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Buddy, Le Robot Compagnon Prêt À Illuminer Le Foyer

Mis sur orbite par la start-up Blue Frog Robotics,  le premier robot compagnon, répondant au doux prénom de « Buddy », devrait débarquer dans les foyers courant 2018.  Petit, mobile et « rassurant » – aux antipodes de certains robots dont l’aspect anthropomorphe peut rebuter, voire inquiéter -, ce nouveau « membre » de la famille prend le parti d’améliorer singulièrement l’ordinaire, notamment celui des personnes en perte d’autonomie.

Un sourire ravageur irradiant l’atmosphère, au milieu d’un visage en forme de tablette, suscitant l’empathie et l’envie de nouer la conversation. Une gageure pour un robot dans la mesure où le sentiment le plus communément répandu, de prime abord, est la méfiance.  Mais Buddy, d’un simple regard, transforme la défiance mutuelle en confiance réciproque.  Ce robot compagnon d’une soixantaine de centimètres monté sur roues – ce qui lui offre toute latitude pour se mouvoir dans toutes les pièces de la maison, nous y reviendrons – franchit donc avec une certaine maestria l’étape du « premier contact », celle qui va finalement décider de tout le reste. Le feeling est incontestablement là, dès le premier regard. « Je ne voulais pas  concevoir un robot trop anthropomorphe. Tout d’abord, du strict point de vue de la mobilité, un robot doté de jambes a plus de difficultés à se déplacer, et quand il ne tombe pas il est extrêmement lent. Sans évoquer les thématiques relatives à sa consommation d’énergie. De plus,  quel intérêt de le doter de bras, s’il ne peut rien faire avec ? ». Une analyse implacable de la part de « l’orfèvre » de Buddy, Rodolphe Hasserlvander, CEO et fondateur de Blue Frog Robotics. Passionné par la robotique depuis sa plus tendre enfance, l’entrepreneur, après plusieurs pérégrinations professionnelles notamment dans l’industrie automobile, a finalement renoué avec ses rêves de jeunesse en intégrant un laboratoire de robotique privé. « Nous y avons notamment développé les premières voitures autonomes, dix ans avant Google », souligne-t-il.

Rodolphe Hasselvander s’enhardit et l’idée de concevoir son propre robot fait du chemin et commence à germer dans son esprit.  Avant de prendre toute la place et devenir son sacerdoce. « En grandissant avec des films comme Star Wars, nous étions tous persuadés de pouvoir, un jour, disposer de notre R2D2 à domicile. Mais en 2017 ce n’est malheureusement toujours pas le cas ». Un constat empreint de lucidité auquel l’entrepreneur a décidé de remédier en mettant sur les rails le premier robot compagnon, Buddy. Ami ou « pote » en anglais. L’idée faisant son chemin, l’accélérateur va venir d’une rencontre avec une personnalité politique en 2014, en l’occurrence  la ministre déléguée aux personnes âgées et à l’autonomie, Michèle Delaunay. « Son directeur de cabinet est venu me voir dans mon laboratoire et m’a demandé de lui faire une présentation exhaustive sur la robotique d’assistance dans le monde. Dossier au sein duquel j’avais glissé le croquis en 3D d’un robot personnel pour les personnes en perte d’autonomie ». L’acte de naissance de Buddy, en quelque sorte.

« Votre robot est super ! »

Résolument conquise, la ministre rappelle Rodolphe Hasselvander, quelques temps plus tard, ne tarissant pas d’éloges sur le projet. « Votre robot est super ! Je veux le voir dans trois semaines », lui lance-t-elle sans davantage de cérémonie.  Des délais résolument courts mais l’entrepreneur et ses équipes vont s’échiner à présenter un prototype en dépit de ce timing extrêmement serré. A force d’abnégation et de travail, ledit prototype sort de terre « Bon, je ne vous cache pas que le robot était quand même un peu boiteux », sourit celui qui n’a pas encore posé les fondations de Blue Frog Robotics. Néanmoins, les contours esquissés, le futur « Buddy » convainc allègrement la ministre. Mais également Anne Lauvergeon, l’ex-patronne emblématique d’Areva, qui planche sur les concours mondiaux de l’innovation et qui enjoint fortement l’entrepreneur à candidater dans la catégorie Silver Economy. Bien lui en a pris, puisque ce robot va rafler la mise, et quelle mise ! 200 000 euros. De quoi porter sur les fonts baptismaux sa propre structure. Aidé par un « Business Angel » également, Blue Frog Robotics sort officiellement de terre et devient, de facto, la première demeure de Buddy.

Reprenant alors les contours esquissés en préambule, Rodolphe Hasselvander façonne ce robot compagnon selon trois sacro-saints principes. « Ma première ambition était de créer un véritable lien émotionnel. Je suis technophile mais je n’utilise jamais Siri pour parler à mon iPhone. Je trouve que cela manque de naturel », raconte celui qui, initialement, a suivi des études d’ingénieur en robotique.  Le postulat de départ est donc de créer cette empathie pour interagir avec cette interface pour que l’utilisateur ait envie d’aller lui parler le plus spontanément du monde. De nombreuses phases de tests couplées aux recueils de doléances d’utilisateurs potentiels vont également œuvrer à l’émergence de Buddy. L’occasion également de battre en brèche certains poncifs. « Les personnes âgées veulent vivre avec des robots mais faut qu’ils soient petits et rassurants car la crainte du robot qui va prendre le pouvoir existe encore. Un petit robot de 60 cm ne devrait pas inspirer cette peur. D’autant que le parallèle avec un animal de compagnie est également évident », développe le CEO de Blue Frog Robotics.

« Buddy, éteins la lumière ! »

Deuxième étage de la fusée « Buddy », le rendre accessible au plus grand nombre.  Mise à prix : 1 299 euros TTC pour un produit qui sera commercialisé courant 2018. « Nous avons maintes fois repoussé le lancement mais j’ai délibérément pris le parti de proposer le produit le plus abouti possible. Et je préfère prendre du retard que de délivrer un robot bancal », souligne l’entrepreneur. Une franchise louable avant d’égrener la troisième strate de Buddy : son côté évolutif. La technologie avançant à pas de géants, le robot n’a pas vocation à être engoncé dans un modèle sclérosé. Il doit ainsi être en mesure d’absorber de nombreuses applications. D’ailleurs que sera-t-il capable de faire au moment de sa sortie sur le marché ? Son « maître d’œuvre » apporte des éléments de réponse. « Buddy a la capacité de garder la maison en votre absence et peut également patrouiller dans toute la maison et alerter ses propriétaires en cas d’intrusion via une notification sur l’application MyBuddyApp. Une téléprésence qui peut également recréer un lien social avec les personnes âgées. Il peut détecter une chute mais également pratiquer la stimulation cognitive ».

Mais les enfants ne sont pas en reste,  Buddy disposant également dans son « arsenal » de nombreux jeux ludoéducatifs, comme le « totem » de notre enfance, le fameux 1,2,3 Soleil, le robot se retournant après avoir égrené la fameuse formule. Il proposera également des applications à visée éducative. En outre, Buddy pourra également être capable de « dupliquer » les us et coutumes de ses propriétaires. Ainsi, si vous avez l’habitude de baisser la température et de fermer les volets au moment du coucher, Buddy l’assimilera et lorsque vous lui souhaiterez bonne nuit, il demandera s’il doit, dès lors, s’acquitter de cette tâche. Il pourra également vous suivre en diffusant votre musique préférée et vous rappeler vos tâches et rendez-vous à venir.  Un véritable compagnon de vie, au point de devenir un incontournable dans le foyer ? Rodolphe Hasselvander n’a pas le moindre doute à ce sujet. « Dans dix ou quinze ans, nous aurons tous un robot chez nous », déclare-t-il avec aplomb. Après tout, au début des années 1980, l’ordinateur personnel n’était qu’un lointain mirage. La vie est un éternel recommencement. En mieux.

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