L’histoire de Nicolas Duvernois relève de l’utopie. C’est l’histoire d’un Québécois qui a vu son produit être désigné la meilleure vodka au monde avant même sa commercialisation. Le président de Pur Vodka est un entrepreneur dans l’âme qui n’a jamais reculé devant le risque.
À sa sortie de l’université, Nicolas Duvernois n’a qu’une idée en tête : se lancer dans les affaires. L’homme qui rêvait de devenir architecte a reconnu certains préceptes de cette discipline dans l’entrepreneuriat. Il saute donc à pieds joints dans l’aventure de la restauration, qui se soldera par un échec retentissant. « Je n’avais pas d’autre choix que d’arrêter, mais dès le lendemain, j’avais un nouveau projet. »
Après avoir constaté l’engouement pour la vodka durant son bref passage en restauration, le jeune homme d’affaires se retrousse les manches et replonge dans une nouvelle aventure. Il lui a fallu cinq ans pour se reconstruire et repartir encore plus fort ; pour lui pas question de s’apitoyer sur son sort. C’est à force de résilience et de fougue qu’il a pu sortir du marasme.
« C’est la différence entre arrêter et abandonner. Quand j’ai quitté la restauration, je n’ai pas abandonné. Abandonner, c’est un coup de tête, c’est émotionnel et irréfléchi, tandis qu’arrêter demande une réflexion, cela implique des plans de sortie et un futur. Pour gagner il faut prendre des risques et accepter de perdre. La peur est une source de motivation. La peur est un agent de sécurité qui aide à continuer le travail acharné. »
Il se met donc à « étudier » l’art de la vodka. Pendant deux années, il apprend à maîtriser la méthode de distillation optimale. Autodidacte, il met au point son processus de production et devient le premier à faire de la vodka au Québec.
« Je ne savais même pas que ce n’était pas légal. Une réglementation en vigueur concernait les vins, le cidre et la bière, mais il n’y avait même pas de loi sur les spiritueux. J’ai fini par obtenir un permis de production. »
Au Québec, les spiritueux sont vendus par la SAQ (Société des Alcools du Québec) une société d’Etat qui exerce un monopole à cet égard. Nicolas Duvernois met toute son énergie dans son entreprise. « Je travaillais à laver les planchers d’un hôpital le soir et je mettais tout mon salaire dans mon entreprise. La solitude entrepreneuriale est ardue, dans mon cas j’avais des gens qui croyaient en moi. J’étais convaincu que mon projet était solide ; quand tous les indicateurs sont positifs, lorsque tu sens que tu es au début de quelque chose, tu ne peux qu’y croire. »
Au bout de quelques années d’efforts, il embouteille un premier lot de Pur Vodka. Or paradoxalement, si la SAQ lui permet de produire, elle refuse de vendre ses produits sur ses tablettes. « J’étais pris avec 10 800 bouteilles de vodka entassées dans un entrepôt du Vieux Montréal et je n’avais pas le droit de les vendre. »
Nicolas Duvernois refuse d’abandonner, mais une remise en question s’impose. Il décide alors de foncer en s’inspirant des grands producteurs qui participent à des compétitions internationales de vodka. « Je me disais : s’ils s’en servent dans leur marketing, je vais les imiter. À quelques jours de la date limite pour envoyer sa candidature, je me suis inscrit à la plus importante compétition de vodka au monde, Le World Vodka Master. Je ne pouvais pas mettre le nom de Nicolas Duvernois partout, j’ai dû inventer des noms. »
Un soir de décembre, en 2009, Nicolas Duvernois reçoit un appel en provenance d’Europe : « On me demande de parler au premier vice-président relations publiques de Pur Vodka. » N’ayant ni titre ni employé, il prend l’appel au nom de ce manager fictif. « Elle me dit félicitations, vous avez remporté la compétition. À ce moment, j’ai pensé à tous ceux qui m’ont aidé. Ça a été une journée complètement folle et j’ai dû répondre à des appels de journalistes du monde entier. »
Le soir où il a gagné, il est tout de même allé laver les planchers à l’hôpital Sainte-Justine. « J’ai savouré ce quart de travail. C’est un moment magique qui décrit une vie et qui marque une existence. Le succès est là où tu ne t’y attends pas. Le succès n’est pas uniquement monétaire.»
Après 11 ans de labeur, Pur Vodka est distribuée dans plusieurs pays, au grand plaisir du fondateur de l’entreprise qui avoue avoir perçu certains changements depuis. « Je suis demeuré le même, mais j’ai atteint un certain niveau où l’attitude des gens à mon endroit change. Ce monde qui était inaccessible s’est ouvert. »
Pour se lancer dans les affaires, il faut de l’initiative, de la résilience, de la témérité et de la créativité, et ces quatre qualités, Nicolas Duvernois les possède. À l’heure actuelle, cet amateur d’art rêve d’aider les jeunes entrepreneurs à poursuivre leurs rêves et à pourchasser leurs ambitions. Pour lui, il existe trois clés pour la réussite entrepreneuriale : la curiosité, la volonté d’en faire toujours un peu plus et ne pas oublier la vie de famille.
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