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Chroniques D’Effectuation #17 : Bloom At Work, La Mesure Du Bonheur Au Travail Brut

Vous êtes manager : pensez-vous que vos employés sont épanouis au travail ? Vous êtes collaborateur : faites-vous entendre votre voix sur votre bien-être au travail ? Ces questions, formant les bases d’un bon dialogue social et d’une meilleure performance d’entreprise, sont pourtant souvent relayées au second plan voire oubliées d’être posées. Et pourtant, les études académiques comme celle de l’UC Berkeley démontrent que les employés heureux sont 86% plus créatifs et novateurs que les autres ou encore celle de Gallup prouvant que les Millennials épanouis au travail prennent 41% de congés maladie en moins.

 

 

En deux mots : Heureux ceux qui se questionnent, ils seront épanouis !

Face à ce constat paradoxal, existe-il des solutions ? Oui : Bloom at Work – dont la signification littéraire invite à la floraison, l’éclosion et l’épanouissement au travail. Leur solution permet de mesurer et analyser, régulièrement et en temps réel, le bien-être et l’engagement des collaborateurs. A travers ces outils de mesure “scientifisés”, un plan d’action approprié peut être proposé.

Ce concept est pleinement dans l’air du temps, celui où fleurissent les gourous de la méditation, du yoga et du baby-foot pour faire fuire les spectres du “burn-out” et “bore-out”. Avec plus de 25 millions d’actifs en France, et une dépense moyenne de 40€ par collaborateur, le marché de la mesure du bien-être représenterait près du milliard d’euros, et va croissant.

 

Le Problème. La contre-culture du feedback.

Charles, 31 ans, est un ingénieur diplômé de Centrale Supélec, Columbia et Sciences Po. Sur-diplômé, il rejoint le prestigieux cabinet de conseil en stratégie, McKinsey, à la fin de ses études. Comme il s’y attendait, le rythme de travail est très intense Pourtant, lors des questionnaires collaborateurs envoyés toutes les 2 semaines, ses collègues ne se plaignent pas franchement de la charge de travail. Jusqu’au jour où un projet « cataclysmique » le pousse avec d’autres membres de son équipe à répondre plus sévèrement au questionnaire. Voyant ses résultats, l’associé en charge de l’équipe réunit l’équipe et entame une discussion saine et constructive sur le rythme de travail. Et les résultats et conclusions sont très positifs. C’est une révélation ! Il quitte son cabinet de conseil et opère un grand revirement de carrière.

Au même moment, My Little Paris connait une belle croissance, et les équipes grandissent rapidement. Dans une culture d’entreprise qui valorise au premier plan le lien avec les collaborateurs et les échanges informels, gérer l’augmentation rapide des effectifs est un vrai défi. Les dirigeants prennent les devants sur les éventuelles difficultés managériales. L’année où le nombre de salariés passe de 50 à 100, elles lancent un outil en interne pour prendre le pouls des collaborateurs régulièrement sur leur bien-être au travail.

Or, heureux hasard ou plutôt sérendipité, Charles rencontre les fondatrices de MyLittleParis et ils décident de mener l’aventure ensemble. « Elles avaient un début d’outil en interne, et j’y voyais un réel intérêt ; on s’est donc associés. ».

 

 

L’idée. Les « KPI »du bien-être.

Avec des questionnaires anonymes courts, simples et amusants envoyés régulièrement aux collaborateurs, Bloom at Work mesure l’engagement et le bien-être des employés. Grâce aux données collectées, la start-up se charge ensuite d’analyser les leviers d’action et de booster l’épanouissement des employés en établissant un plan d’action.

 

 

Ce plan d’action s’adresse aux trois parties prenantes de l’entreprise. En premier lieu, les forces vives de l’entreprise sont invitées à devenir acteurs de leur bien-être. Pour ce faire, les collaborateurs accèdent à un petit contenu, l’astuce de la semaine, à la fin de chaque quiz. L’objectif est de leur donner les clés pour agir concrètement à leur niveau sur diverses thématiques pour plus de bien-être au travail : gestion du stress, conseils de productivité ou méthodes d’écoute active par exemple. En second lieu, les encadrants ou responsables d’équipe accèdent à un tableau de bord en ligne pour analyser le bien-être de leurs équipes. En dernier lieu, la direction des Ressources Humaines est accompagnée pour effectuer une analyse globale et par équipe et co-élaborer un plan d’action adapté et personnalisé.

 

La mise en oeuvre. L’effet réseau. 

Le développement de Bloom at Work a été jalonné de moments forts depuis sa création mi-2016 et le lancement de sa version Bêta à l’automne 2017. En avril 2017, la start-up prend en main sa stratégie d’acquisition de nouveaux clients. Plutôt que de démarcher en mode porte-à-porte, ils choisissent d’organiser une série de petits-déjeuners gratuits et ouverts à tous. A chaque rendez-vous, un partenaire différent est invité à prendre la parole sur la thématique du bien-être en entreprise. Ces événements leur permettent de prendre contact avec les premiers prospects et de développer leur notoriété. Le premier petit-déjeuner avec la plateforme de recherche d’emploi en start-up, Welcome to the Jungle, est une réussite.

Si les premiers clients sont issus du réseau de My Little Paris et ses collaborateurs, la RHTech s’aperçoit que l’effet bouche-à-oreille fonctionne bien : très rapidement, les clients satisfaits la recommandent à d’autres.

 

Comme c’est souvent le cas quand une start-up souhaite travailler avec un grand compte, la collaboration commence généralement grâce à un responsable opérationnel convaincu et motivé qui lance Bloom at Work dans son équipe. Après de premiers résultats positifs, le périmètre des collaborateurs profitant de Bloom at Work s’agrandit ensuite progressivement avec l’appui de la direction des Ressources Humaines. Et cela marche témoigne Charles preuve à l’appui  : « Un manager au sein d’un grand groupe nous a contacté car le moral de ses équipes n’était pas au plus haut, et maintenant, on travaille avec 5 directions différentes du groupe ».

En juillet 2018, nouvel élan pour la start-up qui rejoint le programme “founders” de Station F. Cette entrée dans le plus grand incubateur au monde permet d’asseoir toujours plus leur crédibilité et de profiter d’une certaine proximité avec des fonds d’investissement. Aujourd’hui, Bloom at Work compte  10 talents ; répartis entre les développeurs, les commerciaux et les « happiness advisors », qui, « en plus de leur rôle d’account manager apportent une vraie expertise métier et qualitative » insiste Charles.

 

Difficultés. Déconstruire les mythes de l’entreprise. 

Une fois qu’on a une idée et un produit, encore faut-il trouver la bonne clientèle. Le jeune fondateur a au démarrage fortement hésité sur son segment de marché de “early adopters”. Faut-il d’abord cibler les start-up déjà sensibilisées à la question RH mais détenant peu de ressources financières ? Ou mieux vaut-il s’orienter vers les grandes entreprises où le besoin est latent et où un important travail d’évangélisation doit être réalisé ?

Finalement, Bloom at Work fait le choix de la deuxième option avec les grandes entreprises, s’armant de patience et rôdant une campagne de sensibilisation.  La temporalité de la start-up et de celle du grand groupe est souvent dissonante. Et à Charles de nous raconter : “ j’ai vécu un cas extrême avec une entreprise du CAC40 où s’est écoulé plus d’un an entre la prise de contact et la signature du contrat ”. La leçon de notre start-uppeur est donc : “ne jamais désespérer”.

La suite ? Continuer l’immense travail d’évangélisation et s’atteler à déconstruire les mythes autour du bien-être au travail qui « ne se résume pas à acheter quelques plantes et installer un babyfoot ».

 

 

Les finances. Le million. 

Bloom at Work a été lancé sur les fonds propres des associés. Ces premiers financements lui ont permis de tenir la première année. Dès mai 2018, la start-up RHTech du bien-être atteint son point mort. Aujourd’hui rentable, la start-up a annoncé une levée de fonds d’un million d’euros auprès du fonds d’investissement Side Capital.

Pourquoi une telle levée et non pas un auto-financement ? Comme toute start-up, pour croître encore plus vite, s’internationaliser et renforcer la technologie en intégrant de l’intelligence artificielle qui puisse générer automatiquement des plans d’actions. Tout un programme qui devrait permettre d’augmenter l’indice du Bonheur Au Travail Brut !

 

Chronique co-réalisée avec @Jean Rognetta, Directeur de la rédaction de Forbes France.

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