La start-up Commeon se présente comme la market place du mécénat participatif : l’internaute peut soutenir des projets d’intérêt général à but non lucratif par le crowdfunding ou le don. Au lancement spécialisée dans la culture, la plate-forme numérique s’ouvre peu à peu à d’autres domaines, pourvu que la générosité reste au cœur de la démarche.
Faites le mur. L’invitation est tentante, sauf qu’il ne s’agit pas d’une échappée belle mais bel et bien de la construction d’un mur. À deux détails près : le mur est végétal, et les dons de particuliers vont permettre sa réalisation. Du 15 mai au 15 juillet, le musée du quai Branly-Jacques Chirac sollicitait les internautes pour donner une deuxième vie à son mur végétal. Pour réunir 50 000 euros, le musée a fait appel aux services de la plate-forme Commeon, spécialisée dans le mécénat participatif.
Le fonctionnement est similaire à celui d’une campagne de crowdfunding, ou financement par la foule, proposée sur des sites tels que Ulule ou Kiss kiss bank bank. Dans un premier temps, un porteur de projet présente une campagne à financer. Un objectif chiffré à atteindre dans un temps imparti est fixé. Enfin, des contreparties à proposer aux généreux donateurs sont présentées. « Chez Commeon c’est la cause qui dirige l’engagement plus que le rapport affectif de personne à personne », remarque Thérèse Lemarchand, fondatrice de la start-up.
À la différence d’un crowdfunding classique qui mobilise le cercle familial et les amis proches avant de s’élargir au grand public, Commeon interpelle des particuliers venus soutenir une structure ou un projet qu’ils apprécient, sans pour autant connaître les créateurs. Typiquement, l’abonné d’un théâtre participera à la rénovation de sa salle de spectacle par le truchement de la plate-forme. Ainsi, les particuliers sont transformés en mécènes pour soutenir la pièce de théâtre Esperanza qui est jouée au festival d’Avignon, pour aider Bibliothèque sans frontières ou l’association coup de pouce, pour trouver des solutions d’hébergement aux mineurs réfugiés à Paris…
Réduction de 66% de l’impôt sur le revenu
Les thématiques couvertes par Commeon sont variées : environnement, éducation, film, musées, musiques, patrimoine, science et santé, solidarité et société, théâtre-opéra-spectacles. Cela n’a pas toujours été le cas. Fondée en 2014, la jeune pousse prend le nom de Culture Time. Thérèse Lemarchand a un parcours atypique. Ingénieure chez EDF, elle est amenée à vivre un an à Singapour. Là-bas, elle travaille dans la vente, et revient avec l’envie de monter son projet. Pendant cinq ans, en césure avec EDF, elle travaille pour deux galeries d’art contemporain, avant de revenir pour six ans dans le giron de sa maison-mère, en charge des grands comptes. Des années qu’elle met à profit pour consolider ses connaissances et son réseau dans le milieu de l’art. « J’ai constaté qu’il y avait un besoin d’hybridation de financement », indique-t-elle. De là est né Culture Time. « La culture est souvent subventionnée par l’Etat, or, en période de crise, il est indispensable de trouver d’autres financeurs et de préparer l’avenir. »
Le mécénat est venu comme une évidence. Pratique qui façonne les arts et le patrimoine, dès la Renaissance italienne, il connaît un essor en France avec le passage d’André Malraux au ministère de la Culture. « La loi mécénat est un élément structurant de la création de l’entreprise», raconte Thérèse Lemarchand.
La loi mécénat, ou loi Aillagon, a été voté en août 2003. Elle vise à faciliter le mécénat, notamment pour les particuliers et les entreprises et allège la fiscalité des fondations. Elle introduit par exemple pour les particuliers une réduction de l’impôt sur le revenu de 66%. « C’est une forme de labellisation », ajoute Thérèse Lemarchand. Charge à l’équipe d’analyser la potentialité du projet, sa budgétisation dans le cadre d’une campagne… « Le délai moyen que nous observons est de deux mois entre l’inscription du porteur de projet sur la plate-forme et la publication sur le site. » Un temps variable d’un projet à l’autre, selon les besoins en communication par exemple.
12 000 mécènes
Ce n’est qu’en novembre dernier que l’entreprise change de nom, afin de correspondre à l’évolution de son propre marché. Par essence, le mécénat ne se limite pas à la culture, mais pollinise sur l’ensemble des sujets d’intérêt général. Aujourd’hui, Commeon se présente comme « la market place philanthropique pour trouver toutes les causes qui tiennent à cœur. » 12 000 mécènes se sont déjà rendus sur le site pour accompagner les 250 projets en cours ou réalisés, en crowdfunding, en programme annuel de mécénat, ou en module de don en ligne. Au total, 1,4 million d’euros ont été récoltés. Don moyen, 123 euros. Côté porteurs de projet, ils reçoivent en moyenne 6400 euros. Presque systématiquement, les porteurs de projet proposent en contrepartie du don une rencontre avec leurs généreux bienfaiteurs. Un moment très attendu, des deux côtés. « Il y a une grande curiosité de la part des donateurs qui souhaitent savoir qui réalise le projet, comment ça se passe… Cela permet d’instaurer une démarche de proximité. » Et de sortir de l’institutionnalisation.
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