L’an passé, 412 entreprises françaises, dont 349 start-up, ont fait le déplacement au Consumer Electronic Show. Pour la 52ème édition du CES de Las Vegas 2019, elles devraient être encore un peu plus nombreuses, environ 420, soit la 3ème délégation derrière les Etats-Unis et la Chine (et la 2ème pour les start-up) et a priori, mieux organisées que l’an passé pour maximiser la visibilité. Mais en l’absence de ministres.
C’est la grand-messe de l’innovation (et du gadget). Le CES de Las Vegas ouvrira ses portes le 8 janvier dans la ville du divertissement. Pour cette 52ème édition, 180 000 visiteurs, tous professionnels, sont attendus. La délégation tricolore devrait se déplacer en masse avec environ 420 entreprises françaises – soit le 3ème contingent derrière les Etats-Unis et la Chine et le 2ème pour les start-up – comptabilisées vendredi par Olivier Ezratty, consultant indépendant et auteur depuis 2008 d’un rapport annuel sur le Consumer Electric Show. « Sur place, j’en identifie toujours quelques-unes supplémentaires, notamment celles qui ne s’étaient pas annoncées en amont. » Des électrons libres qui s’y rendent par leur propre moyen, ou qui décident un peu au dernier moment de faire le voyage.
« Passer de 412 à 420, n’est pas vraiment une augmentation, après celle, exponentielle, des années 2013-2014 quand a été créée la French Tech, nous avons atteint un pic l’an passé et sommes aujourd’hui sur un plateau. Et il ne faudrait pas aller beaucoup plus haut », ajoute le consultant.
Time to market
Car quantité ne veut pas dire qualité. L’an passé, de nombreuses critiques avaient été émises contre une délégation française qui avançait en ordre dispersé, chaque région, voire chaque entreprise, communiquant indépendamment. Cette année, l’objectif de Business France, l’agence française des investissements internationaux, est de structurer la présence de la French Tech sur le salon afin d’en améliorer la visibilité, pour les entreprises d’une part et pour la « marque France » d’autre part.
« Sur l’édition 2018, il y avait une certaine cacophonie avec de nombreux stands de régions » , indique Eric Morand, responsable tech et services de Business France. « Cette année, nous avons proposé aux régions, dès le mois de mars dernier, de se ranger sous le pavillon French Tech. » Au total, neuf des onze régions présentes à Las Vegas seront aux couleurs de la French Tech, soit 120 entreprises. Une manière de simplifier la visibilité notamment pour le public international.
Outre l’éparpillement, Business France tente d’impulser une baisse du nombre d’entreprises au CES. Pour l’édition 2019, seulement 26 entreprises ont été sélectionnées par un jury d’experts. « Nos trois critères sont : présenter un produit innovant, le sérieux de l’équipe et du business model, ainsi que le « time to market » à savoir le fait d’amener une entreprise ni trop tôt, ni hors sujet », précise Eric Morand qui donne l’exemple de Snips qui revient au CES avec des produits innovants. Enfin, Business France souhaite proposer « une délégation équilibrée en terme de secteurs avec des entreprises de la santé connectée, de la maison, de l’intelligence artificielle, de la mobilité…»
Les politiques, grands absents
Malgré un nombre imposant d’entreprises et de start-up françaises, l’édition 2019 du CES n’attire pas les « officiels », alors qu’ils avaient pris l’habitude de s’y rendre. « Dès le mois de décembre, il y a eu des annulations successives de politiques », indique Eric Morand de Business France qui juge cette défection « surprenante ». Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, les président.e.s de régions ou encore Kat Borlongan, à la tête de la mission French Tech ne feront pas le déplacement cette année. Seul Mounir Mahjoubi fera plusieurs apparitions sans faire le déplacement : « il interviendra sur le stand de la French Tech grâce au robot Awabot qui permet les visioconférences. » Effet « gilets jaunes », les politiques préférant rester en France plutôt que de s’afficher aux côtés de la « start-up nation » ou craintes de déterrer l’affaire Pénicaud et la soirée organisée au CES en 2016 par Business France pour Emmanuel Macron ?
Intelligence artificielle, 5G, santé…
Le consultant a aussi analysé la présence des autres délégations. Il constate ainsi que l’Italie est bien plus présente à l’Eureka park que dans les autres allées du CES, preuve d’une délégation peu mature. A l’inverse, Israël montre sa capacité « à sortir de l’Eureka park ». Autre élément intéressant pour Israël, des critères sélectifs rigoureux et une délégation d’une quinzaine d’entreprises seulement, « mais toutes très intéressantes, avec de vrais produits », souligne Olivier Ezratty. Avec une petite trentaine d’entreprises, c’est ce qu’a tenté de faire cette année la sélection de Business France. Les régions font aussi ce type de sélection et chaque entreprise est libre de se rendre par ses propres moyens au CES, expliquant ainsi la présence de 420 sociétés françaises sur place.
Interviewé par nos confrères de France Info, Gary Shapiro, le président du CES, a énuméré les grandes thématiques de l’année : l’intelligence artificielle, la 5G, la mobilité et les modes de transports du futur (l’auto a sa propre zone dans le salon).
De son côté, Olivier Ezratty voit émerger trois grands sujets cette année : la santé, « avec 60 entreprises du secteur », suivie de la maison connectée, et enfin les transports. « Cette filière transports, c’est exactement ce qu’il faut faire au CES : des grands groupes comme Faurecia font le déplacement, mais aussi des start-up, dont certaines ont des partenariats avec des entreprises plus solides, et Business France qui met en avant le secteur. »
Un conseil pour bien réussir le CES de Las Vegas : « l’avoir bien préparé en amont !» Olivier Ezratty constate tous les ans la présence de « mauvais exposants qui ont un vague prototype, font du service, ont un site en français… » Pour lui, le « bon » exposant est l’entreprise dont le produit « parle aux gens, sait nouer des partenariats… »
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