A 26 ans, le Français Anthony Munoz Cifuentes veut faire de Prism Protocol, la première plateforme de collecte et de gestion des données médicales basée sur la technologie Blockchain.
Ce matin du 9 septembre, Anthony Munoz Cifientes, le CEO de PrismProtocol, vient à peine de débarquer du vol de Bangkok, qu’il saute dans un taxi. Direction l’hôtel Conrad à Séoul. Dans deux heures, il va « pitcher » devant une communauté d’investisseurs et d’experts réunis par NULS, l’une des « blockchains » chinoises les plus prometteuses.
Alors avant de se lancer, il révise une dernière fois ses fiches. Par acquis de conscience, plus que par nécessité ! Car le jeune français de 26 ans, CEO de PrismProtocol, a depuis longtemps parfaitement rodé sa présentation.
Une plateforme basée sur la technologie blockchain
San Francisco, Singapour, Shanghai, Pékin, depuis plusieurs mois, il ne ménage ni sa peine, ni son temps, pour expliquer son projet de plateforme de collectes et de gestion de données médicales basée sur la technologie Blockchain.
Car il y a urgence. Dans le domaine de la santé, la bataille des données est déclarée. Les grandes manœuvres ont débuté. Les forces s’organisent. Coté géant du net, Google met les bouchées doubles pour avancer sur le sujet. Il a décidé de multiplier par 15 les salaires des spécialistes de la santé qu’il débauche. Apple a mis la collecte des données de santé au cœur de sa nouvelle montre…
Et en France, le gouvernement mise sur une de nos belles ressources, la Sécu ! La plus belle base de données santé au monde, issue de la carte Vitale, pourrait permettre d’avancer très vite sur le sujet.
C’est loin de la France, en Thaïlande, qu’Anthony Munoz Cifuentes a décidé de concevoir, de son côté, un projet tout aussi ambitieux : utiliser les formidables possibilités et ressources de la blockchain pour collecter et sécuriser la plus grande base de données médicales du monde.
Au départ rien ne prédestinait ce trader, diplômé en finance de l’Université de Paris Dauphine, passé chez Goldman Sachs et Commerzbank, à se lancer dans ce type de projet.
Collecter des données médicales de personnes en bonne santé
Mais très tôt, il identifie le formidable potentiel de la technologie Blockchain, surtout connue pour servir de bases techniques à l’échange des crypto-monnaies comme le Bitcoin ou l’Ethéreum.
Alors en 2017, il décide de rejoindre son oncle, Fabrice Cifuentes, serial entrepreneur du Web, installé à Phuket en Thaïlande, conscient que c’est en Asie que ce type de projet peut se développer aujourd’hui.
« Actuellement la collecte de données médicales se fait essentiellement dans les établissements de soin, hôpitaux, cliniques, médecins…etc. » explique Anthony Munoz Cifuentes.
Avec les deux biais que cela comporte. La collecte de data se fait une fois que la maladie est déclarée.
Surtout, les données restent la propriété… de l’hôpital. « Les informations des malades ne leur appartiennent pas, continu de s’étonner Anthony. Impossible de les transférer d’un établissement à l’autre ou de les utiliser à des fins de recherche.
Un étonnement qui s’est transformé en conviction. La blockchain est la technologie idéale pour collecter les données médicales, les stocker de façon sécurisée et d’en permettre leur exploitation.
Car Prism souhaite se positionner bien en amont. La start-up va collecter de la data auprès de personnes en bonne santé, en mode préventif. A terme, cela permet de créer une « norme » qui permet de déclencher des alertes quand les courbes en sortent.
Anthony en est convaincu, la prévention permet d’entrer dans un cercle vertueux. La personne augmente les possibilités de guérisons à un stade précoce. Le corps médical intervient moins lourdement sur la pathologie. Ce qui engendre un coût moindre pour les assurances.
De cette conviction est née Prism Protocol, une plateforme de données médicales standardisées.
Restait à la mettre en musique. D’abord trouver une « blockchain » capable d’accueillir le projet. Très vite son choix se porte sur NULS, une technologie chinoise à l’architecture ouverte qui fonctionne un peu comme les logiciels libres. Chacun peut y ajouter une couche de services pour l’enrichir. L’objectif étant de composer un écosystème complet.
Une ICO en fin d’année
Convaincu par Anthony, NULS a d’ailleurs investi, aux côtés du fonds d’investissement technologique Icora.asia, près d’un million de dollars dans son projet.
Parallèlement Anthony commence son tour du monde pour séduire les futurs partenaires, assureurs, mutuelles, professionnels de la santé, fabricants d’appareils de mesure.
Car le cœur de son dispositif est de mettre à disposition des personnes intéressées, des outils de mesure et de prélèvement standardisés. Des minitesteurs, comme des spectromètres qui permettront d’envoyer en continu et en temps réels les données de façon totalement sécurisée.
Pour financer son projet, Anthony Munoz Cifuentes prépare une ICO, une levée de fonds en crypto-monnaies, de 35 millions de dollars, en fin d’année.
Il n’a donc pas fini d’arpenter les scènes des grands hôtels du monde entier.
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