Ce que l’on sait de l’arrestation de Pavel Durov, le patron de Telegram

Le patron de Telegram, Pavel Durov, a été interpellé samedi soir à l’aéroport du Bourget, près de Paris. Accompagné de son garde du corps et de son assistante qui l’accompagnent en permanence, le milliardaire franco-russe de 39 ans faisait l’objet d’un mandat d’arrêt émis par les autorités françaises. Arrivé en provenance de Bakou, Il devait passer au moins la soirée à Paris, où il avait prévu de dîner, selon une source proche de l’enquête. Il pourrait rester en garde à vue jusqu’à mercredi soir. 

• La justice reproche à Pavel Durov de ne pas prendre de mesures contre les utilisations illégales de sa messagerie par ses utilisateurs, notamment en raison d’une absence de modération et de collaboration avec les enquêteurs. L’Office central de lutte contre les violences faites aux mineurs (Ofmin) avait émis un mandat de recherche contre Pavel Durov en tant que service coordinateur d’une enquête préliminaire pour des infractions allant de l’escroquerie au trafic de stupéfiants, au cyberharcèlement, à la criminalité organisée, en passant par l’apologie du terrorisme et la fraude, a expliqué une des sources proches du dossier à l’AFP. Avec ses groupes de discussion pouvant accueillir jusqu’à 200 000 personnes, Telegram est parfois accusé d’augmenter la propagation des fausses informations et la prolifération de contenus haineux, néonazis, pédophiles, complotistes ou terroristes, et de contribuer au trafic de drogue. 

• Pavel Durov, né en Russie en 1984, a fondé la messagerie cryptée Telegram avec son frère Nikolaï en 2013. Informaticien de formation, il avait auparavant cofondé le réseau social VKontakte. Ce personnage mystérieux, qui s’est déclaré opposant à Vladimir Poutine, a obtenu la nationalité de Saint-Christophe-et-Niévès, un paradis fiscal dans les Caraïbes, et a été discrètement naturalisé français en 2021, changeant son nom en Paul du Rove. Dans une interview, il a révélé que la famille de sa mère était originaire de Kiev. Pavel Durov a expliqué en avril dans une rare interview qu’il a eu l’idée de lancer une messagerie cryptée après avoir subi des pressions de la part des autorités russes lorsqu’il dirigeait VKontakte, un réseau social qu’il a créé en Russie avant de le vendre et de quitter le pays en 2014. Il a ensuite tenté de s’installer à Berlin, Londres, Singapour et San Francisco, avant de choisir Dubaï, louant l’environnement favorable aux affaires et la « neutralité » de la ville. Sa fortune est estimé à 15,5 milliards d’euros.

• Alors que les relations entre la France et la Russie sont tendues depuis le début de la guerre en Ukraine, le Kremlin a dénoncé  une « tentative d’intimidation ». « Les accusations avancées sont très graves et elles demandent des preuves tout aussi solides », a déclaré à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov. « Sinon, il sera évident que c’est une tentative de restriction de la liberté de communication (…) et même d’intimidation directe à l’encontre du patron d’une grande entreprise », a-t-il ajouté. La veille, Emmanuel Macron avait souligné que l’arrestation en France du patron de Telegram n’était « en rien une décision politique » et relevait « d’une enquête judiciaire », rappelant que la France était «attachée à la liberté d’expression et de communication». 

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