Un frère et une sœur irrésistiblement attirés par l’Afrique. C’est le point de départ de l’aventure entrepreneuriale : Club Faune Voyages. Une agence qui affiche – trente ans après – un taux de fidélisation exceptionnel, sans coup férir face aux crises. Comment trouver sa place face aux géants du tourisme ? Comment parler à l’oreille des voyageurs d’une génération à l’autre ? Entretien avec Sylvie Bernon, co-fondatrice de Club Faune Voyages, qui nous partage sa recette du succès. L’occasion de passer en revue les tendances autour du grand rendez-vous de l’été.
Originellement, quelle expérience de l’Afrique avez-vous décidé de proposer ?
Sylvie Bernon : Il y a trente ans, mon idée était de faire découvrir une Afrique authentique, celle qui m’avait fait rêver à la lecture des livres d’Hemingway et de Karen Blixen, cette Afrique que j’aimais. Il n’était donc pas question d’organiser des safaris en minibus pour observer à la « queue leu leu » les lions d’un quelconque parc et dormir le soir dans un lodge aux allures simili africaines. J’ai donc décidé de faire partager ma passion de la brousse en organisant des safaris à l’ancienne sur des territoires privés. Cela voulait dire évoluer en 4×4 ouvert ou à pied sur des territoires de 60 000 à 1 million d’hectares en compagnie de guides francophones expérimentés (directeurs de réserves animalières, vétérinaires, pilotes de brousse …), sans rencontrer d’autres « touristes ». Tout cela à partir de camp de toile de luxe de petite capacité pour une découverte avec élégance de la Nature qui commence chaque matin dès l’aube, pour finir le soir autour du feu de camp à la lumière des lampes à pétrole…
A l’époque Club Faune Voyages était la seule organisation française de voyages à posséder ses propres zones de vision et ses propres camps, lesquels étaient jusqu’alors l’apanage des organisations anglo-saxonnes.
Le continent africain est souvent appréhendé uniquement par l’expérience safari. Quels sont les autres visages de l’Afrique d’hier et d’aujourd’hui ?
L’Afrique, c’est aussi, et avant tout, de belles rencontres. Avant que ce mot ne soit galvaudé, nous avons toujours fait vivre à nos voyageurs de belles expériences africaines : vivre pour une journée un camp de « bonne chère » avec des guerriers Masaï, découvrir avec un paléontologue la grande vallée du Rift, participer à une translocation d’animaux en compagnie de vétérinaires de brousse … les exemples ne manquent pas. Aujourd’hui ces expériences inédites font toujours partie de notre offre mais nous souhaitons également faire découvrir une Afrique qui bouge, qui se réinvente. Dans cet esprit, nous proposons la découverte de Dakar, la capitale du Sénégal, avec un artiste de renom du pays pour prendre le pouls de cette Afrique à l’avant-garde artistique et pour explorer ce véritable vivier arty. Dakar, Kigali (Rwanda), Johannesbourg (Afrique du Sud)…se réinventent sans cesse tout en puisant leur inspiration dans leurs traditions.
Comment Club Faune Voyages a trouvé sa place dans un écosystème longtemps dominé par des géants ?
Je me suis attachée à conserver une société à taille humaine afin d’être en mesure de tisser des liens de confiance avec nos voyageurs. Au même titre qu’un notaire, un avocat ou un médecin de famille, nous les accompagnons dans tous les moments importants de leur vie et connaissons leurs exigences, attentes, désirs…Cette intimité nous permet de proposer des voyages personnalisés à l’extrême, ajustés aux exigences de chacun. Ces liens de confiance doivent également être développés sur le terrain, avec nos partenaires et guides. Pour ce faire, nous passons beaucoup de temps à leurs côtés. Cela nous permet d’affiner avec eux les expériences proposées, de découvrir de nouvelles « adresses confidentielles », lieux d’intérêt et de veiller à la continuité de nos standards d’excellence.
« Je me suis attachée à conserver une société à taille humaine afin d’être en mesure de tisser des liens de confiance avec nos voyageurs. Au même titre qu’un notaire, un avocat ou un médecin de famille, nous les accompagnons dans tous les moments importants de leur vie. Cette intimité nous permet de proposer des voyages cousus main.«
Vous avez étoffé votre offre en couvrant les quatre coins du monde (Brésil, Laos, Saint-Barth, Islande…). De quelle manière faites-vous vivre votre philosophie de : « S’engager pour créer des voyages qui changent la vie » ?
Cela fait plus de 20 ans que nous avons enrichi notre production et que nous façonnons des voyages sur mesure à travers le monde. Pour y parvenir, je me suis entourée de passionnés de voyage. Des experts des destinations couvertes souvent natifs ou qui y ont vécu longtemps. En guise d’illustration, ma collaboratrice France Baizet, responsable de l’Asie du Sud-Est, a vécu pendant plus de 20 ans au Vietnam et s’est passionnée pour les pays d’Extrême-Orient.
De plus, nous avons développé le concept de tourisme de luxe solidaire en s’associant à des partenaires engagés, porteurs de projets de conservation contribuant à la protection de l’environnement et au développement des communautés locales. Ainsi, nous permettons à nos voyageurs d’être « acteurs du changement ». Concrètement, un pourcentage du coût global de leur séjour permettra de financer des actions sur le terrain : lutte anti-braconnage, suivi écologique, formation des locaux aux métiers du tourisme, mais aussi à la conservation…
Voyager à l’ère du Covid n’a plus la même saveur. Dorénavant, à quoi aspire votre clientèle ? Quelles sont les destinations qui repartent vraiment ?
Notre clientèle haut de gamme souhaite plus que jamais s’écarter des voyages et établissements normés… Les palaces et hôtels au luxe ostentatoire n’ont plus la cote. Nos voyageurs veulent qu’on leur raconte une histoire et privilégient des escapades au luxe discret, permettant d’allier respect des traditions et de l’environnement local. L’Afrique australe, l’Afrique de l’Est, ainsi que des destinations comme l’Argentine, le Chili, le Brésil repartent vraiment. L’Asie reste bien sûr encore en retrait en raison des verrous sanitaires.
Quelle est la tendance pour le prochain grand rendez-vous touristique de l’année, les vacances d’été ?
La Grèce et l’Islande ont encore cette année le vent en poupe, mais également sur le continent africain, la Tanzanie. On note également le retour en force des voyages en famille aux Etats-Unis et au Canada.
Malgré la crise sanitaire, tant d’hôtels ouvrent leurs portes et les investissements essaiment. Que pressentez-vous sur le tourisme de demain ?
Le besoin de calme, d’entre soi, d’exclusivité est très palpable. Les hébergements de petite capacité, offrant un service personnalisé, dans un cadre naturel d’exception seront les « grands gagnants » : un camp de toile mobile, pouvant être monté au gré des déplacements des gnous et antilopes pour suivre au plus près la grande migration ; une propriété coloniale de Siem Reap (Cambodge) convertie en hôtel de petite capacité ; une ferme au cœur du Pantanal (région d’Amérique latine) pour découvrir un projet de conservation axé sur les jaguars… Autant d’expériences répondant cette quête.
Pour aller plus loin :
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