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Comment surmonter la peur de passer du salariat à la création d’entreprise

entrepriseComment surmonter la peur de passer du salariat à la création d’entreprise. Pixabay

Le passage du statut de salarié à celui de chef d’entreprise peut être passionnant. L’attrait de pouvoir enfin concrétiser sa vision, l’autonomie et le sentiment de fierté peuvent être de puissants facteurs de motivation pour ceux qui franchissent le pas.

Un article de Amy Shoenthal pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie

 

Cependant, la perte de la stabilité perçue empêche de nombreuses personnes de franchir le pas. Il peut être difficile de se séparer d’un salaire régulier, d’une assurance maladie et d’autres avantages sociaux.

Mais dans le climat économique actuel, la stabilité du travail en entreprise n’est qu’une perception. Rien qu’en 2023, les licenciements ont augmenté de 98 % par rapport à l’année précédente. Au moins 40 % des entreprises s’attendent à de nouveaux licenciements en 2024.

Entre-temps, le travail en freelance est en hausse. En 2023, les freelances représentaient 38 % de la main-d’œuvre américaine, un chiffre qui devrait augmenter à mesure que les gens quittent leur emploi pour créer de nouvelles entreprises ou qu’ils sont contraints de quitter leur emploi à la suite de licenciements.

 

Le plus gros obstacle est la peur

Outre la stabilité, les experts citent la peur comme la principale raison pour laquelle les gens restent dans le monde de l’entreprise alors qu’ils rêvent de voler de leurs propres ailes. Mais d’où vient cette peur et comment la surmonter ?

« La peur du jugement est puissante », explique Kim Rittberg, spécialiste du marketing numérique qui aide les chefs d’entreprise à explorer le leadership éclairé par le biais de la vidéo. « Sans parler de la peur de l’échec et de l’inconnu. Le fait de se construire en tant que chef d’entreprise ou leader d’opinion réveille cette peur profonde du jugement. Vous devez croire en votre valeur et comprendre que vous avez quelque chose à dire. »

Mme Rittberg avait elle-même des doutes sur ce phénomène lorsqu’elle a lancé son podcast, The Exit Interview. Aujourd’hui l’un des 1 % de podcasts les plus populaires sur Apple, elle explique qu’il lui a fallu un an pour trouver le courage de le lancer. « J’ai produit des podcasts pour de grands médias, j’ai été directrice des médias et journaliste de télévision pendant 15 ans », explique-t-elle. « J’avais tous les outils, les compétences et les connaissances nécessaires. Qu’est-ce qui a pris tant de temps ? Faire taire la voix lancinante et le doute de soi. »

Marina Khidekel, fondatrice de Hugimals, un outil de réduction du stress sous la forme d’un animal en peluche lesté, souligne que cette crainte est particulièrement forte chez ceux qui ont passé toute leur carrière dans le monde de l’entreprise.

 

Sortir de sa zone de confort

« Les emplois en entreprise peuvent être à la fois ennuyeux et confortables », dit-elle. « Les gens ont peur d’abandonner ce confort et de s’approcher de l’inconnu. » « De plus, en tant que fondateur, vous faites tout vous-même », ajoute-t-elle. « Vous êtes le stagiaire, l’assistant de conception, le responsable des réseaux sociaux, et vous occupez plein d’autres rôles en plus de celui de PDG. »

Dana Hork, PDG de l’agence de marketing Beers With Friends, partage cet avis. « Quitter une grande entreprise pour se lancer dans l’entrepreneuriat, c’est troquer un travail que l’on connaissait bien contre des dizaines d’autres, nouveaux et inconnus. »

Comment surmonter cette peur ? Mme Hork suggère aux fondateurs de se concentrer sur toutes les nouvelles compétences qu’ils vont acquérir, au lieu de remettre en question le confort qu’ils ont laissé derrière eux.

Abby Falik, fondatrice de Global Citizen Year, recommande aux fondateurs de se remémorer les raisons qui les ont poussés à créer leur propre entreprise.

« En tant qu’êtres humains, nous sommes câblés pour la sécurité et la prévisibilité, et nous sommes terrifiés par l’inconnu », explique-t-elle. « Mais j’ai appris que le contraire de l’incertitude n’est pas la certitude, mais la foi. Et une fois que nous l’avons exploitée, nous trouvons le courage de nous lancer. »

Kim Rittberg propose d’adopter trois principes clés pour surmonter cette peur :

  1. Imaginez l’avenir que vous souhaitez. Elle suggère à ses clients de visualiser un puissant aimant qui les éloigne de leur situation actuelle pour les amener vers quelque chose de meilleur.
  2. Mettez en balance la peur et la motivation. « La force du désir doit l’emporter sur les obstacles mentaux », explique Mme Rittberg. « Beaucoup de gens veulent quelque chose en théorie. Passer à l’action demande de la motivation. »
  3. Fixez-vous une date limite. Les personnes qui se fixent des objectifs avec un calendrier concret et de petites étapes ont plus de chances de les atteindre. « Et si vous continuez à procrastiner, demandez-vous pourquoi », ajoute-t-elle.

Il est également important de reconnaître que la création d’une entreprise est une décision importante, et qu’il ne faut pas s’y lancer si l’on est hésitant.

« Tout ce qui exige du courage, de la persévérance, de la patience, des sacrifices ou de l’inconfort doit être accueilli avec cette devise », déclare l’activiste et investisseuse Ruth Ann Harnisch. « Les personnes qui réussissent ne peuvent pas être découragées. »

Janki Bhoti a créé une entreprise appelée Flex Your No, qui encourage les femmes à penser stratégiquement leur temps et leur concentration comme leurs atouts les plus précieux. Elle attribue la peur de franchir le pas à notre besoin humain fondamental de validation externe.

« En vieillissant, nous commençons à étouffer notre voix intérieure concernant le lancement de cette idée d’entreprise, car nous commençons à externaliser l’approbation au lieu de la rechercher à l’intérieur de nous-mêmes », explique-t-elle. Les messages incessants de la société nous incitant à rechercher ces emplois « stables » de chef d’entreprise, de médecin, d’avocat ou d’ingénieur ne font qu’ajouter à la culture de la « sécurité ».

Cela signifie-t-il que les jeunes sont plus enclins à prendre des risques et à créer leur propre entreprise ?

Pas nécessairement, selon Farrah Bostic, fondatrice de la société de recherche The Difference Engine. Elle souligne que les plus jeunes participants aux études de son entreprise manifestent un fort désir de stabilité et de prévisibilité.

« Les personnes âgées de 18 à 22 ans nous disent qu’elles veulent la sécurité de l’emploi », explique-t-elle. « Nous continuons d’étudier cette question, car l’idée d’un emploi dans lequel on peut rester 30 ans et prendre une retraite confortable à 60 ans n’est plus d’actualité. Les jeunes semblent vraiment aspirer à un avenir sur lequel ils peuvent compter. »

Par ailleurs, les trois dernières années ont été marquées par une augmentation significative du nombre de femmes créant leur propre entreprise, à un rythme plus élevé que celui des hommes.

« Elles ne se lancent peut-être pas dans la création d’entreprises évolutives financées par du capital-risque, mais elles sont attirées par l’idée d’autosuffisance, la possibilité d’une croissance illimitée tant sur le plan personnel que professionnel, ainsi que par l’indépendance et l’autodétermination qu’apporte le fait de travailler pour soi-même », explique Mme Bostic. « Mais cela arrive souvent après des années de désir et de questionnement. Un événement survient, un licenciement, un divorce, un enfant qui part à l’université, un partenaire qui prend sa retraite, un problème de santé. Cela peut déclencher un sentiment d’urgence à franchir le pas de l’entrepreneuriat. »

 

L’inquiétude de la perte d’identité

Christina Wallace, professeure à Harvard, a mené des recherches pour son livre The Portfolio Life. Elle a découvert que l’un des principaux obstacles pour les personnes qui envisagent de quitter le monde de l’entreprise est de surmonter ce qu’elles ressentent comme un risque pour leur identité.

« Les coûts psychologiques d’un échec potentiel sont importants pour tout le monde, mais surtout pour quelqu’un qui se considère comme une personne très performante », explique-t-elle. « Tout aussi vrai : la plupart des Américains assimilent leur identité à leur titre professionnel, qui est souvent synonyme de statut, d’accès et de pouvoir. S’éloigner de cela pour créer sa propre entreprise est une perspective intimidante. »

Mais pour la plupart des entrepreneurs, le jeu en vaut la chandelle, selon Mme Wallace.

« L’intérêt de se voir séparé de ce qui figure sur sa carte de visite va au-delà du saut dans l’entrepreneuriat », souligne-t-elle. « Cela vous permet d’affronter un marché de l’emploi instable, vous donne une ligne de conduite pendant un congé sabbatique ou une pause prolongée pour faire face à la vie, et peut vous inciter à changer de cap lorsque vous êtes prêt pour un nouveau chapitre. »

 


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