne sont pas logés à la même enseigne. Selon la nature des produits, les fonds ne sont pas tous protégés au même niveau.
Les bons réflexes à adopter pour bien gérer son épargne pendant la crise
Avant toute chose, il est important de bien distinguer deux formes d’épargne :
- l’épargne de précaution qui constitue un « filet de sécurité » en cas de coup dur. C’est l’épargne à laquelle on ne touche pas, sauf cas de force majeure, comme des dépenses médicales imprévues, une perte brusque de revenus, etc. Idéalement, l’épargne de précaution représente l’équivalent de 3 à 6 mois de revenus. Pour ce type d’épargne, les Français privilégient le Livret A et le LDDS, non imposables.
- l’épargne financière : assurance vie, plan d’épargne salariale, épargne retraite, PEA, etc. Cette catégorie regroupe dans son ensemble les produits bancaires tels les comptes rémunérés et les épargnes investies sur les marchés, comme les actions ou les obligations.
Privilégiez les valeurs refuges ?
C’est en particulier vrai si vous détenez des actifs risqués, comme un fonds technologique en unités de compte. Pour cette typologie de placements, la baisse est malheureusement inévitable. Dans ce contexte, un arbitrage vers des valeurs refuges semble tout indiqué. Une fois sortis du creux de la vague, les investisseurs pourront prendre le temps de replacer leur épargne sur des secteurs pouvant repartir de manière rapide.
Valeur refuge par excellence, l’immobilier tient le coup grâce à des rendements importants qui devraient maintenir les prix des actifs dans un futur proche. Cela dit, la possibilité offerte par le gouvernement aux entreprises de suspendre le paiement des loyers pendant la crise peut entraîner une baisse des valorisations des fonds des SCI et SCPI notamment.
Gardez le cap sur le long-terme
En consultant vos placements, vous constatez que tous les voyants sont au rouge. Dans cette situation, le premier réflexe des épargnants est d’effectuer des retraits / arbitrages afin de compenser les moins-values. Certes, certains supports, notamment ceux en unités de compte (UC) en assurance-vie, peuvent connaître des performances négatives en ce début d’année et une forte volatilité dans leur valorisation.
Pour autant, mieux vaut éviter de prendre des décisions inconsidérées, qui pérenniseraient les moins-values. Gardez en tête que l’épargne financière est un investissement de long terme, dont l’horizon de placement est généralement de plusieurs années, et conçue pour résister aux intempéries des marchés financiers. Le mieux à faire est donc de courber la tête et laisser passer l’onde de choc.
Programmez ses versements
Face à la baisse des marchés, les investissements programmés trouvent aussi tout leur sens. Ils constituent le meilleur moyen de limiter les risques. En effet, à dépense constante, cela permet, en période de baisse, d’acheter davantage de parts. Les titres financiers varient à la hausse comme à la baisse en fonction de l’évolution des marchés. Quand les marchés remonteront, ces parts feront augmenter la valeur du portefeuille.
Diversifiez vos placements
C’est LA règle d’or en placement financier : ne jamais mettre tous ses œufs dans le même panier. Par diversifier, on entend par secteur d’activité, gestionnaire et nature d’actif mais également au niveau géographique.
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